« La situation sanitaire n’est pas revenue à la normale, elle est même devenue plus fragile. » Jean Castex et Olivier Véran ont détaillé, le jeudi 7 janvier 2021 à 18h, les premières annonces de l’année relatives à la situation sanitaire et à la pandémie de coronavirus. Près d’un mois après sa dernière allocution, le Premier ministre a pris la parole pour aborder de nombreux sujets, notamment le programme de vaccination de la population française.
La pandémie est « un moment très difficile de notre histoire, dont j’ai une conscience aiguë. Des situations parfois dramatiques. 2021 sera l’année de l’espérance, notamment grâce à la campagne de vaccination », a entamé Jean Castex. Le Premier ministre a indiqué que le niveau des contaminations en France avait tendance à progresser depuis la moitié du mois de décembre. Jean Castex a annoncé que la France était « un peu au-dessus des 15 000 cas quotidiens, soit plus que les 5 000 cas par jour fixés ». Il a ajouté que « c’est beaucoup moins que les 50 000 cas par jours enregistrés fin octobre, la circulation du virus reste moins active chez nous que chez nos voisins européens ».
Le dernier bilan de la Covid-19 dans le pays a été publié le mercredi 6 janvier (14h) par Santé Publique France : le nombre de nouveaux cas reste important, avec plus de 25 000 cas confirmés comptabilisés depuis la veille.
Jean Castex a précisé que, par jour, on dénombrait 2 500 nouvelles hospitalisations, ainsi que 200 admissions en réanimation. En tout, 2 600 malades ont été admis en réanimation.
Les relations entre la France et le Royaume-Uni
La fermeture des frontières avec le Royaume-Uni est prolongée, a annoncé Jean Castex, sauf pour « certaines catégories de personnes » qui doivent présenter un test négatif pour rentrer en France.
Que sait-on des variantes du coronavirus ?
Olivier Véran a précisé ce que l’on sait des variantes du coronavirus. La variante qui a émergé en Afrique du Sud a été repérée chez trois patients en France.
Quant à la variante identifiée au Royaume-Uni, voici ce qu’on en sait, a indiqué le ministre :
- Elle est considérée comme 40 à 70 % plus contagieuse,
- Elle est devenue la variante majoritaire désormais au Royaume-Uni.
- Elle est responsable d’une aggravation de l’épidémie au Royaume-Uni,
- Les symptômes seraient les mêmes sans provoquer plus de cas graves (mais la variante est plus contagieuse),
- La variante serait plus contagieuse chez les enfants, mais pas plus grave.
Par conséquent, « nous devons être prêts à renforcer les mesures dès l’instant où ça s’avèrerait nécessaire », a fait savoir Jean Castex. Par conséquent, les établissements actuellement fermés le resteront.
Le programme de vaccination
Évidemment, la conférence a été en partie consacrée aux vaccins contre la Covid-19. « Nous devons gagner du temps et aller plus vite », a déclaré Jean Castex. La France est en effet remarquée pour la lenteur du programme de vaccination, par comparaison avec ses pays voisins, qui peut faire craindre un rebond de l’épidémie. Le 5 janvier, le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran a annoncé une accélération de la campagne de vaccination, avec de nouveaux centres de vaccination et davantage d’hôpitaux dotés de vaccins.
On s’attendait donc à ce que la conférence de presse de ce jeudi soit l’occasion de préciser les conditions de cette accélération. D’autant plus que le ministre des Solidarités et de la Santé avait annoncé le 5 janvier qu’une inscription devrait être prochainement possible pour les personnes souhaitant se faire vacciner. La temporalité de la mesure, ainsi que les modalités d’inscription, restait à détailler.
Jean Castex a énuméré plusieurs principes qui doivent encadrer le programme de vaccination en France.
- Premier principe : tout d’abord, « tous ceux qui le souhaitent peuvent avoir accès au vaccin ».
- Deuxième principe : ensuite, le Premier ministre a expliqué que La France a précommandé près de 200 millions de vaccins qui « seront livrés tout au long de l’année 2021 ». Au « vu de la saturation actuelle du marché », Jean Castex assure que passer par l’Union européenne était la meilleure solution. Depuis quelques jours, l’Union est en effet critiquée pour sa lenteur.
- Troisième principe : l’objectif est de vacciner en priorité les 15 millions de personnes âgées et souffrant de pathologies chroniques. « Les vaccins empêchent surtout de développer une forme grave de la maladie », a souligné Jean Castex. « Si nous parvenons à vacciner ces 15 millions de personnes, nous les aurons protégées et nous aurons protégé nos hôpitaux. »
Concernant la stratégie de vaccination, Jean Castex a décrit les modalités de l’accélération :
- Les professionnels de santé de plus de 50 ans peuvent se faire vacciner depuis lundi,
- Les personnes de plus de 75 ans pourront se faire vacciner à partir de lundi 18 janvier, dans des centres de vaccination. Le gouvernement vise 600 centres d’ici la fin du mois.
- Surtout, les démarches seront simplifiées, avec un allègement des processus pour les personnes moins vulnérables.
Olivier Véran a pris la parole pour donner davantage de détails, rappelant que « le vaccin est sûr » et que « les effets secondaires indésirables sont extrêmement rares (environ 1 patient pour 100 000 vaccinés, souvent allergiques) ». Le 6 janvier, 12 500 personnes ont été vaccinées, a-t-il indiqué. Le 7 janvier, « 25 000 au moins », a énuméré Olivier Véran, qui prévoie une « montée en puissance » jusqu’à atteindre plusieurs dizaines de milliers de vaccinés par jour.
« C’est bien, c’est mieux, mais nous souhaitons aller plus loin, plus fort et plus vite », a commenté Olivier Véran. Les autorités de santé ont validé le fait de différer le rappel vaccinal de 6 semaines au lieu de 3. Il a rappelé que le vaccin de Moderna avait été autorisé.
À partir de la semaine prochaine, les personnes de plus de 75 ans pourront prendre rendez-vous pour se faire vacciner. Ces vaccinations pourront avoir lieu à partir du 18 janvier.
Des explications sur la vaccination « lente »
D’ici fin janvier, les quantités reçues devraient permettre de « vacciner au moins un million de personnes, a mentionné Jean Castex. Ce rythme est celui des capacités industrielles qui sont aujourd’hui en forte tension. »
La vaccination en Ehpad « ne permet pas de faire du chiffre » mais est « indispensable », a assuré Jean Castex. « Ce choix des Ehpad explique très largement le démarrage progressif des premiers jours. Chacun peut entendre qu’on ne recueille pas le consentement d’une personne de 90 ans atteinte de la maladie d’Alzheimer comme une personne de 20 ans », a poursuivi le Premier ministre.
Le couvre-feu
Le couvre-feu à partir de 20h dans toute la France est maintenu jusqu’au 20 janvier. À l’heure où l’Angleterre et l’Écosse ont pris la décision de rétablir un confinement strict et similaire à celui du printemps 2020, le thème du couvre-feu avancé dans certains lieux était également attendu. Pour rappel, le 2 janvier dernier, le couvre-feu a été avancé à 18h (au lieu de 20h) dans 15 départements de l’Est :
- Hautes-Alpes,
- Alpes-Maritimes,
- Ardennes,
- Doubs,
- Jura,
- Marne,
- Haute-Marne,
- Meurthe-et-Moselle,
- Meuse,
- Haute-Saône,
- Vosges,
- Territoire de Belfort,
- Moselle,
- Nièvre,
- Saône-et-Loire.
Cette mesure « s’appliquera au moins 15 jours » encore, a mentionné Jean Castex.
10 départements supplémentaires ont été identifiés, mais n’ont pas été précisés lors de l’allocution : des « concertations avec les élus » sont prévues, a simplement mentionné Jean Castex. Une décision doit être prise demain soir, pour une entrée en vigueur le dimanche 10 janvier.
Les tests de dépistage
Jean Castex a souligné que l’on compte désormais plus de 12 000 points de tests en France. « La France est fière de faire plein de tests », a-t-il déclaré.
Les arrêts de travail
Le Premier ministre a mentionné qu’à partir du 10 janvier, « dès que vous êtes cas contact vous pourrez avoir un arrêt de travail en vous connectant sur le site de l’assurance maladie ». À partir du 20 janvier, « une visite à domicile par un infirmier pour chaque personne positive » sera prévue.
Les stations de ski
La question de l’ouverture des stations de ski était également en suspens. La date du 7 janvier avait initialement été évoquée, mais les professionnels du secteur craignent de voir la saison compromise par la fermeture prolongée des stations.
Les remontées mécaniques des stations de ski ne pourront pas rouvrir, a mentionné Jean Castex au cours de cette allocution. « Je sais combien ils ont besoin de visibilité pour savoir s’ils pourront rouvrir pendant les vacances de février. C’est un objectif que nous pouvons nous fixer, mais il serait prématuré de prendre une décision », a souligné Jean Castex, renvoyant au point de 20 janvier pour une réévaluation.
Les écoles
Alors que le gouvernement britannique a choisi de fermer les écoles primaires de Londres, la situation ne change pas en France : la question de la fermeture des écoles n’y semble pas d’actualité, car elle est à « envisager en dernier recours » selon Jean Castex.
« Nous suivons tous les jours la situation des clusters dans les écoles, collèges et lycées », a assuré Jean Castex. Le Premier ministre estime que la rentré a eu lieu « de manière tout à fait satisfaisante ».
La culture, le sport et les restaurants
Dans sa conférence du 10 décembre, Jean Castex avait fixé la date pour 7 janvier pour une possible réouverture des lieux de culture, comme les théâtres, les cinémas et les musées, clos depuis le 30 octobre afin d’enrayer la deuxième vague de l’épidémie. Cependant, Gabriel Attal a confirmé le 1er janvier que la réouverture ne pouvait pas avoir lieu à cette date, car « le virus circule encore très fortement dans notre pays ».
Les espaces culturels, les salles de sport ne « connaîtront aucun assouplissement dans les prochaines semaines », a précisé Jean Castex. Les conditions de réouverture seront réévaluées en février.
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