The Last of Us Part I me pose un véritable cas de conscience. Je pourrais effectivement fermer les yeux sur son prix exorbitant de 80 € alors qu’il n’est qu’un remake, préférant mettre en avant ses qualités de chef-d’œuvre (déjà appréciées sur PS3 et PS4). Oui, The Last of Us Part I est visuellement ébouriffant. Mais à qui s’adresse-t-il vraiment ? Pourquoi le conseiller à celles et ceux qui ont déjà payé plein pot par le passé ? Doit-on en vouloir à Sony d’avoir oublié ce petit geste commercial qui changerait cette perception, alors que la PS5 vient, en prime, d’observer une hausse tarifaire ?
Vous l’aurez compris, cette deuxième relecture de The Last of Us — puisqu’il y a déjà eu un remaster, certes moins ambitieux, sur PS4 — est très difficile à juger. J’en viendrais presque à envier les novices de l’univers post-apocalyptique imaginé par Naugthy Dog, puisqu’ils pourront s’y plonger dans les meilleures conditions, sur une console qui offre un confort sensationnel. Mais je ne peux m’empêcher d’avoir une petite pensée pour les fans qui s’apprêtent à enrichir encore Sony dans le but de redécouvrir un monument. D’un côté, l’émerveillement. De l’autre, la réalité. Et rien entre deux.
The Last of Us Part I n’a jamais été aussi beau
Paradoxalement, la saga The Last of Us n’a jamais eu le sens du timing. Le premier opus est sorti en 2013 sur PS3, quelques mois seulement avant le lancement de la PS4. The Last Of Us Part II est sorti en 2020 sur PS4, quelques mois seulement avant le lancement de la PS5. The Last Of Us Part I permet en quelque sorte de conjurer le sort, en intégrant le catalogue d’une console encore loin d’être exploitée à son plein potentiel. On aurait préféré un The Last of Us Part III, mais Naughty Dog mise sur le remake d’un jeu qui n’a même pas fêté ses dix ans.
Sur la forme, un tel projet est discutable, d’autant que les souvenirs liés au The Last of Us original, encore bien ancré dans les mémoires, ne sont aucunement entachés d’une dette technique. Qu’importe : derrière une stratégie d’abord commerciale, au moins à but promotionnel (une série TV arrive sur HBO), il faut bien reconnaître que The Last of Us Part I est magnifique. Vous n’allez pas en croire vos yeux et, surtout, vous ne risquez pas de reconnaître le casting, qui affiche des visages en phase avec leur — dure — réalité (ce qui a d’ailleurs valu quelques commentaires misogynes sur Tess, qui est beaucoup moins sexy dans ce remake). Rien que pour cette raison, les fans vont être en émoi. Une raison qui permet aussi d’assurer une meilleure continuité visuelle avec The Last Of Us Part II — l’un sinon le plus beau jeu de la PS4.
Les images, ainsi que les bandes-annonces déjà disponibles, parlent d’elles-mêmes. Le gap est sensationnel. Délectez-vous des panoramas vertigineux, qui offrent une ouverture sur une nature qui reprend ses droits (les extérieurs sont à tomber, quand les intérieurs se révèlent moins incroyables). Appréciez les animations et expressions du casting, plus authentiques encore. Le niveau de détails est prodigieux, même à l’échelle du microscopique (les yeux, la chair des personnes infectées…), même quand on enclenche le mode d’affichage axé sur la performance (qui privilégie la fluidité sans compromettre la précision des images). La redécouverte est totale, le plaisir omniprésent. Attention, le gore, qui a tendance à se nourrir d’une finesse graphique accrue, fait encore plus froid dans le dos. C’est saisissant.
Un remake malgré tout survendu
La même histoire
The Last of Us Part I propose, à la ligne près, la même histoire que The Last of Us. Il contient aussi l’extension Left Behind, qui sert de prologue.
Si le ravalement de façade proposé par The Last of Us Part I donne parfois le vertige, dans le bon sens du terme, le gameplay ne fait pas tomber à la renverse. Sur ce point, je ne peux m’empêcher de penser que Sony et Naughty Dog ont peut-être un peu trop survendu le remake. Bien sûr, le feeling général est beaucoup plus appréciable qu’à l’époque, le duo formé par Joel et Ellie profitant de mouvements plus naturels. C’est toujours un peu pataud, mais c’est l’orientation réaliste qui veut cela. Par rapport à The Last of Us, c’est le jour et la nuit. Face à The Last of Us Part II, la frontière est plus ténue.
Les développeurs auraient néanmoins pu faire l’effort d’intégrer les quelques ajouts de la suite, la possibilité d’esquiver en tête. Trop souvent, j’ai voulu éviter un Claqueur au dernier moment, pensant que je pouvais le faire. C’est d’autant plus dommage qu’on avait justement mis en exergue les quelques évolutions apportées par The Last of Us Part II. Là, on les regrette. Au mieux, The Last of Us Part I se contente d’arrondir quelques angles, dans le sillage d’une intelligence artificielle peaufinée (encore perfectible dans les phases d’infiltration). Bref, n’attendez pas une révolution dans le gameplay ; les bâtisses — de 2013, rappelons-le — sont toujours les mêmes. Pour le meilleur et pour le pire.
Plus grave encore, The Last of Us Part I se révèle très décevant dans son exploitation de la DualSense, alors qu’il devrait être une vitrine pour la manette remarquable de la PS5. Le retour haptique, garant de vibrations plus fines ? Il est trop sommaire pour convaincre, comparé aux meilleurs élèves (Returnal et Horizon Forbidden West en tête). Les gâchettes adaptatives ? La résistance qu’elles opposent quand on vise avec une arme est bien là, sauf qu’elle est un peu grossière en comparaison de ce que proposait Call of Duty dès la sortie de la console (à savoir : une vraie différenciation dans l’arsenal). Pour une expérience dont l’immersion est censée être un pilier, ne pas davantage exploiter des technologies l’accentuant relève presque de la faute professionnelle. Surtout à 80 €.
En dépit de ces limites qui auraient pu être évitées, The Last of Us Part I reste une aventure comme aucune autre. Rares sont les jeux vidéo à proposer autant de moments forts, susceptibles de rester gravés à jamais dans les esprits. Par sa capacité à n’épargner aucun personnage et sa vision sans concession de l’apocalypse, le récit installe un profond sentiment de malaise qu’il teinte de maturité et de mélancolie. The Last of Us est ce jeu résolument touchant, au regard de sa propension à écœurer (c’est hyper violent) et à émouvoir (la relation Ellie-Joel). Ce Part I a bien des allures de remake, mais elles ne transcendent jamais un gameplay plus proche du remaster.
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