La saison 4 de Stranger Things a fait quasiment l’unanimité auprès des fans, grâce à ses rebondissements, ses musiques, sa direction artistique horrifique et sa profondeur psychologique. Mais en appréciant la qualité de la série, il est possible de passer à côté d’une drôle de bourde anachronique.
Souvenez-vous : saison 4, épisode 6, 54 minutes. Will, Mike, Jonathan et Argyle sont dans la maison de Suzie. Celle-ci les aide à tracer une adresse IP qui devrait leur donner la géolocalisation d’Eleven. On aperçoit alors un écran d’ordinateur. Sur l’écran, on peut lire un code de programmation… qui n’est autre que du code HTML. Voilà qui est bien incongru, car la série se déroule en 1986. C’est ce qu’a repéré un internaute, webmaster et spécialiste de SF, dans un tweet publié début juillet 2022. Et il a parfaitement raison. Ce n’est d’ailleurs pas la seule erreur liée à l’informatique, de très nombreuses étant mentionnées dans un thread Reddit dédié.
Le HTML n’existait pas dans les années 1980
Le tout premier fichier HTML de l’histoire remonte très exactement à 1991. Inventé par Tim Berners-Lee, ce langage va révolutionner Internet en structurant les pages web (il n’existe alors pas de CSS ou de javastript pour coloriser les éléments, les rendre interactifs…). Dans les années 1990, le HTML connaît quatre versions différentes, jusqu’au HTML 4 en 1997, qui restera la norme dans les débuts du web « grand public » tel qu’on l’a connu. La dernière version en date, le HTML 5, remonte à 2014.
La page HTML, telle qu’affichée dans cet épisode de Stranger Things, n’aurait jamais pu exister à l’époque de la série, la scène se déroulant en 1986. Pire (toutes proportions gardées, cela reste une bourde plutôt amusante), il existe même des propriétés spécifiques qui n’auraient pas pu exister dans les premières versions du code dans les années 1990 : « srcset », que vous apercevez à l’écran, n’a été introduit qu’en 2014. Il en va de même pour « display:flex », propriété très récente également.
Ce décalage anachronique n’a évidemment rien de grave et ne gâche absolument pas le plaisir de narration. Mais il est toujours amusant de voir que, dans les œuvres fictionnelles, les représentations informatiques sont souvent en décalage avec la réalité — on voit bien souvent des hackers tapoter n’importe quoi sur leur clavier et ne jamais utiliser la souris une seule seconde.
Certaines équipes créatives, toutefois, attachent plus d’importance à ce genre de détails. Le film à succès de Netflix, Dont Look Up, avait embauché un mathématicien comme doublure pour Leonardo DiCaprio, afin de le filmer en train d’écrire rapidement des équations sur le tableau blanc, pour que chaque élément soit parfaitement crédible avec la réalité.
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