Vous n’êtes sans doute pas sans savoir que les jeux vidéo sont constamment testés pendant leur développement. Une cellule qualité, interne ou externe, est dédiée à cette tâche assez ingrate, tout au long du cycle de production. Plusieurs dizaines de personnes sont alors chargées de chasser les bugs et les dysfonctionnements, afin d’aider les concepteurs à rectifier le tir avant le lancement. Cet objectif est assuré par des humains. Seront-ils un jour remplacés par des robots ?
C’est visiblement le rêve nourri par Matt Booty. L’homme qui se trouve à la tête de Xbox Game Studios a récemment confié que faire appel à des intelligences artificielles pour tester des jeux serait révolutionnaire. « Certains processus que nous avons ne sont plus en phase avec notre rapidité à créer du contenu. Les tests en font partie », indique-t-il dans des propos rapportés par Video Games Chronicles le 5 septembre.
Des IA pour chasser les bugs dans les jeux vidéo
« J’adorerais lancer 10 000 fois un jeu vidéo dans le cloud et déployer une intelligence artificielle qui le testerait toute la nuit afin d’avoir un rapport le matin », confie Matt Booty. Sur le papier, il a parfaitement raison : un robot est capable de répéter les efforts sans jamais se plaindre, se fatiguer ou subir la pression psychologique. Tester un jeu entraîne une répétition des tâches qui peut s’avérer éreintante à la longue, et l’idée serait donc de confier un travail pénible à une machine qui ne s’en rendra pas compte.
Il y a quand même plusieurs biais au fantasme de Matt Booty. Le premier tient dans la sensibilité du testeur. Un robot serait certainement capable de cibler tous les bugs techniques qui peuvent être considérés comme courants. Mais qu’en est-il des situations anormales que seul un humain curieux pourrait voir ? De toute évidence, il faudra toujours des humains pour voir ce qu’une IA, même ultra efficace, ne saura pas.
Il ne faudrait pas non plus occulter la donnée économique sous-entendue dans les propos de Matt Booty. Au-delà de l’aspect productif, employer des robots plutôt que des humains permettrait de faire baisser les coûts de production. À ce sujet, il y a une forme de maladresse dans ce que dit le ponte de Microsoft quand on s’intéresse aux conditions de travail des départements QA de plusieurs grosses entreprises. C’est ce que révèle par exemple un papier de Kotaku, publié en 2021 et centré sur Activision Blizzard. L’article démarre par le tiercé suivant : « Longues heures. Faibles salaires. Instabilité immense ». Le média a révélé d’autres coulisses peu enviables, que ce soit récemment chez Bethesda (en 2022) ou chez Paradox (en 2020).
Ces derniers mois, une prise de conscience a quand même permis d’aboutir à des issues positives pour certains testeurs, qui ont pu créer un syndicat aux États-Unis (une première pour un gros studio) ou être embauchés à temps plein. Tout ça pour être remplacés par une IA dans un futur proche ?
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