Susan et Christopher Edwards semblent former un couple banal, rêvant sa vie en couleurs, si possible dans la grandeur d’une salle de cinéma. Fans des films de Gary Cooper, ils entretiennent une correspondance postale avec leur idole, Gérard Depardieu. Installés à Lille, en France, ces deux Anglais aspirent à une vie normale, depuis leur petit appartement miteux.
Jusqu’au jour où Christopher appelle Tabitha, sa belle-mère, pour lui demander un peu d’argent. Et lui avouer au passage, l’air de rien, que les parents de Susan ont été enterrés dans leur jardin, 15 ans plus tôt. Le couple, très soudé, va alors devoir faire face à la police et à la justice anglaise. Alors, crime prémédité ou simple légitime défense ?
Ce postulat de départ un brin farfelu, c’est celui de la mini-série anglaise Landscapers, disponible sur Canal+. Inspirés d’une histoire vraie, ces quatre épisodes décortiquent la relation entre Susan et Christopher. Réellement condamnés à 25 ans de prison pour meurtre en 2014, ces deux amoureux clament aujourd’hui toujours leur innocence.
Pour les amoureux du septième art
Si Landscapers peut ressembler à première vue à une énième série surfant sur le succès des true crimes, la réalité est toute autre. Les quatre épisodes de cette saison font ainsi preuve d’une originalité inédite. La mise en scène est aussi hallucinée qu’inventive, en alternant tour à tour la réalité avec des séquences rêvées de cinéma entre deux dialogues. La passion de Susan et Christopher pour le septième art transpire de chaque plan, donnant à Landscapers une dimension imaginaire très singulière.
Les parallèles avec le cinéma des années 1960 sont évidents dans l’utilisation des costumes et des décors ultra géométriques : tout semble alors ringard, voire hors du temps. La série entière semble fausse, constamment à la lisière du théâtre. Les reconstitutions des meurtres ont par exemple lieu derrière les décors, dans les coulisses du tournage même des épisodes.
Landscapers imbrique constamment de la fiction dans la fiction, telle une version criminelle et romanesque d’Inception. Le noir et blanc et la couleur se mélangent continuellement, tandis que le passé et le présent ne cessent de communiquer. Un parti pris étrange, qui ne plaira clairement pas à tout le monde, mais qui dénote d’une originalité rare.
Landscapers est porté par un duo iconique
Landscapers prend ainsi un malin plaisir à nous perdre dans le récit criminel de Susan et Christopher, qui tentent de prouver leur innocence lorsque tout semble les accabler. Si la narration est parfois confuse, la série parvient toujours à nous rattraper par la main, d’une façon ou d’une autre.
Il est difficile de rendre justice à l’ambiance douce-dingue de cette formidable histoire de meurtres, mais surtout d’amour. Oui, parce que Landscapers parle avant tout de la passion sans limite entre Susan et Christopher. La série parvient ainsi à infuser du romantisme partout, au milieu de ce récit sordide.
Et si le mélange fonctionne si bien, c’est grâce à l’alchimie parfaite d’un étonnant duo d’acteurs : Olivia Colman et David Thewlis. La première s’est illustrée en enquêtrice bouleversante dans Broadchurch ou en tant que reine Elizabeth II dans The Crown. Le second reste dans toutes les mémoires comme le bienveillant Remus Lupin dans Harry Potter.
Ensemble, ils font des étincelles. Leur couple soudé se complète parfaitement : Olivia Colman brille en femme solaire et lunaire, au comble de l’optimisme, tandis que David Thewlis transpire davantage la tristesse, sans véritable goût pour la vie. Landscapers repose entièrement sur leurs deux performances impressionnantes, qui méritent une pluie de récompenses.
Quatre épisodes, c’est trop court
Évidemment, la mini-série, fruit d’une collaboration entre HBO et Sky Studios, vaut également le coup pour son aspect policier et judiciaire savoureux. Infusée d’un humour anglais absurde et décapant, l’enquête entourant les meurtres commis par Susan et Christopher est passionnante à suivre. Si Landscapers ne fait aucun mystère sur l’identité des coupables, les éléments criminels sont tout de même révélés au compte-goutte, créant l’envie d’en savoir plus, épisode après épisode.
Quatre épisodes semblent trop courts pour totalement couvrir ce récit improbable et comprendre réellement ce qui a conduit Susan à tuer ses propres parents avant de les enterrer dans leur jardin pendant quinze ans, avec la complicité de son mari. Mais la réalisation extravagante et le merveilleux jeu des acteurs nous embarquent volontiers, tout en rappelant par moments le film Fargo, l’odyssée sanglante des frères Coen. Bref, si vous aimez les récits criminels intrigants et les narrations anglaises farfelues, foncez vite découvrir cette mini-série sur Canal+.
Le verdict
Landscapers
Voir la ficheOn a aimé
- Une mise en scène juste parfaite
- L’alchimie touchante entre Olivia Colman et David Thewlis
- Les jolies références au septième art
- Une enquête policière intrigante
On a moins aimé
- Une narration parfois confuse
- Seulement quatre épisodes
Susan et Christopher s’aiment d’un amour fou, inconditionnel. Au point qu’il y a 15 ans, ils ont décidé de tuer les parents de Susan, avant de les enterrer dans leur jardin et de disparaître de la circulation. Si cette histoire, pourtant vraie, vous semble improbable, attendez donc de voir Landscapers, disponible sur Canal+. Cette mini-série en quatre épisodes brille par sa mise en scène d’une inventivité réjouissante et surtout par l’alchimie de ses deux acteurs principaux, Olivia Colman (The Crown) et David Thewlis (Harry Potter). Un duo éblouissant, pour une série qui ne cesse de perdre son spectateur entre passé et présent, entre noir et blanc et couleurs. Landscapers est une grande réussite, à ne pas manquer si vous êtes amateurs d’humour anglais et de Gérard Depardieu (oui, oui).
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