Julian Assange restera incarcéré au Royaume-Uni. La justice britannique a refusé de libérer le fondateur de Wikileaks, dont la défense demandait sa libération sous caution. Le verdict du tribunal a été rendu le 6 janvier, deux jours après une première décision beaucoup plus favorable à l’Australien, puisque la cour a refusé de l’extrader vers les États-Unis en raison de son état de santé très dégradée.
Selon la magistrate anglaise, qui a rendu les deux verdicts, « je suis convaincue qu’il y a des raisons substantielles de croire que si M. Assange est libéré aujourd’hui, il ne se rendra pas au tribunal pour faire face à la procédure d’appel », selon des propos qui ont été rapportés par Reuters. En effet, les ennuis judiciaires de Julian Assange ne sont pas tout à fait éteints. Les USA ont la possibilité de faire appel du premier jugement.
Et c’est justement ce que Washington a fait. « Bien que nous soyons extrêmement déçus par la décision finale de la cour, […] Nous continuerons à demander l’extradition de M. Assange vers les États-Unis », a déclaré un porte-parole du ministère de la justice le 4 janvier. Celui-ci s’était satisfait également de voir que le tribunal « a rejeté tous les arguments de Julian Assange. »
La méfiance de la juge à l’égard du comportement hypothétique de Julian Assange s’il était libéré sous caution en attendant la procédure d’appel est visiblement nourrie par le fait que le fondateur de Wikileaks s’était dérobé à la justice en 2012 lorsqu’il s’était réfugié dans l’ambassade équatorienne à Londres — à ce moment-là, les autorités anglaises tenaient à l’appréhender du fait d’un mandat d’arrêt suédois.
Ici, ce ne sont pas les activités de Wikileaks qui étaient en cause, mais une affaire de délit sexuelle à l’encontre de deux femmes. Stockholm voulait l’extrader pour qu’il réponde sur ces accusations, mais l’intéressé n’a cessé de dire qu’il s’agissait d’un coup monté pour préparer ensuite sa seconde extradition, cette fois en direction des États-Unis, où il risque beaucoup plus gros du fait des révélations de Wikileaks.
https://twitter.com/antoinevey/status/1346784487712153600
Emprisonné depuis 2019
L’action en justice suédoise s’est finalement éteinte fin 2019, Stockholm ayant indiqué que « tous les actes d’enquête ont été épuisés sans apporter les preuves requises pour une condamnation ». Julian Assange, lui, est resté dans l’ambassade pendant sept ans dans une pièce exiguë, sans avoir la possibilité de quitter son enceinte, la police anglaise faisant alors le pied de grue dans l’espoir de l’attraper.
C’est ce long isolement forcé dans l’ambassade qui a conduit à sa dégradation de santé. En 2019 toutefois, à la faveur d’un changement de président en 2017, l’Équateur n’a plus voulu accueillir son hôte dans sa représentation diplomatique. Le pays a donc autorisé la police à entrer dans l’ambassade pour interpeller Julian Assange. Depuis lors, il est incarcéré dans une prison de haute sécurité, à Belmarsh.
À court terme, l’avenir judiciaire de Julian Assange ne connaîtra pas d’amélioration. Outre son incarcération qui va se maintenir pendant les semaines et les mois qui sépareront le fondateur de Wikileaks à la procédure d’appel, il y a aussi tous les autres leviers juridiques que Washington essaiera sans doute d’activer pour ne pas relâcher la pression sur l’intéressé — y compris pour empêcher toute libération avant l’heure.
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