L’été dernier, l’administration Trump s’était lancée dans une croisade contre TikTok et WeChat, deux applications mobiles suspectées de faire le jeu de la Chine. Mais après divers rebondissements, l’issue espérée à la Maison-Blanche ne s’est jamais produite. Début décembre, alors qu’expirait un ultimatum, rien ne s’est passé. Cela étant, malgré son infortune, Washington s’accroche toujours.
La malchance de l’administration Trump à obtenir l’exclusion de TikTok et WeChat sans que la justice américaine n’y puisse rien ne semble de toute évidence pas avoir entamé sa détermination à s’attaquer à l’écosystème logiciel chinois — ou à mettre des bâtons dans les roues de la prochaine administration, qui doit officiellement prendre ses fonctions à compter du 20 janvier 2021.
En effet, la Maison-Blanche a rendu public le 5 janvier un décret présidentiel annonçant des sanctions contre huit applications chinoises dans 45 jours. Mais à cette date, ce n’est plus Donald Trump qui sera aux manettes, mais son successeur Joe Biden — et cela, même si le président sortant refuse d’admettre sa défaite aux élections. Autrement dit, rien ne dit alors que le décret ne sera pas révoqué.
Les huit applications mises en cause sont les suivantes : Alipay, CamScanner, QQ Wallet, SHAREit, Tencent QQ, VMate, WeChat Pay et WPS Office. Essentiellement, ce sont les mêmes reproches formulés contre TikTok et WeChat que l’on retrouve dans ce décret : elles seraient une menace pour la sécurité nationale. L’ordre présidentiel exige que cesse toute transaction impliquant des Américains.
Ultimes actes de la présidence Trump
Alors qu’il ne reste plus quelques jours avant la fin du mandat de Donald Trump, il faut s’attendre à des surprises dans les derniers actes de sa présidence — à l’image d’une loi très décriée sur l’environnement, adoptée ces jours-ci. Il est toutefois attendu que Joe Biden détricote certaines décisions prises par son prédécesseur, à l’image de Accord de Paris sur le climat, que les USA vont réintégrer.
Sur la question de la Chine cependant, il existe une convergence de vues sur le danger systémique que représente cette superpuissance en devenir. Sur un certain nombre de dossiers, comme celui des processeurs, l’administration Biden ne devrait pas se montrer forcément beaucoup plus tendre que l’administration Trump. Y compris sur les tensions économiques et commerciales en cours entre les deux États.
En attendant de savoir si les applications mises en cause par l’administration Trump verront leurs transactions avec les États-Unis être effectivement bloquées, il convient de noter que c’est, ironie de l’histoire, les activités en ligne de Donald Trump qui viennent d’être provisoirement suspendues — pour des raisons complètement différentes, puisque ces sanctions font suite à l’état d’insurrection à Washington.
En effet, Facebook, Instagram et Twitter ont neutralisé pour plusieurs heures sa possibilité de s’exprimer sur leur plateforme. « Nous avons évalué deux violations de la politique à l’égard de la page du président Trump qui entraîneront un blocage de 24 heures, ce qui signifie qu’il perdra la possibilité de poster sur la plateforme pendant cette période », a par exemple fait savoir Facebook.
Twitter, qui par ailleurs a pour la première fois supprimé des tweets de Donald Trump, a pris une sanction plus courte, de 12 heures. Cependant, le site a prévenu que le verrouillage serait prolongé indéfiniment tant qu’un certain nombre d’autres tweets litigieux ne sont pas retirés. Pour des observateurs, cela marque un tournant dans la prise de responsabilités des grandes plateformes.
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