Jusqu’à présent absent de son programme, le numérique vient de faire son entrée dans la campagne d’Éric Zemmour. Le candidat classé à l’extrême droite de l’échiquier politique a présenté le 14 février ses orientations sur ce thème s’il accédait aux responsabilités. Une page dédiée figure désormais sur son site pour l’élection présidentielle de 2022.
Quel programme numérique pour Zemmour ?
La politique d’Éric Zemmour en matière de numérique s’axe — sans surprise — sur des enjeux de souveraineté : il défend l’émergence de champions français dans des secteurs clés (comme l’intelligence artificielle, le calcul quantique, le cloud, les puces et la cybersécurité). Il plaide pour une localisation en France des données sensibles, sur des infrastructures françaises.
Mais le programme inclut aussi des annonces inattendues, comme un soutien à la blockchain (une technologie qui stocke de l’information, et qui permet le fonctionnement des cryptomonnaies) et au Web3 (un surnom donné à une évolution du web encore peu concrète, mêlant justement blockchain et décentralisation), mais aussi un plan pour la programmation à l’école.
Plus exactement, le candidat Zemmour déclare vouloir « donner une place de choix à l’enseignement de la programmation informatique dès le secondaire, pour pourvoir à la demande croissante d’emplois dans le numérique ». Le secondaire, en France, désigne le collège et le lycée, c’est-à-dire sept ans d’étude, de la classe de sixième jusqu’à la terminale.
Le programme du polémiste, reconverti depuis en homme politique, ne détaille pas de quelle façon il compte s’y prendre pour donner une « place de choix » à l’apprentissage de la programmation dans l’enseignement scolaire : à partir de quelle classe ? Dans quel cours ? Au détriment de quel autre enseignement ? Pour combien d’heures par semaine ?
Un revirement sur l’apprentissage du code
Toujours est-il que l’apparition de cette proposition de campagne survient quelques semaines après une séquence télévisée que des internautes n’ont pas manqué de tourner en dérision sur les réseaux sociaux. Car un mois avant, lors de son passage dans l’émission Les Quatre Vérités, le candidat écartait l’idée d’un apprentissage de la programmation à l’école.
« Est-ce que vous voulez aussi apprendre aux enfants Python, PHP, JavaScript ? », avait lancé la journaliste Caroline Roux. Ne saisissant pas ce dont il était question, Éric Zemmour suggérait qu’il n’était pas dans ses priorités de faire apprendre aux élèves « le nouveau langage, le langage du digital, le langage du codage », selon la formule de la journaliste. Le candidat estimait que ce devait plutôt être réservé aux enseignements spécialisés.
« On n’est pas là pour apprendre le codage, pas dans l’école, entre le primaire et le secondaire », disait-il alors. Il considérait que ce savoir devait plutôt être réservé pour des études supérieures en informatique et en technologie. Un mois plus tard, pourtant, Éric Zemmour effectue un revirement, à tout le moins une correction, en incluant le code pour le secondaire.
Des programmes scolaires qui incluent déjà de la programmation
La question de l’enseignement de la programmation au niveau scolaire se pose depuis une décennie en France. Elle a fait l’objet d’une proposition de loi en 2013, jamais adoptée, ainsi que de travaux de la part de l’Académie des sciences et du Conseil national du numérique. En 2015, l’algorithmique et la programmation ont commencé à apparaître dans les programmes.
Actuellement, selon les programmes tels qu’ils sont affichés sur le ministère de l’Éducation nationale, « un enseignement de l’informatique (algorithmique et programmation) est dispensé conjointement en mathématiques et en technologie », au collège (cinquième, quatrième, troisième) pour apprendre des méthodes et bâtir une « pensée algorithmique. »
Au lycée, on trouve un enseignement sur l’algorithmique et la programmation dans l’enseignement commun de mathématiques en seconde, et dans les programmes de spécialité « mathématiques » et « numérique et sciences informatiques ». On relève d’ailleurs que le langage Python est privilégié pour cet enseignement, l’un des termes sur lesquels Éric Zemmour a buté.
Dans les programmes scolaires pour le lycée, il est précisé que le Python a été retenu parce qu’il a différents atouts : il s’agit d’un langage « simple d’usage », « interprété, concis, largement répandu et pouvant fonctionner dans une diversité d’environnements », mais aussi « libre et gratuit », « riche de bibliothèques adaptées et bénéficiant d’une vaste communauté d’auteurs ».
+ rapide, + pratique, + exclusif
Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.
Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.
Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci
Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.
Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :
- 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
- 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
- 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.
Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.
Vous voulez tout savoir sur la mobilité de demain, des voitures électriques aux VAE ? Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter Watt Else !