Il serait simple d’avoir une vision manichéenne de la politique économique chinoise, dans laquelle le gouvernement travaillerait main dans la main avec ses grands groupes industriels sans la moindre remise en question — pourvu que cela bénéficie à la Chine. Et des affaires comme celle impliquant le groupe Alibaba dans la surveillance automatisée des Ouïghours tendent à renforcer cette idée. Mais dans les faits, les choses ne sont pas aussi simples : ce jeudi 24 décembre, l’Administration d’État pour la Régulation du Marché (abrégée SAMR dans sa version officielle en anglais), a lancé une enquête sur Alibaba pour des pratiques jugées anticoncurrentielles.
Alibaba a les mêmes défauts qu’Amazon
Celui que l’on nomme parfois « Amazon chinois » autant pour son activité principale (le commerce en ligne, notamment avec AliExpress) que pour sa puissance commerciale est aussi suspecté fin 2020 de s’adonner à des pratiques que l’on reproche à l’entreprise de Jeff Bezos. Plus spécifiquement, la SAMR a indiqué qu’elle lançait une enquête sur une pratique interdite d’exclusivité qui serait imposée par Alibaba à ses partenaires.
Il est reproché à Alibaba de créer des contrats où un vendeur n’aurait pas la possibilité de proposer ses services ou ses produits en dehors du réseau Alibaba. C’est comme si, en signant pour faire apparaître ses produits sur Amazon, une entreprise française n’avait plus le droit de les vendre à la Fnac ou chez Darty. L’entreprise fondée par Jack Ma est en plus bien plus présente dans la vie des citoyens chinois que ne l’est Amazon dans n’importe quelle partie du monde — avec sa rivale Tencent, elle forme une sorte de duopole qui possède des centaines de millions d’utilisateurs, proposant des services allant du commerce à la téléphonie en passant par les déplacements ou le jeu vidéo et la banque.
La filiale bancaire d’Alibaba (ex Alipay, devenue Ant Group) est d’ailleurs dans le collimateur de l’État chinois. Il est suspecté que les déclarations de Jack Ma contre le système bancaire et d’assurance chinois, contrôlé par le parti et qui d’après lui a une mentalité de « prêteur sur gages », ne sont pas étrangères à l’attention que porte le gouvernement aux activités du consortium, comme le rappelle la BBC.
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