Avant Baby Yoda, les moufles de Bernie Sanders et Stonks, il y a eu Bad Luck Brian, Disaster Girl, ou encore David After Dentist. Ces mèmes du début des années 2010, les premiers à connaître la viralité et à échapper à leurs créateurs, ont peu à peu laissé la place à d’autres, au fils des années. Jusqu’à ce que les NFT arrivent, et que ces visages connus de tous soient mis en vente.
La première à avoir sauté le pas est Laina Morris, plus connue sous le nom de Overly Attached Girlfriend (l’équivalent de « petite amie trop attachée » en français), raconte Wired. Son visage, les yeux grands ouverts, et son léger sourire effrayant ont été vendus aux enchères pour 200 ETH, plus de 400 000 euros, soit légèrement plus que le NFT de Numerama. Et depuis, ils sont nombreux à avoir suivi son exemple.
Les NFT, pour non fungible tokens (jetons non échangeables, en français), chamboulent le marché de l’art depuis le début de l’année. Ces jetons sont basés sur la technologie de la blockchain, ce qui permet de tracer et de graver dans le marbre toutes les opérations qui y sont inscrites. Concrètement, les NFT permettent de redéfinir la notion de propriété sur Internet, ou tout fichier est téléchargeable et duplicable en quelques clics.
Faire un NFT d’un dessin ou d’une photo, c’est en faire la pièce originale, de sorte qu’elle se distingue des copies. Et comme toute œuvre unique a de la valeur, de nombreuses plateformes se sont créées depuis le début de l’année afin de mettre en vente ces NFT. En mars, la vente d’un collage de l’artiste Beeple 69 millions de dollars a poussé bon nombre d’artistes à se mettre eux-mêmes aux NFT.
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Que sont les NFT, et pourquoi acheter un tweet 2,5 millions de dollars ?« Une nostalgie » de l’internet des années 2010
Depuis la vente d’Overly Attached Girlfriend, certaines des personnes devenues immensément célèbres sur Internet, contre leur gré, ont suivi son exemple. Wired rapporte l’exemple de Bad Luck Brian, vendu pour plus de 40 400 euros; Scumbag Steve pour plus de 61 000 euros. Quant à Disaster Girl, Clarinet Boy et David After Dentist, leurs NFT devraient bientôt être mis en vente à leur tour, selon Wired.
Pour Harry Jones, l’acheteur de Bad Luck Brian interrogé par Wired, ce n’est pas un hasard si ces mèmes, en rétrospective pas toujours très drôles, s’arrachent à prix d’or. Il parle d’une « nostalgie » pour l’époque, où Internet était « plus innocent ». « C’était tout nouveau, et je crois que les gens veulent s’offrir une part de cette époque », explique-t-il.
Mais leur vente illustre surtout que les NFT permettent de retrouver un sens de propriété aux personnes dont les visages sont devenus des mèmes sans le vouloir. Mettre enfin un certificat d’authenticité sur ces photos, c’est retrouver une certaine maîtrise de son image. Pour Kyle Craven, plus connu sous le nom de Bad Luck Brian, la photo est devenue « une source de revenus ». Zoe Roth, la personne derrière Disaster Girl, espère pouvoir financer ses études en vendant officiellement le mème.
Si on peut légitimement se demander si payer pour la photo d’un inconnu vaut vraiment la peine de débourser autant d’argent, leur achat pour plusieurs milliers de dollars montre que les mèmes sont, pour de bon, inscrits dans la culture populaire. Les mèmes français ne semblent pas encore concernés : Numerama n’a pas réussi à trouver la moindre photo sur les sites de vente de NFT. Si vous vouliez à tout prix acheter le fameux « AH ! » de Denis Brogniart, ce n’est malheureusement pas pour tout de suite.
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