Au regard de sa couverture médiatique sans précédent, jusqu’à s’offrir la une du Figaro et un reportage de six pages dans Libération, l’album de Carla Bruni est un bide. Nous avions déjà eu l’occasion de le noter. Mais voilà, personne ne semble d’accord sur les chiffres, et l’affaire tourne au règlement de comptes.

Samedi, Libération (dont les journalistes ont peu goûté le souhait du directeur de la rédaction d’offrir leur vitrine à la Première Dame) a accusé la maison de disques Naïve d’avoir été pris « les doigts dans la confiture« , en annonçant d’abord à la mi-août 300.000 exemplaires vendus en France et à l’étranger, avant de revenir ce mois-ci au chiffre beaucoup moins flâteur de 80.000 disques écoulés.

Droit de réponse du patron de Naïve Patrick Zelnick ce jeudi dans le même journal, qui dénonce pour sa part « la polémique sur les chiffres » qui serait « un débat interprofessionnel qui n’a pas grand intérêt pour le public« . Il explique ainsi que les producteurs, soucieux d’avoir des données fiables, basent leurs chiffres sur le nombre de CD envoyés aux magasins, et non sur le nombre de CD effectivement achetés par les clients. « La mise en place initiale (107 000 albums) s’est pratiquement écoulée puisque les ventes aux consommateurs ont atteint 85 000 albums (et non pas 80 000), en conséquence les magasins ont déjà réapprovisionné 68 000 albums d’où le total de 175 000 pour la France« , détaille le producteur. Ce à quoi il faudrait ajouter 190.000 exemplaires à l’étranger.

Patrick Zelnick oublie toutefois que la polémique est entretenue par l’organisation des producteurs indépendants elle-même. Numerama avait en effet reçu le 9 septembre, comme l’ensemble des journalistes figurant dans leur fichier, un communiqué de l’UPFI nous informant fièrement que « les ventes de cet album ont atteint 174 419 exemplaires en France, soit plus de deux fois le seuil de 75 000 exemplaires correspondant à la certification d’un album disque d’or« . Or ça n’est pas dans les habitudes de l’UFPI d’envoyer ainsi un communiqué pour chaque certification, ad hominem.

On rappellera d’ailleurs, à propos des « disques d’or », que le seuil a été abaissé il y a deux ans. Jusqu’en 2006, il fallait en effet vendre 100.000 exemplaires d’un disque pour recevoir un disque d’or, contre 75.000 aujourd’hui. Constatant que le nombre d’élus baissait chaque année, la profession s’était mise d’accord pour abaisser le nombre de ventes minimum requis. Ce qui, au final, n’a contribué qu’à dévaloriser un peu plus les disques d’or, qui ne veulent plus dire grand chose…

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