Et si à l’âge de 30 ans, vous faisiez face à votre « vous » de 12 ans, débarquant dans votre salon, jugeant vos réussites et vos échecs ? Inversement, imaginez être l’enfant de 12 ans en train de découvrir tout ce que vous deviendrez et ne deviendrez pas. Cette situation cocasse — et diablement angoissante — est au cœur de Paper Girls, la nouvelle série de Prime Video, disponible sur la plateforme depuis le 29 juillet 2022.
Composée de 8 épisodes, elle est adaptée des comics cultes de Brian K. Vaughan et Cliff Chiang. De nombreuses scènes et ressorts ont été modifiés, mais elle en reprend assez fidèlement la structure, en particulier pour les quatre héroïnes : Erin, Mac, Tiffany et KJ. C’est au lendemain d’Halloween, en 1988, que la vie des jeunes filles est bouleversée alors qu’elles n’ont que 12 ans et qu’elles ne se connaissent pas vraiment.
En quelques secondes, leur tournée de livreuses de journaux devient du grand n’importe quoi : ciel rose, pluie imprévue, rues vides, machine bizarre, hommes et femmes au comportement étrange, appareils inconnus. Un joyeux bazar qui les amène chez Erin, où elles font la rencontre… d’une Erin du futur, en 2019. Mais ce n’est alors que le début, puisqu’elles se retrouvent au beau milieu d’une guerre temporelle entre l’Ancienne Garde (voyageurs temporels conservateurs) et l’Underground (voyageurs temporels rebelles).
Ce n’est pas du Stranger Things réchauffé
Si Paper Girls pouvait faire écho à Stranger Things — un groupe d’enfants faisant face à des phénomènes étranges dans les années 1970-80 –, la comparaison ne tient qu’en apparence. Il y a en réalité assez peu de similitude avec le surnaturel et le ton de Stranger Things. La série de Prime Video tient plutôt en une forme teenage et pop de Dark, de Continuum ou encore de Travelers, des œuvres de science-fiction explorant le voyage dans le temps et ses répercussions.
Mais, contrairement à la plupart des personnages des récits de voyages temporels, les quatre héroïnes sont assez peu actrices de leur propre aventure temporelle, qu’elles subissent surtout. D’où un premier épisode certes un peu trop chaotique, mais qui a le mérite de projeter les personnages dans un méli-mélo soudain, un choc préalable où tout part en vrille.
De même, Paper Girls s’attache assez peu à construire un univers pop culturel référencé. Les codes de l’aventure deviennent limpides relativement tôt. Même la guerre temporelle, qui structure l’ensemble, nous apparaît très lointaine narrativement. Car si le destin de l’humanité est théoriquement en jeu, les véritables problèmes sont à l’échelle adolescente des quatre héroïnes. Avec cette sorte de miroir narratif posé entre deux versions de chaque personnage, à des instants éloignés d’une même vie, il s’agit d’un récit initiatique s’appliquant aussi bien aux quatre jeunes filles qu’à « leurs » adultes.
La saison 2, vite !
Paper Girls est une série bonbon, plaisante à regarder. Les mésaventures sont menées tambours battants à grand renfort de cliffhangers. C’est ce qui sauve d’ailleurs les deux premiers épisodes : à ce stade, on n’a pas (encore) le temps de s’attacher aux personnages ni de comprendre exactement ce qu’il se passe, mais l’on veut savoir la suite. Et cela vaut le coup.
Dès l’épisode 3, les éventuelles inquiétudes posées au tout début s’envolent. Le chaos se calme, les éléments sont posés, les instants de calme sont possibles, les relations entre personnages peuvent être explorées dans ce qui se révèle être une très belle histoire d’amitié. Certains dialogues savamment écrits, ou même de simples façons de se comporter — comme les regards souvent lancés par KJ –, en viennent à nous toucher au cœur. Et ce, grâce à quatre héroïnes qui sortent de l’ordinaire, aux personnalités variées et à moult tiroirs, dont les réactions sont difficiles à anticiper dans leurs singularités.
Résultat, on ne voit pas passer les 8 épisodes et, la saison 1 achevée, l’empreinte laissée par Erin, Mac, Tiffany et KJ reste marquante — on saluera donc des performances de choix pour ces jeunes actrices. On attend la saison 2, impatiemment.
Paper Girls, saison 1, sur Amazon Prime Video depuis le 29 juillet 2022.
Le verdict
Paper Girls
Voir la ficheOn a aimé
- Quatre héroïnes différentes, attachantes
- Captivant
- Des séquences émotives derrière la légereté
On a moins aimé
- L’épisode 1 est un sacré bazar
Bon, qu’on se le dise : on veut ardemment que Prime Video livre une saison 2 à Papier Girls. L’adaptation des comics du même nom est réussie. Le récit, mené tambours battants, ne cesse de nous captiver à la façon d’une série bonbon terriblement agréable à regarder — on ne voit pas passer les 8 épisodes. Mais les dialogues et les réactions de certains personnages parviennent également à nous toucher plus profondément qu’on ne l’imagine au début de la saison. Il en résulte une série avec du cœur, qui trouve nettement sa place dans le paysage sériel grâce à ses quatre héroïnes sortant de l’ordinaire.
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