Voici sans doute un exemple que France Télévisions sera bien inspiré de suivre, surtout lorsque la publicité sera définitivement supprimée de l’antenne. La CBC, la principale chaîne de télévision publique canadienne, commencera lundi prochain à utiliser BitTorrent pour diffuser des émissions gratuitement et sans les protéger par DRM.

La Société Radio-Canada (CBC), qui regroupe 29 services publics de radio, télévision et Internet dans le grand nord américain, s’apprête à devenir le premier diffuseur TV du continent à diffuser gratuitement ses programmes sur BitTorrent sans les protéger contre la copie par des DRM. L’émission « Canada’s Next Great Prime Minister« , sorte d’émission de TV-réalité politique, qui sera diffusée dimanche 23 mars sur les antennes de la télévision publique canadienne, sera en effet distribuée dès le lendemain par BitTorrent sur le site de la CBC, sans aucune protection.

« Nous allons aussi distribuer une version que vous pourrez mettre sur votre iPod« , se félicite Radio-Canada qui précise que « l’émission sera complètement gratuite (et légale) à télécharger, partager et graver selon votre désir« . Cette initiative prolonge la communication autour d’une émission qui a déjà largement fait appel à Internet, en utilisant dès le départ YouTube pour diffuser plus de 500 vidéos de 144 candidats auditionnés. Elles ont été vues collectivement plus de 270.000 fois.

Et France Télévisions ?

Le choix de la CBC de diffuser des émissions par BitTorrent et sans DRM, avec le droit accordé aux internautes de partager et de copier l’émission à volonté fait écho aux propositions que nous avions nous-mêmes formulé sur Numerama concernant les conséquences positives à accorder à l’abandon des publicités sur le service public audiovisuel français. « Si une taxe finance à 100 % la création audiovisuelle publique, tout contenu produit par France Télévisions devra être accessible au public via Internet dans un mode qui permet tout aussi bien sa libre « consommation » (abandon total des DRM, pas de VOD payante sur ses propres contenus, choix de formats ouverts) que sa libre redistribution« , écrivions-nous au début de l’année, en demandant que les contenus produits par le service public soient mis sous licence libre. Avec l’initiative canadienne, cette proposition est plus concrète et réaliste que jamais. D’autant que le Canada n’est pas le pionnier en la matière. NRK, la télévision publique norvégienne, diffuse elle aussi une de ses séries phares par BitTorrent et sans DRM depuis janvier dernier.

Le Cahier des missions et des charges de France Télévisions prévoit que France 2 « s’attache à faire bénéficier le public des nouvelles techniques de production et de diffusion des programmes et services de communication audiovisuelle« , et « participe au développement technologique de la communication audiovisuelle« . Il nous semble que le soutien au P2P et la diffusion de programmes sur les réseaux d’échanges de fichiers entre pleinement dans le cadre de ces obligations.

Beaucoup plus, en tout cas, que le service de vidéo à la demande payant France TVOD qui ne véhicule pas ce que le contribuable est en droit d’attendre d’un service public audiovisuel numérique.

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