C’est une autre étrangeté du nouveau mandat d’Emmanuel Macron : le ministre de la transformation et de la fonction publiques ne peut pas s’occuper du cloud de l’État. Il lui faut se déporter, à cause d’un risque de conflit d’intérêts. En cause ? L’emploi de son épouse, qui occupe des responsabilités importantes chez Google en matière d’hébergement à distance.
C’est la publication d’un décret au Journal officiel le 8 juin qui a révélé le problème et de quelle manière l’exécutif l’a réglé : Stanislas Guérini, qui est en poste depuis le 20 mai dans le gouvernement d’Élisabeth Borne, doit se mettre à l’écart pour tout ce qui a trait à Google et sa maison-mère, Alphabet, ainsi des sujets relatifs au cloud de l’État.
Le document, signalé sur Twitter par le journaliste Nicolas Berrod, confie donc à la Première ministre les attributions en cause. Cette exclusion persistera tant que Stanislas Guérini sera à ce poste. Le décret deviendra caduc le jour de son départ, à condition que la personne qui le remplacera ne se trouvera pas dans une situation analogue.
Une épouse en charge de la stratégie et des opérations de Google Cloud France
Dans la fiche consacrée à Stanislas Guérini sur le site de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, on y lit que sa femme, Marie-Luce Conrard, travaille pour Google Cloud France. Elle occupe plus précisément le poste de responsable de la stratégie et des opérations, « à l’exception du secteur public », peut-on lire sur son profil sur LinkedIn. Elle est à ce poste depuis septembre 2020.
Cette mention de l’intéressée figurant sur la page du réseau social n’a toutefois pas été jugée suffisante pour garantir l’absence d’influence sur les prises de décision du nouveau ministre de la transformation et de la fonction publiques. Il a fallu prendre un acte administratif spécifique pour écarter formellement Stanislas Guérini.
On ne sait pas si le ministre s’est de lui-même déporté, en alertant Élisabeth Borne, ou si c’est la consultation de sa fiche sur la HATVP qui a fait apparaître ce problème. Toujours est-il que ce pas de côté est prévu dans les textes. Il ne peut donc plus « donner des instructions aux administrations placées sous son autorité ou dont il dispose » sur ces sujets.
Si cette procédure éteint tout conflit d’intérêts futur, elle handicape Stanislas Guérini dans ses fonctions : la portée de son portefeuille est désormais réduite, et dans un domaine clé. En tant que ministre de la transformation de la fonction publique, il doit s’occuper notamment de la bascule du service public dans le numérique. Or, le cloud est un dossier majeur pour les administrations.
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