« L’arrivée de vaccin est une étape très importante dans notre combat collectif contre le virus. C’est une arme supplémentaire à notre disposition qui va nous permettre de mieux nous protéger », a déclaré Jean Castex ce 3 décembre 2020.
Une semaine après sa prise de parole destinée à détailler les annonces d’Emmanuel Macron sur l’organisation d’un déconfinement progressif du pays, le Premier ministre Jean Castex a tenu un nouveau point presse ce jeudi 3 décembre pour cette fois se concentrer sur le sujet de la vaccination contre le coronavirus.
À cette occasion, le chef de l’exécutif était accompagné de plusieurs ministres, incluant Olivier Véran, en charge des Solidarités et de la Santé, et Agnès Pannier-Runacher, chargée de l’Industrie, et Clément Beaune, en charge des Affaires européennes. Plusieurs experts du corps médical et de la recherche étaient aussi présents pour entrer dans des détails plus techniques, notamment scientifiques.
Des explications étaient attendues sur le choix des vaccins mobilisés dans l’Hexagone, et pour l’outre-mer, sur le calendrier de vaccination et sur la priorisation de la campagne vaccinale, selon les publics. Fin novembre, la Haute Autorité de Santé a remis ses recommandations, en présentant un plan en 5 phases, des plus vulnérables (comme les résidents en EHPAD) aux moins exposés.
La vaccination ne sera pas obligatoire. Le président de la République s’y est engagé le 24 novembre. La Haute Autorité de Santé est aussi opposée à toute contrainte dans ce domaine. Ce caractère facultatif est en partie dû au fait qu’il existe en France — pourtant le pays de Pasteur — une défiance significative à l’égard de la vaccination, qui est l’une des plus élevées dans le monde occidental.
Les principales mesures annoncées, en bref
- 200 millions de doses pour la France, pour vacciner en théorie 100 millions d’individus ;
- Les vaccins sont réservés aux personnes majeures ;
- Gratuité du vaccin pour éviter toute barrière économique ;
- La campagne vaccinale débutera en janvier, en priorisant les publics vulnérables et les soignant ;
- Les lieux de culte peuvent rouvrir en France, avec jauge limitée ;
- Noël en famille devra se faire en comité réduit.
Les lieux de culte
À compter de demain, vendredi 4 décembre 2020, les lieux de culte pourront accueillir du public en France, même pendant le confinement, a confirmé Jean Castex. Il faudra tout de même respecter des limitations au niveau des bancs :
- 1 personne sur 3 ;
- Un rang sur deux.
Noël à 6 personnes adultes
Le Premier ministre a donné quelques conseils concernant le nombre de personnes qui pourront se retrouver par famille : le conseil est de limiter les rassemblements à 6 personnes adultes, sans compter les enfants.
C’est une jauge « fortement conseillée », qui est toutefois assez sévère par rapport à des conseils d’autres pays voisins d’Europe, dont certains préconisent d’aller jusqu’à 10 personnes, par exemple
La situation sanitaire
Le Premier ministre a d’abord fait un point sur la situation sanitaire en France, en revenant sur le nombre de décès, de malades et de personnes guéries, ainsi que sur la tension dans les unités de réanimation. Ainsi, « la pression sur les hôpitaux s’allège progressivement », s’est félicité Jean Castex, qui observe une situation « qui s’améliore ». Mais, comme à son habitude, il a prévenu que tout cela « reste fragile ».
Aussi le plan de déconfinement ne bouge pas. « Nous devons rester mobilisés », a-t-il lancé, même si le nombre de cas positifs diminue de jour en jour. « Le confinement va encore durer deux semaines », jusqu’au 15 décembre, où doit avoir lieu la phase du plan du gouvernement allant vers le déconfinement. Du moins, « si la tendance actuelle se poursuit ». « Gardons en mémoire la réalité d’un risque de rebond de l’épidémie ».
En date du 3 décembre, aucun vaccin contre le coronavirus n’est autorisé en France. Jean Castex avait toutefois fait savoir le 2 décembre sur RMC qu’il s’attendait à ce que les premières autorisations soient accordées vers la « fin décembre ». À titre de comparaison, le Royaume-Uni a annoncé le même jour avoir autorisé le vaccin de Pfizer, qui se base sur la méthode de l’ARN messager.
L’apparition très récente de la maladie Covid-19 fait qu’il est très difficile de dire quel est le bon niveau de vaccination dans la population pour déclencher une immunité collective, qui permet de protéger les autres. Divers facteurs entrent en jeu, comme l’efficacité du vaccin, mais aussi sa persistance dans le temps, et la virulence du virus lui-même. Ce qui est sûr, c’est que plus la vaccination est large, mieux c’est.
La campagne de vaccination
Le 2 décembre, Jean Castex avait fait savoir que la France avait commandé de quoi « vacciner 100 millions de personnes », sans toutefois indiquer de quel(s) laboratoire(s) ils proviendraient. La conférence de presse a permis de préciser cette annonce. On sait donc que 200 millions de doses ont été commandées, ce qui permettrait de soigner 100 millions de personnes, en appliquant une double injection.
Mais le gouvernement a préféré voir large, même si la population nationale ne compte qu’un peu moins de 70 millions d’habitants et qu’une partie non négligeable ne voudra pas se faire vacciner. « C’est plus que nos besoins », a reconnu Jean Castex. Mais c’est une « marge de sécurité que nous prenons ». Il n’est pas impossible qu’il y ait un taux de perte, a souligné le Premier ministre.
Ce qui est sûr, c’est que le vaccin sera gratuit. L’effort financier sera en fait pris en compte dans le budget 2021 de l’État. Le Premier ministre annonce qu’il est de 1,5 milliard d’euros. Le Premier ministre fait observer que l’arrivée du vaccin survient « dans des délais rapides », car la campagne de vaccination va démarrer environ un an après l’apparition du virus, ce qui est tout à fait remarquable.
Mais le Premier ministre a insisté : ce n’est en aucun cas le signe d’une précipitation, mais bien la démonstration de l’« effort de recherche sans précédent sur des centaines de projets », même si bon nombre n’aboutiront pas. « La mobilisation exceptionnelle de tous les acteurs français et mondiaux » a d’ailleurs été saluée par le gouvernement, vu la vitesse et les conditions de l’effort collectif.
Au niveau européen, la stratégie entre les États membres a consisté à signer six grands contrats, à travers lesquels la France aura accès à 200 millions de doses vaccinales. Paris rappelle à ce propos qu’une task force européenne a été mise en place dès juin dernier pour acquérir les vaccins. Ceux-ci arriveront d’ailleurs simultanément dans chaque État, au prorata de la population. Pour la France, c’est 15 % du total.
Le Premier ministre a aussi détaillé la campagne de vaccination qui aura lieu en France dans les semaines et les mois à venir. Dans les faits, il reprend dans les grandes lignes préconisations de la Haute Autorité de Santé, qui a conçu un plan en cinq étapes, en se se focalisant d’abord sur les personnes très vulnérables et les membres du corps médical, avant de s’élargir aux autres individus.
L’exécutif a rappelé que La décision ou non d’autoriser un vaccin ne relève pas de son autorité, mais appartient aux autorités scientifiques indépendantes. « Quelle est la responsabilité de l’État ? Que tout vaccin mis sur le marché ait bien reçu toutes les autorisations nécessaires pour assurer la sécurité sanitaire de tous les Français, que tous les vaccins autorisés arrivent rapidement », a expliqué Jean Castex.
« Si un vaccin est autorisé, c’est au terme d’une procédure rigoureuse conduite par des autorités sanitaires indépendantes », ont ajouté les membres du gouvernement, afin que soit assurée au maximum la sécurité sanitaire du remède. Par ailleurs, « les personnes vaccinées seront suivies dans le cadre d’un dispositif renforcé de pharmaco-vigilance ». Le rôle de l’État se situe à quatre niveaux :
- Que chaque vaccin ait reçu toutes les autorisations nécessaires ;
- Garantir que les vaccins arrivent rapidement dans une logistique efficace ;
- Que l’ensemble des professionnels de santé soient mobilisés ;
- Que les publics prioritaires puissent accéder aux vaccins dans des conditions de transparence.
Par ailleurs, il a été souligné que la France ne paiera que ce qui sera effectivement livré. Quant aux vaccins, une partie de la production sera assurée en France.
Le calendrier de la stratégie vaccinale
Le calendrier de la stratégie vaccinale débutera avant le 29 décembre 2020, date à laquelle l’Agence européenne du médicament se prononcera sur l’autorisation de mise sur le marché des deux premiers vaccins conçus par Pfizer et Moderna. Ensuite, ce sera au tour de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé de donner son avis. Ces étapes sont indispensables.
« Le début de la vaccination est désormais une question de semaines », a donc assuré le Premier ministre, même s’il a précisé que le pays se prépare « depuis plusieurs mois ». Le principe général est de cibler la vaccination d’abord sur les personnes les plus exposées au virus, c’est-à-dire les personnes pour qui il est le plus dangereux. « Tout le monde ne pourra pas se faire vacciner immédiatement », a prévenu Jean Castex.
Dans les faits, il y a trois grandes phases qui sont prévues :
- Phase 1 : cela concerne 1 million de personnes, dans les maisons de retraite, les EHPAD et dans les hôpitaux. Les personnels soignants sont aussi inclus. Cette phase s’étalera sur janvier et février 2021.
- Phase 2 : la stratégie est élargie à 14 millions d’individus qui présentent un facteur de risque (âge, pathologie), ainsi que des soignants supplémentaires. La phase débutera en février 2021 et continuera tout au long du printemps.
- Phase 3 : la vaccination sera alors progressivement ouverte à davantage de personnes, à partir du printemps.
Trois critères ont été retenus pour les candidats vaccins, a précisé la ministre. Ce sont :
- Les plus prometteurs scientifiquement ;
- Les laboratoires les plus avancés dans leur étude clinique ;
- Les laboratoires prêts à se soumettre à la procédure de mise sur le marché en transparence avec les autorités européennes.
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