Dès les premières minutes, Sur ordre de Dieu nous happe par son ambiance tragique et ses quelques notes de piano déjà bouleversantes. Jeb Pyre, un inspecteur de police à la foi mormone inébranlable, découvre ainsi sous nos yeux qu’une jeune femme et son bébé de 15 mois viennent d’être sauvagement assassinées. Et l’épisode n’a même pas commencé depuis dix minutes que les yeux embués de larmes d’Andrew Garfield brisent immédiatement notre petit cœur tout mou en deux.
Sur ordre de Dieu, disponible sur Disney+, n’est clairement pas une partie de plaisir et ressemble plutôt à un chemin de croix. À la manière de True Detective ou Twin Peaks, la série nous plonge dans une petite ville sans histoire, au cœur de l’Utah des années 1980. Ici, la majorité des habitants sont réunis au sein de la communauté mormone de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours. Un contexte ultra religieux, dans lequel le détective Jeb Pyre baigne également puisqu’il est un fervent pratiquant. Sauf que ce crime atroce va l’entraîner dans une spirale infernale et questionner sa foi toute entière dans une religion qu’il pensait exemplaire.
Le rythme d’un escargot
Inspirés du livre de Jon Krakauer, l’auteur d’Into the Wild, les sept épisodes de Sur ordre de Dieu (ou Under the Banner of Heaven en version originale) développent une longue enquête sur plusieurs jours, avec une lenteur parfois trop plombante. Évidemment, le sujet nécessite de prendre son temps. La série montre très bien la réalité et la difficulté de certaines investigations policières, particulièrement dans les années 1980. Elle montre également la progressive descente aux enfers de certaines communautés dans le fanatisme religieux le plus terrifiant.
Mais il faut avouer que le rythme de ce thriller ne plaira clairement pas à tout le monde : l’intrigue avance aussi lentement qu’un escargot (sept épisodes d’une heure chacun…) et la série s’attarde parfois sur des détails un peu lourdingues. Sur ordre de Dieu revient ainsi régulièrement, sous forme de flashbacks du 19ème siècle, sur l’origine de la religion mormone. Des rappels historiques dont on se serait bien passé et qui alourdissent le récit.
Un casting aux petits oignons
La série a tout de même l’originalité de ne pas se concentrer uniquement sur un mystère policier, mais plutôt avant tout sur les raisons qui poussent au fondamentalisme religieux, quitte à ôter la vie. Les parallèles avec l’actualité sont évidemment criants, et Sur ordre de Dieu instaure sans peine une atmosphère émouvante du début à la fin de ses sept épisodes ténébreux.
Un tour de force également permis par un casting aux petits oignons, qui sert magnifiquement la narration. Comme d’habitude avec cet acteur, l’empathie pour Andrew Garfield est immédiate. L’ex-interprète de Spider-Man endosse ici le rôle principal de Jeb Pyre, tiraillé entre ses convictions religieuses et l’horreur de situations criminelles. Les parallèles fréquents entre l’enquête et sa vie privée, cette existence pieuse qu’il s’est construite année après année, sont d’ailleurs magnifiques. Le comédien est entouré d’acteurs formidables comme Daisy Edgar-Jones (Normal People), Sam Worthington (Avatar) ou Wyatt Russell (Falcon et le soldat de l’hiver).
Sur ordre de Dieu séduit autant sur le fond que sur la forme
Cette solide distribution met ainsi parfaitement en valeur une narration intelligente, qui aborde pêle-mêle l’origine de la religion, les raisons de certaines croyances, le sexisme de la société mais surtout de certaines communautés toxiques, ou la parentalité. En regardant Sur ordre de Dieu, on ne peut s’empêcher de penser aux excellentes séries True Detective ou Mindhunter, autant qu’au cinéma de Jeff Nichols (Take Shelter, Midnight Special). Autant d’œuvres qui auscultent les États-Unis dans toute leur noirceur, avec une esthétique singulière.
Cette mini-série en sept épisodes est la digne héritière de ses prédécesseurs et impose son atmosphère religieuse pesante avec brio. Grâce à un scénario de Dustin Lance Black, qui avait travaillé sur le film Harvey Milk et la superbe série When We Rise sur les luttes LGBTQIA+, Sur ordre de Dieu séduit autant sur le fond que sur la forme. Ce thriller manque simplement d’un brin de rythme pour s’ériger comme une référence du petit écran (et que l’on ne s’endorme pas avant la fin surtout). Dommage.
Le verdict
Sur ordre de Dieu
Voir la ficheOn a aimé
- Andrew Garfield, au sommet
- Un propos religieux et politique intelligent
- Une atmosphère unique
On a moins aimé
- Beaucoup
- Trop
- Lent
- Zzzzzzzz…
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