« Créer un appareil photo qui fonctionne pour tout le monde » sur le papier la mission que s’est donné Google lors de la Keynote d’ouverture de la Google I/O est simple. En pratique, c’est beaucoup plus compliqué.
La Shirley card, standard bancal
Depuis des décennies maintenant, nos appareils photo ont en effet été pensés pour capturer les meilleures photos possibles… pour les personnes à la peau claire. Dans les années 50, la Shirley Card inventée par Kodak sert de méthode de calibration pour les appareils photo en tout genre. Le but était de se reposer sur ce modèle pour reproduire les couleurs le plus fidèlement possible et produire un rendu proche de la réalité. Si la lumière et les couleurs se rapprochaient de ceux de cette fameuse carte, alors la photo était considérée comme « réussie ». Seul petit problème, la fameuse Shirley Page qui ornait ce premier mètre étalon de la photo était une femme blanche au cheveu relativement raide. Les modèles qui ont suivi également.
Résultat, les peaux claires étaient considérées comme le standard « idéal » de la photographie et les produits chimiques pour développer les photos exacerbaient ce trait, au grand dam de toutes les personnes qui ne collaient pas aux modèles. Photo surexposée pour forcer la blancheur de peau, mal éclairée à cause d’une exposition mal gérée, les problèmes étaient légion pour celles et ceux qui ne ressemblaient pas à Shirley Page. Et malgré les efforts de l’industrie, ce biais s’est perpétué jusque dans nos appareils photo numériques et nos smartphones.
Corriger un biais raciste
C’est contre cette discrimination technique que Google a annoncé vouloir lutter. La qualité photo sur smartphone est aujourd’hui largement dépendante du traitement logiciel opéré. Contraste, luminosité, balance des blancs, tout un tas de paramètres passent à la moulinette logicielle avant même que votre photo ne s’affiche sur votre écran. Et pour correctement refléter la réalité, ce traitement logiciel a besoin de voir toute la réalité, pas seulement celle des personnes blanche de peau. En enrichissant sa base de données photos avec des modèles plus représentatifs de la diversité de notre société, Google espère donc améliorer la photo sur Android.
L’entreprise promet des améliorations du côté de la balance des blancs ou de l’exposition, pour mieux capturer les tons de peaux plus foncés par exemple. Et comme une image vaut 1000 mots, il suffit d’observer cet avant après montré par Google pour voir la différence énorme que quelques ajustements techniques peuvent produire.
« Nous apportons des modifications à notre algorithme de calcul des photographies pour résoudre certains problèmes de longue date », a expliqué Sameer Samat, vice-président en charge d’Android chez Google. Et cela ne concerne pas que les personnes noir, en intégrant une diversité aussi large que possible dans sa base de données Google espère créer une ribambelle de Shirley Card 2.0, plus représentatives de la société.
Explorer ses photos de manière apaisée
Toujours sur le front de la photo, mais dans un autre genre, Google a aussi revisité son mécanisme de « souvenirs » dans Google Photos qui fait réapparaître de vieux clichés plusieurs années après. « La communauté transgenre nous a fait savoir que le fait de refaire apparaître certaines photos était douloureux. Nous avons donc travaillé avec nos partenaires de la GLAAD et écouté les commentaires afin de rendre les souvenirs plus inclusifs » explique Google. Pour ne pas rabâcher un passé potentiellement douloureux, Google permettra donc bientôt de cacher certaines personnes ou certaines périodes de la fonction « souvenirs ».
En modifiant la façon dont on capture nos photos et la façon dont on se replonge dedans, Google espère créer un environnement numérique plus inclusif. L’entreprise semble avoir appris depuis le moment où elle a malencontreusement labellisé une personne noire comme un « gorille » il y a quelques années.
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