Si Wish avait formé le souhait d’une clémence à son endroit, c’est raté : son vœu ne s’est jamais exaucé. Au contraire : le déréférencement de la plateforme commerciale est bel et bien en train d’advenir. Il aura toutefois fallu que le ministre de l’Économie et des Finances exprime son exaspération publiquement, sur le manque d’allant des moteurs de recherche et des boutiques d’applications à suivre l’injonction de la DGCCRF (direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) pour faire bouger les choses.
« Je veux être très clair : je poursuivrai en justice les plateformes qui refuseront de déréférencer le site internet de Wish et son application mobile. Les géants du numérique ne sont pas au-dessus des lois », s’est ainsi agacé Bruno Le Maire sur Twitter, dans la matinée du 29 novembre 2021. L’intéressé a fait cette remarque alors que cinq jours se sont écoulés depuis le verdict rendu par la DGCCRF.
Wish disparait des moteurs de recherche
La disparition de Wish du web français est effectivement en cours : l’URL pointant vers son site n’apparaît plus sur Bing, Qwant et DuckDuckGo, selon nos constatations. Elle s’avère néanmoins toujours visible sur Google. Compte tenu du rapport de force très déséquilibré qu’il y a dans la recherche, c’est surtout le déréférencement sur Google qui compte. En effet, Google pèse plus de 90 % des requêtes en France.
Du côté de l’écosystème mobile, les choses bougent également : l’application n’est plus proposée sur l’App Store (pour l’iPhone et l’iPad) ou sur Google Play (pour tous les autres terminaux sous Android). Même sur le lien direct pointant vers l’application mobile pour Android, via la version anglophone de Google Play, il n’est pas possible d’installer Wish — le bouton apparaît neutralisé (et la page en français a disparu).
L’encerclement de Wish comporte toutefois une limite : si l’on connaît l’adresse exacte du service, il est possible de s’y rendre — idem en passant par un moteur de recherche qui ne serait pas concerné par l’injonction de la DGCCRF. Pour aller plus loin dans cette direction, il faudrait envisager un blocage par DNS (Domain Name System) au niveau des opérateurs télécoms, mais là aussi le blocage aurait quelques failles. Il est par exemple possible de modifier ses DNS, mais ce type d’astuce n’est pas accessible au tout venant.
L’action résolue, mais inhabituelle, de la DGCCRF fait suite à une analyse sévère contre le site spécialisé dans la mise en vente de produits à très bas prix. La répression des fraudes a analysé 140 accessoires vendus sur Wish et a estimé que « 90 % des appareils électriques analysés étaient considérés comme dangereux » pouvant créer, entre autres, des incendies. 62 % des bijoux et 45 % des jouets étaient rangés dans la même catégorie.
La décision de la DGCCRF est permise par une loi relativement récente, entrée en vigueur fin 2020. Ce texte, surnommé DDADUE (loi portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne en matière économique et financière) confère à la répression des fraudes la capacité d’exiger le déréférencement des moteurs de recherche, mais aussi des plateformes comme les boutiques.
Le fond du problème est que le site commercialise des produits non conformes ou bien dangereux, sans agir de manière assez résolue et efficace pour faire en sorte que tous les produits qui ont été retirés une première fois du site ne reviennent pas d’une façon ou d’une autre quelques jours plus tard. Tant que Wish ne met pas en place un vrai processus pour gérer les signalements des produits inadéquats et faire en sorte que ceux mis hors ligne le restent, alors la plateforme restera bannie.
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