Steelrising se rêve en Dark Souls français. Si certaines idées sont bonnes, les finitions sont un peu trop à revoir pour en faire un

Ma première entrevue avec Steelrising n’a pas été très positive. Je l’ai lancé pour voir, parce qu’il m’attirait beaucoup alors qu’il n’était pas la priorité de mon planning à ce moment-là (Nacon a fourni les clés très tôt et c’est à souligner). Ma curiosité s’est d’abord transformée en désillusion. J’attendais un disciple solide, peut-être un peu convenu, des Dark Souls, ce dont il se revendique. Je me suis retrouvé avec un héritier plutôt fauché, qui aurait presque cinq ans de retard sur le genre perpétré par le studio FromSoftware (qui est déjà loin avec son Elden Ring).

Et puis, il est devenu la priorité de mon agenda (il y avait un certain The Last of Us Part I à tester avant) et la prochaine case à cocher sur mon calendrier. Plutôt que de redémarrer ma partie née dans la déception, j’ai décidé de repartir de zéro, avec une première grosse session ayant atteint au moins quatre heures de jeu. Une durée aussi longue ne veut dire qu’une chose : j’ai appris à aimer Steelrising, malgré ses défauts qui pourront rebuter.

Steelrising // Source : Capture Xbox
L’héroïne de Steelrising est personnalisable // Source : Capture Xbox

Steelrising, ou le charme à la française

Disponibilité

Steelrising est disponible à compter du 8 septembre sur PS5, Xbox Series S, Xbox Series X et PC.

Steelrising mise d’abord sur le charme de son univers pour convaincre. Et comment, en tant que Français, ne pas succomber à ses charmes ? On parle quand même d’un jeu vidéo qui se déroule pendant la Révolution Française. Mais une Révolution dystopique, copieusement revisitée à la sauce steampunk. Dans Steelrising, Louis XVI est un tyran qui assouvit le peuple et met fin à sa révolte grâce à une armée d’automates. Marie-Antoinette charge Aegis, un autre robot, de mettre fin à ce régime dans un Paris qui sent la poudre et le sang. Les développeurs se servent de ce contexte pour nous faire visiter des lieux populaires (Saint-Cloud, Jardin du Luxembourg, Versailles…) et nous proposer des séquences avec des figures historiques (Robespierre et toute sa bande).

Un jeu vidéo qui se déroule pendant la Révolution Française

Néanmoins, il est quand même dommage de voir Steelrising déployer un monde anachronique intéressant sans proposer une traduction dans la langue de Molière autre que manuscrite. Pire, les personnages mélangent l’anglais et le français dans certaines phrases, ce qui bride un peu l’immersion. Cet oubli est d’autant plus étrange que le studio de développement vient bien de notre cher pays… On comprend l’idée de privilégier le marché international, sachant que le titre multiplie les cinématiques pour nourrir son récit, ainsi que les quêtes annexes, confiées par les différents membres de la Révolution (qui ont chacun des motivations très personnelles).

Visuellement, Steelrising n’a rien de résolument moderne. Il souffre clairement de finitions en berne, qui n’aident pas un projet qui pourrait être plus ambitieux. L’éditeur Nacon souhaiterait entrer dans la cour des grands, mais il n’y a pas encore de miracle : avec des ressources limitées, il est difficile de faire mieux, notamment sur les textures, grossières, ou les détails, touffus. Du début à la fin, Steelrising donne l’impression d’être un jeu qui aimerait soulever des poids trop lourds pour ses frêles épaules. La parfaite illustration de ce constat tient dans les expressions faciales. On a parfois l’impression d’être en face de poupées de cire qui sortent du Musée Grévin (un endroit que, bien sûr, on ne visite pas dans l’aventure).

Steelrising // Source : Capture Xbox
On a connu Robespierre plus expressif… // Source : Capture Xbox

Steelrising est un Dark Souls qui a plusieurs trains de retard

Difficulté à la carte

Pour s’éviter une polémique sur la difficulté, Steelrising propose divers modes pour l’adoucir. Ce qui permet d’avoir un défi à la carte.

Steelrising est donc de l’école de ceux qui s’inspirent des Dark Souls pour exister. Il s’agit d’un RPG orienté action, avec une emphase sur les combats — censés être exigeants. Dans la proposition de Spiders, ils ne le sont pas vraiment. Ou, plutôt, ils le sont d’une manière très maladroite. Tout est un peu trop lent dans Steelrising, ce qui peut s’expliquer par le casting presque intégralement composé d’automates. Leurs mouvements logiquement saccadés accouchent d’animations étranges, qui peuvent être très compliquées à appréhender dans les affrontements. Pire, elles ont un comportement très aléatoire, jusqu’à devenir un problème pour un gameplay nécessitant de la précision pour être considéré comme réussi.

Steelrising impose une phase d’apprentissage, indispensable pour bien comprendre comment faire descendre la — grande — barre de vie des ennemis, tout en préservant au maximum la sienne. Je dois avouer que j’ai rapidement trouvé une astuce : taper un ou deux coups au maximum, puis reculer, les adversaires étant rarement très agressifs vers l’avant. Elle ne m’a pas empêché de trouver les rixes fastidieuses, car trop longues… pour rien. Steelrising oublie aussi de proposer des boss dignes de ce nom. Ils ne sont ni impressionnants, ni durs à battre. C’est pourtant un pilier des Dark Souls : nous en faire baver pour que le sentiment d’accomplissement soit immense. Dans Steelrising, cet argument se transforme plutôt en agacement, en raison d’un équilibre vraiment douteux.

Steelrising // Source : Capture Xbox
Il ne fait pas très peur cet ennemi // Source : Capture Xbox

Bien sûr, on retrouve la structure chère à la formule Dark Souls, qui a pris un sérieux coup de vieux depuis la sortie d’Elden Ring. Ne comptez pas sur Steelrising pour devenir un monde ouvert, généreux et immense, en plein Paris. On visite alors des petites zones très linéaires dans l’architecture, composées d’indispensables points de passage et autres raccourcis. On louera quand même la volonté de chercher un peu de verticalité parmi les toits parisiens, une fois qu’Aegis dispose des pouvoirs pour virevolter. L’héroïne, dont on peut personnaliser l’apparence, bouge comme une danseuse étoile. Il faut simplement veiller à ce que sa jauge d’endurance ne tombe pas à zéro, sans quoi ses rouages surchaufferont.

On notera d’ailleurs que Spiders se sert habilement de la condition particulière d’Aegis pour introduire un système de refroidissement qui sert un gameplay porté sur l’offensive. En appuyant sur une touche au moment idoine, on peut récupérer tout ou partie de sa vigueur pour continuer ses enchaînements, à condition de ne pas geler non plus. Les automates de Steelrising sont effectivement sensibles à certains effets, comme le feu ou l’électricité — une aubaine pour se spécialiser, que ce soit quand on gagne des niveaux (attention, vous perdrez vos points si vous ne retournez pas à votre dépouille) ou quand il faut choisir son arsenal. Sur ce point, Steelrising brille : j’ai apprécié me battre avec des sortes de bolas équipées de pics acérés et capables de s’enflammer.

Le verdict

Steelrising représentait un véritable défi pour le studio français Spiders, qui propose un héritier des Dark Souls situé dans un univers très original. Si la Révolution Français est un terrain de jeu très intéressant à explorer, force est de reconnaître que Steelrising pêche dans les finitions, la faute à des ressources insuffisantes pour porter ses ambitions louables.
En résulte une expérience un peu fauchée, dont on apprécie les qualités (le gameplay, une fois qu’on a appris à le dompter) autant qu’on peut en déplorer les défauts. Il lui arrive trop souvent de passer à côté de son sujet pour en faire l’incontournable d’un genre trop codé pour pardonner les errements. Steelrising peine par exemple à offrir des affrontements dignes de ce nom.

Découvrez les bonus

+ rapide, + pratique, + exclusif

Zéro publicité, fonctions avancées de lecture, articles résumés par l'I.A, contenus exclusifs et plus encore.

Découvrez les nombreux avantages de Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Vous avez lu 0 articles sur Numerama ce mois-ci

Il y a une bonne raison de ne pas s'abonner à

Tout le monde n'a pas les moyens de payer pour l'information.
C'est pourquoi nous maintenons notre journalisme ouvert à tous.

Mais si vous le pouvez,
voici trois bonnes raisons de soutenir notre travail :

  • 1 Numerama+ contribue à offrir une expérience gratuite à tous les lecteurs de Numerama.
  • 2 Vous profiterez d'une lecture sans publicité, de nombreuses fonctions avancées de lecture et des contenus exclusifs.
  • 3 Aider Numerama dans sa mission : comprendre le présent pour anticiper l'avenir.

Si vous croyez en un web gratuit et à une information de qualité accessible au plus grand nombre, rejoignez Numerama+.

S'abonner à Numerama+

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez les suivants : ne les manquez pas en vous abonnant à Numerama sur Google News.

Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.