Les jeux de plateforme et moi, ça n’a jamais été une folle histoire d’amour. Déjà parce que je ne suis jamais vraiment tombé dedans étant petit, mais surtout parce que j’ai découvert au fil du temps des activités bien plus épanouissantes, comme nettoyer mes pièces de monnaie au coton-tige ou compter le nombre de petits trous dans une feuille d’essuie-tout. En dehors de quelques rares exceptions, c’est un genre que je ne portais pas spécialement dans mon cœur. Alors quand on parle d’un platformer en 3D, c’est généralement même pas la peine d’essayer : il y a toujours un moment où la caméra se coince derrière un élément de décor, où la perspective fait atterrir mon personnage trois mètres plus loin que prévu et où, fondamentalement, je me lassais d’escalader des plateformes pendant deux heures pour le simple plaisir de la grimpette.
Puis j’ai découvert des jeux comme (l’incroyable) Psychonauts 2 en 2021 et le tout récent Tinykin du studio Splashteam. Les deux ont réalisé l’impossible : ils m’ont fait aimer les platformers. Et m’ont rappelé que j’étais peut-être un peu de mauvaise foi.
Dans Tinykin, on a rétréci les boss
Splashteam est un tout petit studio montpelliérain que vous connaissez peut-être déjà pour son précédent jeu Splasher. Il consistait à utiliser un canon à fluides pour asperger les murs des niveaux et ainsi s’octroyer différentes capacités. C’était malin, précis et diablement nerveux, ce qui lui a valu du crédit auprès des amateurs de jeux de plateforme qui voyaient débarquer sur la scène un OVNI pétri d’idée. Splasher est néanmoins sorti il y a cinq ans, et l’équipe a depuis pu travailler sur un nouveau projet : Tinykin, un jeu de plateforme en 3D tellement mignon qu’on a envie de lui grattouiller le menton et de passer des heures blotti contre lui.
Un jeu de plateforme en 3D tellement mignon
Tinykin raconte l’histoire de Milo, un archéologue du futur qui doit faire un petit détour par la planète Terre en 1991 pour réparer une curieuse machine et poursuivre son voyage. Problème : Milo mesure à peine la taille d’une noix et débarque dans une maison qui, elle, est clairement conçue pour des humains. Il part donc à la découverte d’un pavillon familial et de ses différentes pièces, de la salle de bain aux toilettes jusqu’aux étagères de la cuisine et du salon. Un peu comme certaines vieilles maps de Counter-Strike nous faisaient jouer dans une immense chambre à coucher, Splashteam a pensé les niveaux de Tinykin comme des environnements familiers, mais qui deviennent des milieux hostiles et intimidants dès lors que l’on enfile la combinaison d’un explorateur de trois centimètres de haut.
Les livres deviennent d’impressionnants monolithes, les flaques d’eau se transforment en lacs insurmontables et les lacets, d’immenses cordes d’escalade bien pratiques pour prendre un peu de hauteur. En s’appuyant sur des mécaniques de plateforme classiques, Tinykin nous balade de pièce en pièce et nous explique d’un simple survol de la caméra au début de chaque niveau qu’il va falloir faire une chose : grimper. Fort heureusement pour ce bon Milo, même s’il est aussi grand qu’un petit pois, il bouge comme personne. Sauter d’objet en objet est un jeu d’enfant pour lui. Il peut aussi se laisser planer dans une bulle sur quelques mètres ou glisser sur une savonnette pour prendre de la vitesse si ça ne suffit pas. Les phases de plateforme s’enchaînent avec naturel et dynamisme et, quelques rares soucis de caméra mis à part, Tinykin est un jeu de plateforme au sein duquel on prend énormément de plaisir à naviguer.
Un jeu vidéo tout en douceur
Cachées dans chacun des six (vastes) niveaux du jeu, les pièces de la machine que cherche à réparer Milo sont obtenues en réalisant différents objectifs. Il faut parfois retrouver une clé pour ouvrir un cadenas, réparer une mini-scène de festival pour organiser une soirée mousse dans une salle de bain ou aider des petits insectes à lever le voile sur ce mystérieux monstre poilu et bleu qui hante le tiroir de la chambre. Chaque nouvelle pièce donne lieu à de nouveaux problèmes que l’on doit résoudre en fouillant chaque recoin de cette drôle de maison pleine de vie. Pleine de vie, oui, parce qu’on n’est jamais vraiment seul dans cette aventure.
Les Tinykins, qui donnent son nom au jeu, sont des petits êtres qui squattent les pièces de la maison et se mettront à suivre Milo dès que celui-ci marche sur leurs œufs. C’est là que le jeu de la Splashteam révèle une autre idée maligne : le contrôle des Tinykins, qui nous suivent comme une petite armée de Pikmin que l’on peut diriger au doigt et à l’œil. D’une simple pression de gâchette, on peut utiliser les Tinykins roses pour porter des objets lourds, appeler les rouges à la rescousse pour faire exploser des parois de décor ou empiler les verts pour se former une tour d’escalade improvisée où bon nous semble. Le contrôle de ces sbires est une mécanique essentielle qui s’étoffe au fil des niveaux à mesure que de nouvelles couleurs de Tinykins viendront se greffer autour de Milo.
Un véritable distributeur de sourires
Chaque couleur amène une capacité différente, et une nouvelle façon d’appréhender certaines parties des niveaux. Cela servira la plupart du temps à accomplir les petites missions que l’on découvre en discutant avec les personnages, ou à récupérer l’ensemble des objets cachés pour les exposer dans notre petit musée personnel une fois rentré au QG. L’ajout des Tinykins densifie un peu les séquences de plateforme et s’inscrit parfaitement dans la verticalité du jeu. Mais il ne faut pas en attendre non plus un système de synergies complexe ou une invitation au gameplay émergent. Le jeu de Splashteam est assez nettement balisé, permettant même aux moins habitués du genre de savoir quelle petite créature utiliser pour venir à bout d’une situation donnée. Certains pourront sans doute y voir un manque de challenge, d’autres y verront une volonté d’accessibilité qui permet de se concentrer sur l’autre grande réussite du titre : c’est un véritable distributeur de sourires.
Sur les six à huit heures qui suffisent pour terminer Tinykin, il n’y a pas un moment où on a l’impression de se prendre la tête, ou de passer un moment désagréable. On parcourt la maison avec le sourire aux lèvres et on s’émerveille en permanence de la découverte d’un nouveau lieu, d’un personnage ou d’une petite référence fourrée dans l’un des dialogues. Visuellement, le jeu est fantastique. Le mélange de décors en 3D et de sprites 2D crée une ambiance délicieuse quand tout s’anime sous nos yeux au moindre de nos mouvements — et il y a une foule de petits détails à repérer dans les environnements pour les plus attentifs.
Il faut aussi vivement saluer tout le travail réalisé sur la cohérence sonore, tant à travers la bande-son du jeu que par la symphonie de bruitages qui habillent le moindre ramassage d’objet ou la découverte d’un secret. Et s’il fallait encore convaincre qui que ce soit du soin apporté aux plus petits détails du jeu, sachez que même les Tinykins chantent en rythme avec la musique lorsqu’ils soulèvent un objet lourd.
Tout ça cohabite dans un univers enchanteur et débordant de surprises, de friandises visuelles et de choses à raconter dans l’environnement, comme si la maison pouvait raconter son histoire à travers les décors du jeu. D’un bout à l’autre de l’aventure, Tinykin surprend par toutes ces petites capsules d’émerveillement qui suffisent à elles seules à donner du sens à l’exploration et à inciter à aller plus loin. Que vous soyez juste là pour l’aventure ou pour l’obsession de la collection, il y a fort à parier que le très sympathique jeu de Splashteam vous aspire dans son drôle d’univers, par sa générosité et sa douceur immenses. Et, qui sait, il pourrait même vous réconcilier avec les jeux de plateforme. Il est plutôt doué pour ça.
Le verdict
Tinykin
Voir la ficheOn a aimé
- Découvrir chaque pièce de la maison
- L’ambiance
- Drôle, doux et généreux
On a moins aimé
- Quelques soucis de précision dans la plateforme
- Assez peu de synergies entre les Tinykins
- Les petits ralentissements
Sous ses airs de petit jeu de plateforme assez classique, Tinykin est un véritable concentré de douceur et d’émerveillement. C’est un titre enfantin et chaleureux, qui rappelle le goût de la brioche qui sort du grille-pain, celle qu’on s’enfile en rentrant de l’école devant les dessins animés. Une aventure de six à huit heures, parfaite pour passer un bon dimanche après-midi pantoufles et chocolat chaud. Et en plus, c’est dans le Game Pass…
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