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The Handmaid’s Tale, adaptée du roman de Margaret Atwood, aurait largement dû s’arrêter après sa première saison triomphale, en 2017. Elle serait alors restée un monument de la pop culture, iconique par ses costumes et révolutionnaire par son positionnement féministe inspirant. Seulement voilà : la série a continué, pendant trois longues saisons, toutes plus inégales les unes que les autres. The Handmaid’s Tale s’est ainsi empêtrée dans une esthétique de la violence ambivalente et un propos parfois confus, malgré d’excellentes idées de mise en scène.
Cinq ans après ses débuts fracassants à la télévision, la série vient d’être renouvelée pour une ultime sixième saison et une adaptation des Testaments, le dernier roman de Margaret Atwood, serait même dans les tuyaux. Alors la Servante Écarlate pourrait-elle parvenir à remonter la pente et à se renouveler, pour son avant-dernière saison, diffusée dès le 15 septembre sur OCS ? Pour sauver sa peau et retrouver sa flamme d’antan, The Handmaid’s Tale devrait en tout cas suivre ces cinq recommandations.
Attention, spoilers dans la suite de cet article sur les quatre premières saisons de The Handmaid’s Tale.
Un Handmaid’s Tale avec moins de June
Cela fait désormais partie de l’identité de la série : chaque épisode nous fait profiter de dizaines de gros plans sur la tête de June, incarnée par Elisabeth Moss. Évidemment, la comédienne de Mad Men est toujours formidable, mais on commence vraiment à se lasser de ces portraits redondants, censés souligner la rage grandissante du personnage. Donc pitié, donnez-nous moins de gros plans et surtout moins d’arcs narratifs autour de cette anti-héroïne, qui est, certes, centrale, mais qui devient surtout de plus en plus toxique au fil des saisons.
June est tellement détestable que le message de The Handmaid’s Tale se perd un peu plus à chaque nouvel épisode, notamment dans la saison 4, dans laquelle elle force Emily à se confronter à l’une de ses tortionnaires. La série est censée être féministe mais met en scène un personnage si problématique, que ses combats finissent par paraître presque injustes, même aux esprits les plus sensibilisés aux questions de genre. Et on ne parle même pas du fait que June finisse par rester ou retourner délibérément à Gilead à chaque saison : si elle persiste dans cette voie dans les nouveaux épisodes, on plie définitivement bagage.
Par pitié, plus de crédibilité
Justement, parlons-en de ces allers-retours à Gilead : au fil des épisodes, on dirait bien que le créateur de la série, Bruce Miller, a laissé la crédibilité au placard. Les saisons 3 et 4 sont particulièrement gratinées à ce sujet. Alors que June est la plus grande menace de cette dictature dystopique, ce sont toujours les femmes autour d’elles qui sont violentées, menacées, exécutées, excisées ou amputées. June, elle, est régulièrement restée indemne. Le personnage principal de la série est beaucoup trop épargné pour que cela soit crédible.
Et la dernière saison ne s’améliorait pas, le pire étant probablement cette histoire de femmes résistantes, toujours coincées à Gilead, dont la liberté a été négociée par June contre celle de Fred Waterford. L’anti-héroïne nous bassine depuis des saisons avec sa fille Hannah, qu’elle meurt d’envie de retrouver, mais elle ne pense même pas à l’inclure dans l’échange ? Et que dire de Janine ? June sait pourtant désormais que son amie est vivante, mais a de nouveau été capturée par Gilead… Bref, rien ne va, et les premières images de la saison 5 ne semblent pas améliorer la vraisemblance de la série.
Plus de respect pour ses personnages
The Handmaid’s Tale a toujours proposé une galerie de personnages féminins complexes et d’une grande diversité. De Tante Lydia à Serena en passant par Emily, les femmes sont à l’honneur avec leurs failles et leurs faiblesses. Mais à force de se centrer uniquement sur le destin de June, la série en oublie parfois ce groupe finalement beaucoup plus intéressant que la protagoniste principale, franchement pénible.
The Handmaid’s Tale a même saccagé de nombreux arcs narratifs, comme celui de Tante Lydia, en expliquant son engagement à Gilead par le simple rejet amoureux d’un homme de son entourage. Le personnage, aussi sadique qu’empathique, aurait clairement mérité mieux qu’une origin story douteuse, bâclée en un épisode. D’autres survivantes de l’enfer de Gilead comme Moira ou Emily restent également beaucoup trop dans l’ombre de June, l’éternelle sauveuse, et c’est bien dommage.
Moins de violence esthétisée
Dès ses débuts, la série a été saluée pour sa représentation crue des violences faites aux femmes, montrées pour une fois d’un point de vue féminin. Mais passée la première saison, The Handmaid’s Tale a finit par se vautrer dans des séquences interminables, davantage destinées à perpétuer des décennies de violences patriarcales gratuites à l’écran, qu’à réellement les dénoncer. Évidemment, la série possède l’atout non négligeable de nous obliger à regarder la vérité en face, comme des millions de femmes la vivent chaque jour, sans détourner le regard.
Mais cette brutalité est si souvent montrée de façon esthétique, que l’on ne sait plus vraiment si The Handmaid’s Tale est une œuvre engagée ou simplement voyeuriste. La série a même été au cœur de débats féministes pour son « torture porn », une forme de cinéma d’horreur qui met en avant un sadisme gratuit et tourné vers les femmes. Ainsi, il ne se passe presque plus un épisode sans qu’une scène de violences sexuelles, de pendaison ou de torture psychologique ne soit montrée à l’écran, et ça finit par être pénible. On le sait, pourtant : la série est capable de magnifiques séquences, dotées d’une superbe bande-son. L’épisode 3 de la saison 4, qui se terminait par une scène de train traumatisante, le prouvait avec brio en utilisant beaucoup le hors-champ, davantage que la violence frontale. Alors donnez-nous moins de sang et de scènes choquantes et plus de propos féministe.
Plus de parallèles avec notre réalité
En parlant de narration engagée, The Handmaid’s Tale a régulièrement été citée comme l’une des meilleures séries féministes de ces dernières années. Et il est vrai qu’elle est arrivée pile au bon moment, en 2017, seulement quelques mois après l’élection de Donald Trump aux États-Unis. De nombreuses militantes féministes s’étaient alors emparées du propos de la série pour défiler dans les rues, vêtues du costume emblématique des servantes écarlates. Et la série nous a offert son lot de monologues puissants, dont les parallèles avec notre réalité donnaient froid dans le dos.
Mais en 2022, l’arrêt historique Roe v. Wade, qui inscrivait l’avortement dans la Constitution américaine, a été supprimé par la Cour suprême, et le propos de The Handmaid’s Tale devient donc encore plus politique. Les costumes rouges ont d’ailleurs été ressortis par des manifestantes américaines, en juin, pour faire face aux « pro-life » qui refusent le droit à l’avortement. Les parallèles entre fiction et réalité sont de plus en plus terrifiants, puisqu’à Gilead, les servantes sont condamnées à enfanter, sans avoir le choix. Pour sa cinquième saison, on aimerait que la série prenne clairement position sur ce sujet majeur des droits des femmes. D’autant que les derniers épisodes proposaient des sous-entendus vraiment malsains autour de la maternité et de ce qui constituait ou non une bonne mère. June, on t’attend au tournant.
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