Les réseaux de télécommunications ukrainiens sont-ils une cible stratégique de la Russie ? Alors que Moscou a entrepris dans la nuit du 23 au 24 février une vaste offensive militaire contre Kiev, des interruptions ont été observées à l’extrême-est du pays, notamment dans la ville de Kharkiv, la deuxième plus grande d’Ukraine, avec plus de 1,4 million d’habitants.
Un compte-rendu partagé le 24 février par le site NetBlocks.org, qui pilote un observatoire de la liberté d’accès à Internet (par le passé, cette plateforme s’est illustrée en signalant des coupures ou des blocages en Turquie, en Iran ou bien au Kazakhstan), montre que la connectivité filaire dans Kharkiv a connu une chute brutale dans la nuit.
« D’importantes perturbations d’Internet ont été enregistrées dans la ville de Kharkiv, contrôlée par l’Ukraine, peu après les énormes explosions entendues ; les utilisateurs signalent la perte du service de ligne fixe chez le fournisseur Triolan, tandis que les téléphones portables continuent de fonctionner », développe le site sur son compte Twitter.
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Kharkiv fait partie de ces nombreuses villes qui ont été bombardées par la Russie, officiellement pour neutraliser des objectifs militaires, selon le discours de Moscou. Plusieurs localités ont été visées, comme Kiev, Odessa ou encore Marioupol. Des frappes ont également atteint Loutsk, une ville ukrainienne située à près de 80 km de la Pologne, membre de l’OTAN et de l’UE.
Il n’est pas sûr que les militaires russes désiraient s’attaquer aux liaisons télécoms de Kharkiv. Si la perte de connectivité est avérée et confirmée par des retours sur le terrain, selon NetBlocks, il peut s’agir d’un dommage collatéral résultant de la destruction d’infrastructures par le souffle de l’explosion. Un nœud important des réseaux a pu être emporté par la frappe.
Kharkiv est une ville située relativement loin du Donbass, la région séparatiste qui est au cœur de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Elle se trouve dans une autre circonscription administrative (l’oblast de Kharkiv), mais partage une frontière avec la Russie et avec les deux subdivisions rebelles (Donetsk et Lougansk) qui sont au cœur de la guerre du Donbass.
Un trafic normal en Ukraine ces derniers jours
Par le passé, NetBlocks avait déjà constaté des perturbations de connectivité en Ukraine. Le 17 février, une interruption avait été relevée justement à Lougansk et Donetsk pendant une heure et qui avait affecté cette fois le réseau mobile de Vodafone. Des accusations de sabotage avaient été formulées à l’époque, sur des câbles.
En date du 24 février, toutefois, le trafic en ligne en Ukraine ne montre aucune évolution particulière, selon l’analyse de Cloudflare. Le flux apparaît stable sur les dernières périodes d’observation disponibles, que ce soit sur 30 jours ou 7 jours, ou encore sur les dernières heures (24 heures ou 6 heures). Si les réseaux sont une cible, ils n’ont pas encore été attaqués.
Les buts de guerre affichés par la Russie dans ce conflit visent à venir en aide aux régions séparatistes, au prétexte qu’un génocide, absolument non prouvé, aurait lieu. Vladimir Poutine a par la suite exigé de son armée qu’elle procède à la « dénazification » de l’Ukraine. Ce qui pourrait faire évoluer la situation tactique à Kharkiv, mais aussi dans le reste du pays.
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