Deliveroo enchaîne les déconvenues. Le 31 mars, pour son introduction à la bourse de Londres, le cours de l’entreprise de livraison de repas à des particuliers était en dessous de sa valeur d’introduction. Au 3 avril 2021, l’action n’est pas remontée et l’opération qui était présentée comme le plan séduction de la tech du Royaume-Uni post-Brexit vire à la catastrophe.
Le poisson d’avril de trop
En France, début avril, c’est sur un autre terrain que la startup anglaise s’est vautrée. En cause : un des innombrables poissons d’avril, tous plus idiots les uns que les autres et dont le web n’a vraiment plus besoin en 2021. À 18h10, le 1er avril, nous recevions comme beaucoup d’inscrits français un courriel indiquant qu’une commande était passée : 38 pizzas aux anchois, 50 sauces piquantes, 466 €. Le mail ressemble en tous points à celui d’une commande classique. À 20h15, Deliveroo envoyait un autre courriel intitulé « Ce n’était qu’une farce », rappelant à ses utilisateurs l’existence de cette journée maudite.
Mais entre temps, la blague n’a pas pris. Bien au contraire. Sur les réseaux sociaux, on lit des témoignages de clients paniqués : est-ce une mauvaise manipulation ? Est-ce un vol de carte bleue ? Rien ne va dans cette opération marketing : elle n’a pas envisagé que, pour bien des Françaises et des Français, cette somme n’était pas anodine. Faire croire à des citoyennes et des citoyens qu’ils ont perdu 500 € et qui, peut-être, ont perdu énormément à cause des restrictions liés au coronavirus est au mieux un manque de clairvoyance. Au pire, une grave incapacité à l’empathie.
Le 2 avril à 17h02, le siège français de l’entreprise reconnaît son erreur. Dans un mail adressé à ses clients, que Numerama a reçu, les formulations oscillent entre l’excuse et les mots pour rassurer : « Nous devons l’admettre, il s’agissait d’un poisson d’avril raté. Contrairement à notre intention, ce mail a pu vous induire en erreur et vous causer un stress inutile. Nous en sommes profondément navrés. D’autant que la sécurité de vos données est une priorité absolue, et qu’en aucun cas nous n’aurions dû vous conduire à penser, ne serait-ce que furtivement, que vos données avaient pu être compromises », peut-on lire.
Mais le mal est fait. Dans un pays qui n’a pas un amour fou pour la startup reine de l’ubérisation, régulièrement au cœur de scandales sur les conditions de travail des entrepreneurs qu’elle met en relation avec les restaurants et les clients, c’est la blague de trop. Sur les réseaux sociaux toujours, les appels au boycott fleurissent.
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