Le printemps est à peine arrivé, que nous changeons d’heure pour passer à l’heure d’été. Dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 mars 2022, la France change d’heure : à 2 heures, il est en fait 3 heures. Il faut ajouter une heure : mauvaise nouvelle, nous perdons donc une heure de sommeil.
Ce nouveau changement d’heure sera-t-il le dernier ? Cela semble peu probable. Bien que la fin cette mesure a commencé à être discutée en 2018 à l’échelle des institutions européennes, le dossier n’avance plus depuis quatre ans. C’est encore aujourd’hui au tour du Conseil de l’Union européenne, composé des ministres des pays membres, d’agir. Or, cette institution n’a toujours pas exprimé sa position. Sollicitée par Numerama le 23 mars, l’institution a confirmé que le dossier n’avait pas bougé, depuis nos dernières prises de contact en mars puis octobre 2021.
Le sujet n’est pas mis à l’ordre du jour du groupe de travail compétent sur la question au sein Conseil, par la présidence actuellement assurée par la France. La future présidence du Conseil, prévue entre juillet et décembre 2022, sera assurée par la République tchèque, qui n’a pas encore présenté quelles seront ses priorités, mais devrait le faire dans les semaines à venir. On saura alors si ce sujet spécifique sera inclus à l’agenda du prochain semestre, a répondu l’institution interrogée par Numerama.
Dans cette situation, le système actuel du changement d’heure saisonnier continue de s’appliquer en Europe : on passe à l’heure d’été en mars, et à l’heure d’hiver en octobre.
La fin du changement d’heure, l’UE en parle depuis 2018
C’était en février 2018 que le Parlement européen s’était emparé du sujet, en demandant à la Commission européenne de mener une enquête sur le changement d’heure. Depuis 1998, les dates de changement d’heure sont harmonisées dans l’UE. La consultation publique qui a été organisée l’été suivant la demande du Parlement a clairement montré qu’une majorité de personnes étaient pour la fin du changement d’heure (84 % des répondants sur 4,6 millions de réponses). En septembre, la Commission est revenue vers le Parlement, proposant de mettre fin au changement d’heure — chaque État devait décider de conserver l’heure d’été ou l’heure d’hiver. Le projet de directive a été approuvé par le Parlement en mars 2019.
Initialement envisagée pour 2019, la fin de la mesure n’a eu de cesse d’être repoussée. La présidence du Conseil a d’abord jugé, fin 2018, que 2019 était une échéance trop proche pour en finir avec la mesure. L’année 2021 a été présentée comme un objectif plus réaliste, pour laisser aux États le temps de bien se coordonner. Et depuis, aucune nouvelle décision n’a été prise. La pandémie de coronavirus a probablement contribué à cet immobilisme, et on peut supposer que la guerre entre la Russie et l’Ukraine a une conséquence similaire — le dossier sur la fin du changement d’heure étant forcément moins prioritaire.
En tout cas, l’arrêt du changement d’heure parait faire consensus. Les Français ont notamment été invités à s’exprimer sur le sujet au début de l’année 2019, par la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale. Parmi les 2 millions de répondants, 83 % des personnes ont indiqué vouloir la fin du changement d’heure — avec une majorité de participants préférant rester à l’heure d’été plutôt qu’à l’heure d’hiver.
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