« Ce site antisémite est profondément scandaleux et nauséabond. Je signale ces faits, susceptibles de recevoir une qualification pénale, au procureur pour que des poursuites soient engagées contre ses auteurs et le faire fermer au plus vite ». Voici le message publié sur Twitter par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin dans l’après-midi du 10 août.
Pour accompagner son propos, l’homme d’État donne le lien du site en question, et l’expose ainsi à ses plus de 265 000 abonnés. Pourtant, le site antisémite était passé relativement inaperçu — du moins sur Twitter — à l’exception d’un tweet publié à 9h le même jour.
Une utilisatrice, suivie par 1 700 abonnés, relayait l’adresse pour la dénoncer : « Ok on m’a envoyé un truc carrément flippant. Un site qui cartographie tous les juifs en position de pouvoir en politique, culture, économie, etc. Bande de tarés. » À 17h30, son message était partagé 400 fois, un total relativement faible à l’échelle de la plateforme. D’ailleurs, la publication de Darmanin, mise en ligne bien plus tard, dépassait déjà ce nombre. Avec son tweet, le ministre a donné une caisse de résonance sans pareil à un site qui aurait pu rester dans l’ombre. Heureusement, la grande majorité des réactions s’indignent du contenu du site, mais le mal est fait : le site a grandement gagné en visibilité.
Sur ses pages, très rudimentaires, on retrouve une cartographie de personnalités juives, avec leur biographie (ou un lien vers Wikipédia) ; des liens vers des banques d’images de personnalités, hébergées sur un outil russe ; ou encore, des liens vers les trois plateformes sur lesquelles l’auteur du site relaie ses messages : le « Facebook russe » VKontakte, le réseau complotiste Gab, et une chaîne Telegram. Sans rentrer plus en détail, le caractère antisémite et complotiste du site est évident.
Comment signaler un site haineux ?
Comme le rappelle l’officier de gendarmerie Matthieu Audibert, si vous êtes confrontés à des contenus haineux ou discriminatoires, comme ce genre de site antisémite, il est préférable de ne pas amplifier sa portée.
Partager l’adresse du site revient à augmenter sa visibilité (auprès de tous) et sa popularité (auprès des antisémites). De plus, le message violent mis en avant sur ces pages peut heurter une partie des utilisateurs et utilisatrices du réseau social, à commencer par les principaux visés.
Plutôt que de parler du site, il convient de le signaler sur Pharos, un dispositif du ministère de l’Intérieur, dont les moyens ont été renforcés l’an dernier. Il suffit de remplir un petit questionnaire, puis de donner des informations de contact, afin que les policiers ou gendarmes chargés du signalement puissent éventuellement vous contacter.
Dans le cas du site antisémite, il était indiqué lors du signalement effectué par Numerama que : « le contenu que vous avez mentionné nous a été récemment signalé à de très nombreuses reprises. Il n’est donc pas nécessaire de poursuivre votre signalement. »
Quand est-ce que le site sera retiré ?
Il est aussi possible de remplir des formulaires de signalement auprès du registrar (l’organisme qui donne le nom de domaine) et de l’hébergeur du site (l’organisme qui prend en charge son contenu sur des serveurs). L’implication des forces de l’ordre permet d’accélérer ce processus.
Pour que le site tombe, il faut qu’un de ces deux organismes agisse et rompe son contrat. Ce genre de procédure est très régulière, notamment pour les sites de phishing, destinés à arnaquer les internautes.
Mais elle peut s’avérer longue : certains registrar et hébergeurs se montrent plus rapides que d’autres, et obéissent à différentes législations.
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