270 millions de dollars pour Napster, 30 millions pour Bearshare, 4 millions pour iMesh, 115 millions pour Kazaa, environ 15 millions pour Bolt… les sommes perçues par les grandes maisons de disques de la part des éditeurs de logiciels d’échange de fichiers sont considérables, surtout à l’heure où le marché s’effondre. Mais où vont tous ces millions de dollars perçus à titre de compensation par les labels, au nom du préjudice causé notamment à leurs artistes qui auraient vendu (pensent-ils) plus d’albums s’ils n’avaient pas été distribués gratuitement sur ces réseaux P2P ? Sept ans après la mise à mort de Napster, deux ans après celles de Kazaa et Bearshare, et un an après celle de Bolt… l’argent n’a semble-t-il toujours pas été redistribué aux artistes aux noms desquels il a été prélevé.
Le New York Post rapporte ainsi qu’un « contingent de managers d’artistes éminents prétend qu’une petite partie seulement voire rien de tout cet argent n’a filtré jusqu’à leurs clients« . « Ils envisagent désormais une action judiciaire« , ajoute le magazine. John Branca, qui représente notamment Korn, Don Henley et les Rolling Stones, explique que « les managers d’artistes et les avocats se sont demandés pendant des mois quand est-ce que leurs artistes verront l’argent issu des règlements à l’amiable pour violation de droit d’auteur, et comment ça sera comptabilisé« . Même chose du côté de Irvin Azoff, le manager entre autres des Eagles et de Jewel. « Ils vont jouer à cache-cache, mais en bout de course ils seront bien obligés de payer quelque chose« .
Du côté des maisons de disques, toutes indiquent officiellement avoir une politique de partage des revenus issus des procédures judiciaires avec leurs artistes. EMI affirme ainsi avoir commencé à partager les revenus des procès Napster et Kazaa avec les artistes et les auteurs dont les œuvres ont été piratées, et Warner Music affirme que quasiment tout l’argent issu du procès Napster a déjà été déboursé auprès des artistes. Un avis que ne semblent pas partager les managers.
Le New York Post explique qu’en réalité les maisons de disques prétendent avoir utilisé la majorité des sommes pour recouvrir leurs frais juridiques, et qu’elles ne savent toujours pas sur quelle base partager l’argent avec les artistes. Elles prétendent que tous ne méritent pas de recevoir un chèque, et que le montant doit être calculé au regard du niveau de contrefaçon dont a été victime chacun de leurs artistes. Madonna, parce qu’elle a été beaucoup téléchargée, aurait ainsi droit à beaucoup plus d’argent que Magali Vaé.
Mais comment calculer ces bases alors même que les maisons de disques répètent à l’envi qu’aucune redistribution ne serait possible dans un système de licence globale, faute de pouvoir déterminer quels artistes sont téléchargés et lesquels ne le sont pas, et dans quelles proportions ?
Si les managers mettent leurs menaces à exécution, les labels pourraient être contraints de reconnaître devant un tribunal qu’un système de redistribution serait en fait possible sur des méthodes statistiques.
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