Dans un discours qui ressemble à un immense rétropédalage, le PDG d’Ubisoft a fait comprendre que les NFT lancés par l’entreprise n’auraient finalement été pensés que dans un but de recherche. Une belle pirouette quand on se souvient du tollé provoqué.

Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft, a reparlé des NFT en des termes moins enthousiastes que la dernière fois. Il faut dire qu’il s’agit d’un marché controversé, sur lequel s’est lancée son entreprise en fin d’année dernière avec un immense tollé à la clé — même en interne où l’initiative avait été jugée désastreuse.

Dans un entretien accordé à GamesIndustry le 10 septembre, il a expliqué que les fameux « Quartz » attachés au jeu vidéo Ghost Recon Breakpoint, n’auraient été développés que pour explorer des possibilités d’évolution du jeu vidéo. « Explorer ne veut pas dire lancer », affirme-t-il. « Nous n’avons pas été très bons, dans la manière dont nous avons expliqué qu’on faisait plutôt de la recherche (…) On aurait dû dire qu’on travaillait sur le sujet, et que quand on aura quelque chose qui vous apportera un vrai bénéfice, nous vous l’apporterons. »

Il faut dire qu’à l’époque, il était pourtant bel et bien possible d’acheter les « Quartz » d’Ubisoft (des NFT) avec de la cryptomonnaie. Que disait le communiqué de presse initial, daté du 7 décembre 2021 ? Qu’Ubisoft lançait « la première plateforme de NFT éco-responsables et jouables dans des jeux triple A ». Elle était à la fois une « nouvelle expérimentation » et « la première étape (…) pour le développement d’un véritable métavers ».

Nicolas Pouard, vice-président du département Strategic Innovations Lab, avait même assuré, non sans une pointe de condescendance, que les joueurs et joueuses n’avaient tout simplement pas bien compris ce qu’étaient les NFT et leur potentiel : « Je pense que les joueurs ne comprennent pas encore ce qu’un tel marché peut leur apporter. Pour le moment, en raison du contexte qui entoure les NFT, les joueurs pensent d’abord qu’ils détruisent l’environnement, puisqu’ils ne servent qu’à spéculer. Mais, au sein d’Ubisoft, nous voyons bien plus loin. » Des propos qui semblent déjà bien lointains…

Les premiers NFT du jeu vidéo Ghost Recon Breakpoint // Source : Capture d'écran
Les premiers NFT du jeu vidéo Ghost Recon Breakpoint // Source : Capture d’écran

Ubisoft regrette les NFT

Yves Guillemot justifie le geste par la capacité d’Ubisoft à se lancer très vite dans les nouvelles technologies — une intention parfois louable, il est vrai. « Nous nous sommes lancés très tôt dans la VR et dans la Wii [motion gaming] — on essaie toujours de nouvelles choses. Parfois, ça marche. Parfois, non (…). Le but d’une entreprise est toujours de créer la meilleure expérience possible et les nouvelles technologies aident, car il y a moins de concurrence et les gens sont plus intéressés », affirme-t-il. Ubisoft a donc eu peur de louper le train en marche, mais a de facto contribué à renforcer l’engouement pour un produit très controversé.

Au-delà de l’argument écologique, sur lequel Ubisoft s’est voulu le plus rassurant possible avec la blockchain écoresponsable Tezos (2,5g de Co² par transaction), ses Quartz n’avaient jamais convaincu sur le bénéfice réel pour les joueuses et les joueurs.

Officiellement, le PDG n’enterre pas totalement les NFT : « C’est une industrie qui évolue rapidement et elle est très prudente sur ses impacts. Comme beaucoup de choses, à ses débuts, c’est imparfait, mais comme d’autres technologies, ils parviendront à trouver la bonne voie. » À suivre.

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