Je ne voulais pas tester As Dusk Falls, jeu narratif édité par Xbox Game Studios et disponible à compter du 19 juillet sur PC et consoles Xbox. Normalement, ce genre est la chasse gardée de mon cher collègue Marcus (qui raffole de Life is Strange et des titres de Quantic Dream). Mais comme il était en vacances au moment du programme de test, j’ai dû me coltiner cette production signée Interior/Night — dont c’est d’ailleurs le tout premier projet.
Et j’ai adoré, de bout en bout.
Au-delà du genre qui me parle moins que les autres (j’ai tendance à privilégier le gameplay à l’histoire), As Dusk Falls me rebutait par son style visuel atypique. Il me rappelait des expériences cinématographiques que je tenais à oublier (A Scanner Darkly, avec Keanu Reeves et Robert Downey Jr.). Je n’aime toujours pas cette direction artistique, qui transforme As Dusk Falls en roman graphique interactif. Mais elle s’est vite effacée derrière l’histoire.
Comment j’ai appris à aimer As Dusk Falls
Un jeu parfait pour le Xbox Game Pass
Jeu édité par Microsoft oblige, As Dusk Falls est disponible dès le jour de sa sortie dans le Xbox Game Pass.
Pour donner vie à As Dusk Falls, Interior/Night a filmé de vrais acteurs sur fond vert, avant d’injecter leurs performances dans les décors du jeu et de peindre par-dessus. En résultent des animations et expressions assez figées qui ne font pas toujours honneur à la puissance émotionnelle du récit, mais lui confèrent un écrin hyper original. As Dusk Falls ferait presque penser à un roman-photo qu’on trouve (trouvait ?) dans les magazines. C’est un choix un peu osé, tant il peut rebuter. Au moins, on ne pourras pas reprocher à Interior/Night de faire comme les autres. « Cette histoire mérite une direction artistique unique », justifie Caroline Marchal, fondatrice du studio passée par Quantic Dream, dans des propos relayés par Eurogamer le 12 juillet.
Les inspirations cinématographiques sont nombreuses
On vous conseille de passer outre ce frein, car l’intrigue d’As Dusk Falls vaut vraiment le détour. Les inspirations cinématographiques sont multiples, et parfois citées en toute transparence par les personnages. Les plus cinéphiles verront d’ailleurs un parallèle entre As Dusk Falls et le réalisateur Alejandro González Iñárritu, spécialiste du film choral. Comme dans 21 grammes ou Babel, plusieurs destins se croisent et s’entrechoquent dans le jeu d’Interior/Night, articulé autour d’un jour où tout a basculé. Une famille sans histoire se retrouve prise au piège dans un motel quand trois frères s’y réfugient après un braquage qui a mal tourné. De cet évènement tragique découleront plusieurs conséquences — y compris des vies brisées.
As Dusk Falls s’épanouit avant tout dans son casting, composé de figures vraies et authentiques. Où un père de famille un peu dépassé côtoie des petites frappes qui ne maîtrisent rien, tout en devant gérer sa fille, sa femme et son propre père dans une situation au bord de l’implosion. Les interactions sont parfois brillantes, avec une vraie place laissée à l’intime, aux doutes et aux choix alambiqués. De ce tissu social complexe émergent de vraies révélations, dans le sillage de Jay — cadet des frères qui assume sa fragilité et touche par sa sincérité.
Le gameplay d’As Dusk Falls est ultra accessible
Bien sûr, As Dusk Falls reprend à son compte le système de décisions à prendre — souvent dans l’urgence — pour que la joueuse ou le joueur puisse influencer le scénario et affiner la personnalité des héros. À l’issue de chacun des six chapitres, on pourra observer les différents embranchements possibles, avec des statistiques pour se comparer à la communauté et l’opportunité de relancer certains moments clés pour voir autre chose. C’est plutôt malin, sachant que Interior/Night encourage à refaire plusieurs fois As Dusk Falls, dont la durée de vie n’excède pas les 4 à 5 heures. C’est court, mais cela permet de relancer l’aventure sans problème.
Le gameplay du jeu est très basique. Pour preuve, vous n’aurez même pas à gérer les déplacements. Dans As Dusk Falls, on ne joue pas beaucoup. De temps en temps, on aura à choisir une phrase dans un dialogue crucial. Parfois, quand l’action s’emballe un peu, on devra appuyer sur des touches au bon moment. Plus rarement, il faudra fouiller les environnements, simplement en pointant vers certains endroits. On sent que Interior/Night veut rendre son jeu le plus accessible possible (si on oublie l’interface un tantinet austère). On peut même y jouer à plusieurs (jusqu’à 8 !), avec un système de votes au moment de faire des choix.
Interior/Night est allé jusqu’à mettre en garde sur certaines scènes susceptibles de choquer — signe que As Dusk Falls n’épargne pas ses héros mais tient à préserver les joueuses et les joueurs. Si vous ne voulez pas y assister, vous pourrez les passer et un choix « à l’issue positive » sera fait à votre place. Ultime preuve que les développeurs ont fait de l’accessibilité une priorité : on peut jouer avec son smartphone ou sa tablette (la fonctionnalité n’était pas disponible au moment de notre test). De quoi vraiment improviser une soirée entre amis, à confronter sa sensibilité et ses valeurs face à des situations critiques.
Le verdict
As Dusk Falls
Voir la ficheOn a aimé
- Histoire vraiment bien ficelée
- Accessible à toutes et tous
- Style graphique atypique…
On a moins aimé
- … qui peut rebuter
- On ne joue pas beaucoup
- Interface austère
Je partais avec un a priori très négatif à propos de As Dusk Falls, en raison du genre dans lequel il s’inscrit et de sa direction artistique particulière. Je le regrette puisque j’ai dévoré ce jeu développé par Interior/Night quasiment d’une seule traite, porté par cette volonté de découvrir une histoire bien ficelée.
Très simpliste dans son gameplay, As Dusk Falls ne révolutionne pas les productions narratives au-delà de l’aspect visuel. Mais le studio sait sur quel levier appuyer pour en faire une expérience globalement réussie : en poussant sans cesse son casting dans ses retranchements, As Dusk Falls captive de bout en bout.
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