L’économie numérique devient un pôle stratégique à part entière dans la conduite des affaires du pays. Dans le cadre du toilettage du gouvernement, l’ancien socialiste rallié Eric Besson a été promu de l’ajout à ses fonctions d’un secrétariat d’Etat au développement de l’économie numérique. A quelle politique peut-on s’attendre ?

Alors que l’on attendait Thierry Solère (responsable Internet de la campagne de Nicolas Sarkozy) ou Laurent Wauquiez, voire même Denis Olivennes, c’est finalement Eric Besson qui sera chargé du « développement de l’économie numérique », auprès du Premier ministre. Cette nouvelle attribution s’ajoute à celle qu’il avait déjà de secrétaire d’Etat chargé de la Prospective et de l’Evaluation des politiques publiques.

Les contours du secrétariat au développement de l’économie numérique sont encore flous. On ne sait pas s’il aura directement la charge, par exemple, du projet de loi relatif à la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits d’auteur sur internet (Hadopi) qui doit instaurer la riposte graduée contre les P2Pistes. Ce dossier brûlant pour les internautes devrait logiquement rester dans les mains de la ministre de la Culture Christine Albanel, qui sauve pour le moment sa tête au gouvernement malgré les rumeurs continues qui persistaient depuis plusieurs mois.

Eric Besson devrait davantage gérer le côté « infrastructures » de l’économie numérique, pour prendre en charge notamment le problème de la fracture numérique et favoriser le développement du très haut débit en France. Dans son rapport sur les freins de la croissance, Jacques Attali avait appelé de ses voeux la création d’un poste de « haut commissaire au développement numérique », chargé de « garantir une couverture numérique optimale en 2011 » et de « réaliser l’accès pour tous au très haut débit en 2016 ». Il semble avoir été entendu.

A tout juste 50 ans, ancien socialiste et recordman de la vitesse de retournement de veste en période électorale sous la cinquième République, Eric Besson est maire de Donzère (Drôme) depuis 1995 et a été député de 1997 à 2007, avant de rejoindre l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy au soir du premier tour de l’élection présidentielle. Diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris, il a été rédacteur en chef du magazine Challenges entre 1985 et 1986, avant d’être chargé par Jean-Marie Messier du secrétariat général de la Fondation Vivendi, qu’il dirigera jusqu’en 2002. Espérons pour les internautes qu’il n’y a pas garder trop d’amis, ou qu’il saura se conduire avec eux comme il s’est conduit avec son ancienne famille politique…

Opposé à la loi DADVSI et aux DRM

Pour mémoire, on se rappellera cependant que Eric Besson, alors socialiste, avait été parmi les 186 députés à voter contre la loi sur les droits d’auteurs et les droits voisins dans la société de l’information (DADVSI) présentée par Renaud Donnedieu de Vabres, en 2006. Il était également co-signataire du recours contre la loi auprès du Conseil constitutionnel.

Dans toute l’histoire des travaux parlementaires de l’ancien député, Eric Besson a co-signé deux lois (sur 110) en rapport avec l’économie numérique. L’une visait à étendre le service universel des télécommunications à l’internet haut débit et à la téléphonie mobile. L’autre, à interdire le recours à des mesures de protection du CD
et DVD ayant pour effet de priver les utilisateurs du droit à la copie privée.

« Il convient de refuser l’installation de verrous techniques qui est illégale, pénalise uniquement les consommateurs et n’est pas la solution adéquate au problème réel de la contrefaçon et du marché parallèle« , pouvait-on lire dans la proposition de loi signée en 2003 par Eric Besson. Le texte précisait : « En faisant pression sur les décideurs politiques et économiques pour légaliser ces systèmes de verrouillage, ces gros labels vont à l’encontre de la révolution technologique et de l’évolution naturelle des modes de consommation. Il est inacceptable que les majors aux capitaux américains utilisent leur toute puissance sur le marché du disque pour préserver leurs profits et le monopole dont elles jouissent« .

On saura le lui rappeler.

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