À quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, peut-on dire que tous les candidats ont droit à la même visibilité dans les médias ? Le manque de temps de parole est régulièrement reproché par certains partis à chaque période électorale, mais il existe des outils pour s’assurer qu’il n’y ait pas d’injustice.
Que dit la loi ? Depuis le 1er janvier, les chaînes et antennes doivent respecter l’équité des temps de parole des candidats et de leurs soutiens, en fonction de leur représentativité et de leur implication dans la campagne (présence sur les réseaux sociaux, organisation de meeting, déplacements de terrain…). À partir du 28 mars, les règles changent, le poids politique des candidats n’entre plus en compte. La durée des interventions, comme les horaires de diffusion, doit être les mêmes pour tous.
C’est au CSA (devenu Arcom depuis le 1er janvier 2022) de quantifier la durée d’intervention des politiques en campagne sur les plateaux télés et radio. Il est possible de surveiller la part accordée à chaque candidat en pourcentage sur le site de l’Arcom depuis ce lien.
Il faut ensuite cliquer sur « consultez les données de l’Arcom » pour accéder au tableau des chaînes et antennes (TF1, BFM-TV, Europe 1, etc.). À noter que l’autorité de régulation partage le décompte calculé entre le 1er janvier et le 27 mars seulement. Impossible pour l’instant de connaître le temps distribué en temps, réel donc.
Contacté par la rédaction, l’Arcom précise que « ce sont les éditeurs qui fournissent leurs décomptes des temps de parole. Nous procédons ensuite à des carottages [échantillons, ndlr] pour vérifier la pertinence de ces décomptes ». Comprenez que l’administration pioche dans les rapports et les examine ensuite pour déterminer s’ils ne sont pas faussés. Le quotidien Le Monde rapporte d’ailleurs que l’Arcom a mis en garde RTL, Europe 1, BFM-TV et RMC Découverte, le 31 mars dernier, pour ne pas avoir pas respecté les règles d’équité entre les candidats.
Une intelligence artificielle qui détecte les interventions en temps réel
Un autre site, www.Elections-Tracker.fr, issu d’une initiative privée, publie une estimation du temps de parole en temps réel grâce à une IA (intelligence artificielle) développée en interne par l’entreprise Pluralisme. La plateforme ne met que deux heures pour mettre à jour la part accordée à chaque candidat.
« Il s’agit d’une version bêta qui sera améliorée en fonction du retour des utilisateurs. Nous analysons le flux de 15 chaînes de télévision soumises au pluralisme et appliquons ensuite des algorithmes d’IA de reconnaissance faciale et de reconnaissance vocale pour détecter les prises de parole des candidats », indique Fabrizio Papa Techera, président du Directoire de Lex Base, co-fondateur de la société avec Magic Lemp.
Le site va plus loin puisqu’il précise aussi le temps accordé à chaque thème (défense, écologie, culture, etc.) pour chaque candidat. Néanmoins on peut constater quelques irrégularités, notamment en ce qui concerne Emmanuel Macron. Il faut distinguer en effet lorsque l’actuel président de la République exerce ses pouvoirs régaliens — en intervenant par exemple sur les sujets de défense — et lorsqu’il fait campagne. L’IA développée par l’entreprise ne fait pas cette différence et le temps accordé à Emmanuel Macron est donc bien supérieur aux autres candidats.
« Nous assumons le choix d’une solution 100 % automatique, même si elle peut parfois s’avérer moins précise qu’une solution manuelle : demain, nous devrons appréhender le pluralisme sur toutes les vidéos publiées sur YouTube, Twitch ou les réseaux sociaux, et là, seule une solution automatique pourra couvrir un tel périmètre », ajoute Fabrizio Papa Techera.
En dehors du cas d’Emmanuel Macron, on constate sur Election Tracker que le temps accordé à chaque candidat est encore loin d’être égal. Philippe Poutou ou Jean Lassalle sont loin derrière Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen. Les chaînes et antennes ont jusqu’au 9 avril pour rétablir l’équilibre.
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