Selon une étude d’un cabinet britannique, 70 % des internautes anglais seraient disposés à arrêter de télécharger s’ils recevaient le même type de notification que celle prévue en France par la mission Olivennes dans le cadre du système de riposte graduée. La peur suffira-t-elle pour autant à relancer l’industrie culturelle sur Internet ?

On sait le Royaume-Uni très intéressé par les solutions de riposte graduée proposées en France par Denis Olivennes, et envisagées jusqu’aux lointaines terres d’Australie. Le principe de la riposte en trois étapes fait son chemin dans différentes juridictions qui cherchent à lutter contre le téléchargement illégal. Rappelons que conformément au modèle poussé par le lobbying très efficace de la Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique (IFPI), le principe de la riposte graduée consiste à envoyer dans un premier temps un message d’avertissement à l’internaute pris en flagrant délit de téléchargement illégal, puis à suspendre son abonnement à Internet pendant une semaine en cas de récidive, et finalement à couper totalement la ligne en cas de nouvelle récidive. Cette ultime mesure est par ailleurs accompagnée d’un fichage qui empêche l’abonné de souscrire chez un FAI concurrent pendant un an. Numerama, qui a révélé le projet gouvernemental, a rendu public récemment l’avant-projet de loi qui doit entériner la riposte graduée en droit français.

Reste une question, d’importance : au delà de toutes les difficultés juridiques et éthiques posées par la riposte graduée, quelle sera son efficacité réelle pour lutter contre le téléchargement illicite ? Un sondage britannique apporte un premier élément de réponse. Selon une étude (.pdf) menée par Entertainment Media Research, 70 % des internautes britanniques qui téléchargent actuellement des contenus piratés disent qu’ils arrêteraient de télécharger s’ils recevaient de leur FAI un message d’avertissement ou un appel téléphonique.

Curieusement, cette forme de prévention serait plus efficace encore chez les jeunes internautes (75 %), que l’on dit pourtant moins sensibles aux problématiques liées au piratage (mais visiblement plus sensibles à la crainte de la trique). Selon ce même sondage, réalisé en janvier auprès de 1.608 internautes âgés de 15 à 54 ans, 66 % des personnes interrogées prétendent qu’elles arrêteraient de télécharger si elles sentaient qu’il y avait une chance plus forte qu’elles soient prises en flagrant délit de piratage. 62 % disent se sentir concernés par les histoires de procès dont ils entendent parler dans les médias, mais ils sont une majorité (51 %) à indiquer qu’ils continueraient à télécharger parce que les chances d’être pris en flagrant délit leur semble trop maigre. Ce sentiment de sécurité est d’ailleurs plus fort chez les jeunes, surtout chez les hommes de 15 à 19 ans qui sont 76 % à estimer « très faibles » les chances d’être pris en flagrant délit, contre 69 % chez les demoiselles.

Mais l’étude ne dit pas en revanche si les jeunes qui promettent d’arrêter de télécharger s’ils étaient avertis seraient plus enclins à acheter de la musique ou des films en ligne. Or c’est là le véritable nerf de la guerre. Tout l’esprit de la mission Olivennes et de la riposte graduée vise à dresser un épouvantail sur les réseaux P2P pour diriger les jeunes oisillons perdus vers les plateformes de téléchargement payantes. Or il n’est pas certain que le fait de quitter les réseaux P2P entraîne nécessairement une fréquentation accrue des sites payants. On n’a pas plus d’argent de poche à dépenser en arrêtant de voler des bonbons dans la boulangerie. Les internautes devraient plutôt se tourner vers les solutions alternatives que sont aujourd’hui les sites d’écoute de streaming gratuits comme Deezer, dont la viabilité économique reste encore très mystérieuse, et vers des modes de téléchargements plus sûrs comme les newsgroups ou les sites de stockage de fichiers. Voire, pourquoi pas, vers les offres de contenus sous licence libre, désormais enrichis même par de grands noms de la musique.

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