Depuis quelques mois, ils sont partout. Dans le métro, sur les réseaux sociaux, ou sur les abris de bus, leurs affiches publicitaires s’affichent en grand, partout, avec toujours la même promesse : des courses livrées en 10 minutes, ou moins. L’une d’entre elles et même devenue l’un des sponsors du PSG, et une autre est désormais valorisée à plus de deux milliards, moins de deux ans après sa création.
Cajoo, Gorillas, Flink ou encore Dija sont les nouveaux noms d’un secteur lui-même en plein essor, le quick commerce. Toutes sont des startups extrêmement jeunes, et toutes ont, en quelques mois, réalisé des levées de fond leur permettant d’empocher plusieurs dizaines de millions. Et, autre nouveauté, elles fonctionnent toutes avec des livreurs salariés.
Mais alors qu’elles sont de plus en plus nombreuses à s’implanter sur Paris et en France, ces compagnies restent encore relativement peu connues. Petit tour d’horizon.
Qu’est-ce que le quick commerce ?
Cet article fait partie d’une série consacrée au quick commerce. Vous pouvez notamment retrouver une longue enquête au sujet des conditions de travail chez Gorillas, publiée en deux parties, ainsi qu’un article dans lequel nous avons interrogé des clients du quick commerce.
Le quick commerce (commerce rapide en français) a pour but, comme son nom l’indique, d’assurer des livraisons extrêmement rapides. Mais il ne s’agit pas que livraisons de repas préparés par des restaurants, comme UberEats ou Deliveroo le font : les entreprises du quick commerce sont avant tout spécialisées dans la livraison de produits du quotidien.
Sur leurs applications, on achète le produit qu’on a oublié tout à l’heure au supermarché, ou bien on fait ses courses pour le repas du soir, voire pour la semaine. Toutes les plateformes proposent d’ailleurs un assez grand choix de produits, un éventail largement suffisant pour faire ses courses, et surtout, « à prix supermarché », comme le promettent Flink et toutes les autres entreprises.
Les plateformes se basent également sur un système de dark store, des entrepôts fermés au public et installés à des endroits stratégiques des villes, où les commandes sont préparées avant de partir en livraison.
Qui sont les principaux acteurs en France ?
Pour l’instant, 6 acteurs principaux se partagent le marché en France : Cajoo, Dija, Flink, Getir, Gorillas, et Yango Deli. La grande majorité de ces services n’est disponible qu’à Paris, ou dans certaines villes de proche banlieue : c’est le cas pour Flink, Dija, Getir, ou Yango Deli. À l’heure actuelle, il n’y que Cajoo et Gorillas qui livrent dans les autres grandes villes françaises, comme Lyon, Toulouse, Lille ou Bordeaux. Mais d’autres entreprises essayent également de s’implanter, comme l’américaine GoPuff et l’anglaise Zapp.
Ces entreprises sont toutes très jeunes : la doyenne, la Turque Getir, a tout de même été créée en 2015, et la Russe Yango Deli en 2019. Toutes les autres sont nées durant l’année 2020 — Cajoo, la seule entreprise française du tableau, est même encore plus jeune : elle a été fondée il y a moins d’un an, en début d’année 2021. Elles ont en tout cas toutes largement été boostées par les différents confinements liés au Covid-19 qui ont été imposés en Europe, à en croire les différents fondateurs.
« La pandémie a accéléré les besoins en termes de livraison de courses », déclarait ainsi à TechCrunch Kağan Sümer, le co-fondateur de Gorillas, il y a quelques mois. Alberto Menolascina, de la startup anglaise Dija, racontait que « le secteur des courses a beaucoup changé avec ce qu’il s’est passé pendant la pandémie » lors d’une interview à CNBC.
Mais leur jeunesse ne les a cependant pas empêchés de lever des sommes particulièrement impressionnantes : plus de 40 millions d’euros pour Cajoo, 240 millions de dollars pour Flink, 550 millions de dollars pour Getir, et 1 milliard de dollars pour Gorillas. Flink, qui vient de lever 750 millions de dollars, est désormais valorisée à plus de deux milliards de dollars. Preuve supplémentaire que le secteur est porteur, ces plateformes se développent à travers toute l’Europe à des allures folles : Flink opère d’ores et déjà dans une dizaine de villes dans 3 pays différents, Getir aurait des vues sur l’Asie, et Gorillas est maintenant implantée dans 9 pays et 55 villes différentes — dont New York.
Bref, il s’agit là d’un secteur en pleine expansion, et qui va très, très vite.
Comment fonctionnent-ils ?
Les livraisons en 10 min sont de véritables défis logistiques — et humains, pour les livreurs qui doivent parcourir de grandes distances en parfois très peu de temps. Afin de tenir leurs promesses, les entreprises s’appuient sur tout un réseau de dark stores, des entrepôts placés stratégiquement au coeur des villes qui permettent un maillage du secteur : Gorillas possède ainsi 13 dark stores rien qu’à Paris, explique l’entreprise sur son site.
Les entrepôts n’accueillent pas le public : ils ne servent qu’à la préparation des commandes, dont des équipes dédiées se chargent. Organisés de façon à optimiser le temps de traitement des commandes et faire en sorte qu’elles soient prêtes le plus rapidement possible, les entrepôts peuvent fournir entre 1 500 et 2 000 références, selon La Tribune.
Les zones de livraison sont également réduites à un périmètre restreint, permettant d’avoir des temps de livraison relativement courts, en principe. Chez Flink, les zones de livraison sont ainsi limitées à un périmètre de 2 km autour d’un dark store.
Quel statut pour les livreurs ?
C’est l’autre grande promesse des entreprises du quick commerce : toutes les livreuses et les livreurs sont embauchés en CDI. Une démarche à l’opposé de leurs principaux concurrents, Deliveroo et Uber Eats, qui font appel eux à des autoentrepreneurs — une méthode de plus en plus controversée et critiquée.
Les livreurs et les préparateurs de commande de Flink, Gorillas, Cajoo et Dija sont ainsi tous en CDI. C’est un argument sur lequel les entreprises communiquent beaucoup, en le mettant notamment en avant sur leurs affiches publicitaires.
Quel mode de transport ?
C’est un autre des piliers de la stratégie de ces entreprises : les livraisons ne se font pas en scooter, mais en vélo électriques — à l’exception de Getir, qui a choisi de motoriser ses livreurs en scooters électriques Niu.
Les vélos électriques sont fournis aux livreurs par les compagnies, qui n’ont donc pas à acheter les leurs. Ces vélos, qui peuvent aller jusqu’à 27 km, doivent aider les livreurs à atteindre plus rapidement leur destination, et donc à respecter la promesse de rapidité de leurs employeurs.
Mais il est intéressant de noter qu’il n’y a pas que les vélos qui sont fournis. Les entreprises donnent également à leurs livreurs certains équipements, comme des casques, des vestes, des pantalons de pluie ou encore des gants.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.