Mise à jour : Yahoo a effectivement officialisé lundi 11 février le rejet de l’offre formulée par Microsoft.
Rejet d’honneur avant la noce fatale ? Il n’est pas beaucoup d’entreprises au monde qui puissent se permettre de refuser une offre de rachat par le géant Microsoft. Sans doute plus par tactique que par raison, Yahoo s’apprête pourtant selon le Wall Street Journal à rejeter l’offre formulée au début du mois par la firme de Bill Gates. Alors que la situation financière de Yahoo est au plus bas et que ses multiples plans de relance ne semblent pas capables de relancer la machine, les actionnaires du groupe seraient sur le point d’officialiser le rejet d’une offre à 31 dollars l’action qui aurait valorisé Yahoo à environ 44,6 milliards de dollars. Soit près de 70 fois le bénéfice annuel réalisé par le groupe en 2007 (660 millions de dollars), ou l’équivalent de six ans de chiffre d’affaires.
Certes, le fondateur de Yahoo Jerry Yang et ses fidèles lieutenants ne souhaitent pas plus que leurs employés se retrouver dans l’escarcelle de Microsoft. Leur refus est sans doute motivé aussi bien par le sentiment d’être malgré tout sous valorisés financièrement que par la difficulté sentimentale de voir l’entreprise se faire avaler par celle qu’elle a toujours considérée comme son vil concurrent. Yahoo racheté par Microsoft, c’est un peu le PSG qui rachète l’OM. Mais la culture d’entreprise et le souhait des cadres dirigeants ne sont que quelques données du problème, qui ne pèsent pas lourd dans la balance par rapport au puissant billet vert. Car plus de 70 % du capital de Yahoo est aujourd’hui détenu par des investisseurs, la plupart des fonds spéculatifs qui ont depuis le début investi dans Yahoo en attendant ce jour sacré où leurs parts seront revendues au meilleur prix.
Pas encore assez cher
Ce que ces fonds envoient comme message à Microsoft en rejetant l’offre, ça n’est pas que Yahoo ne sera jamais une filiale du géant de Redmond, mais qu’il faudra que la dote soit plus généreuse pour être acceptée. Une discussion de vendeurs de tapis s’engagera dès cette semaine entre Yahoo et Microsoft (très chers et luxueux, les tapis). Le premier fait d’ailleurs déjà savoir au second par l’intermédiaire du Wall Street Journal qu’il n’acceptera rien en dessous des 40 $ l’action. Manière de dire que si Microsoft s’en approche suffisamment, le contrat de mariage pourrait être rapidement signé. Les analystes estiment que le juste prix devrait se situer entre 34 et 37 $.
Calculs faits, à 40 $ l’action, la valeur de Yahoo serait portée à plus de 57 milliards de dollars. Soit environ un cinquième de la capitalisation boursière de Microsoft, et l’équivalent de plus de cinq trimestres de bénéfices. A ce prix là, mieux vaut être sûr de son coup. Or le PDG de Microsoft Steve Ballmer est bien conscient que même en cas de succès transactionnel de l’OPA, le succès de la fusion en tant que telle dépendra surtout de la bonne volonté de l’ensemble des équipes des deux côtés du Rubicon. Il faudra faire fusionner les services pour éviter les doublons, les faire parfaitement communiquer et réussir également la fusion auprès du grand public habitué à ses portails et services Yahoo, et à qui on demandera peut-être de passer sous des services de la gamme » Live « . Le plus dur restera donc à faire après la signature du rachat des parts.
D’autres obstacles pourraient en plus se mettre en travers de la route de Microsoft, à commencer par Google qui a très vite réagi et devrait activer toutes les autorités anti-concentration. Le Département de la Justice américain a fait savoir qu’il examinerait le cas échéant les implications de la fusion au regard des lois anti-trust, tout comme Neelie Kros, la commissaire à la concurrence de la Commission Européenne.
Le feuilleton ne fait que commencer.
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Marre des réseaux sociaux ? Rejoignez-nous sur WhatsApp !