Lawrence Lessig est un génie de la communication, et un lobbyiste redoutable qui s’est fait une mission de défendre les intérêts du public et de la démocratie face aux géants économique de l’industrie américaine. Mais dans l’idée de Lessig, il ne suffit pas de défendre en haut la population d’en bas, grâce à l’action de quelques illuminés. Il faut donner d’abord à la population les moyens d’imposer par le bas sa propre révolution pacifique. C’est dans cette optique qu’il a fondé en 2001 la fondation Creative Commons, avec une idée très simple : puisque le droit d’auteur est trop contraignant sous la pression des industriels, créons nous-mêmes des œuvres et accordons-nous sur les droits que nous souhaitons limiter et accorder. C’était l’acte de naissance d’une contre-culture libre aidée par une signalétique simplissime à comprendre. Depuis, ce sont des millions d’œuvres qui ont été mises à disposition du public sous des licences Creative Commons. Et le rythme de croissance augmente chaque année (pour mémoire, les articles de Numerama sont sous licence Creative Commons by-nc-sa).
Sept ans plus tard, Lessig s’apprête à passer une nouvelle étape. Une place laissée vacante au Congrès est à conquérir en Californie, et le professeur de droit pourrait se lancer dans la campagne et tenter de se faire élire pour faire évoluer la démocratie américaine de l’intérieur. Un site et un groupe sur Facebook ont été lancés pour financer son éventuelle campagne, et déjà les dons affluent. Même si officiellement sa décision d’y aller ne sera pas prise avant le 1er mars, il ne fait aucun doute que le fondateur des Creative Commons se présentera en tant que candidat Démocrate dans la 12ème circonscription de Californie.
En se présentant, Lessig espère donner un coup de boost à la campagne « Change Congress » qu’il a lancée, et qui appelle les candidats de tout le pays à se réunir sous cette bannière pour s’engager à mettre fin au système du financement privé des campagnes électorales et à solliciter un financement public. Comment légiférer en toute indépendance contre l’intérêt des lobbys de l’industrie pharmaceutique, culturelle ou pétrolière lorsqu’ils sont les principaux donateurs de sa campagne ? C’est une forme légale de corruption qui biaise le travail des parlementaires, et mettre fin à ce système pourrait changer le visage du Congrès et de la démocratie du pays, selon Lawrence Lessig.
Sur le fond des idées, l’homme qui se dit « Démocrate libéral » veut se présenter en candidat de la Silicon Valley, pour représenter les intérêts des acteurs du net face aux lobbys qui voudraient, par exemple, s’attaquer à la neutralité du réseau. « A mesure que nous avançons vers ce moment où les propriétaires des télécommunications essayent de transformer leur propriété [des infrastructures] en contrôle de l’internet, pour retourner vers le vieux système du minitel, nous avons besoin de quelqu’un à Washington qui sera capable de défier leur regard », explique le futur candidat à Ars Technica.
Fidèle à sa stratégie et son talent de communication, Lessig a publié une vidéo sur son site de campagne qui explique ses motivations, et appelle à la mobilisation :
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