Les passionnés de jeux vidéo découvraient en mai 2019 la Playdate, une petite console jaune affublée d’une manivelle — une spécificité qui la rend unique et… intrigante. Une épidémie de coronavirus, ayant retardé les plans de l’entreprise derrière sa conception, plus tard et nous voilà enfin en possession de cet objet vendu 179 $ (soit 179 €, hors frais de port, avec une livraison désormais prévue pour 2023). Quelques heures en sa compagnie suffisent pour affirmer que tout est un peu atypique avec cette Playdate, dotée d’un charme immédiat dès le déballage.
Quand vous achetez la Playdate, vous recevez aussi 24 jeux, qui s’installeront automatiquement sur l’espace de stockage de la console à raison de deux par semaine (ce qui donne vraiment le temps de les découvrir). Sur le site officiel, on peut lire qu’il s’agit d’une première saison, suggérant qu’il y en aura une deuxième à l’avenir. Rien n’a été confirmé en ce sens pour le moment, sachant que l’entreprise Panic compte aussi sur l’effort de la communauté pour garnir le catalogue de la Playdate — en fournissant un outil de création complet (accessible à cette adresse).
Des finitions exemplaires pour un si petit produit
Après avoir ouvert le petit carton d’emballage protégeant la Playdate, on est vite séduit par la proposition de Panic concernant le hardware. Au-delà des considérations esthétiques qui en font un produit extrêmement mignon, mélange de néo-rétro (une micro GameBoy) et d’audace (la manivelle, forcément), les finitions sont exemplaires, presque surprenantes. On sent que les concepteurs ont d’abord voulu donner naissance à une console qui ne serait pas un simple jouet sujet aux moqueries. En termes de qualité de fabrication, on est au niveau des constructeurs établis comme Sony, Microsoft ou Nintendo — ce qui en dit beaucoup sur le soin accordé par Panic. C’est même mieux, quand on compare aux Game & Watch de Nintendo. Pour les collectionneurs, c’est une petite merveille.
Nous ne sommes pas en possession de la Playdate depuis suffisamment longtemps pour juger de sa solidité. Mais, nous sommes assez confiants, d’autant qu’elle est assez facile à réparer. Même la manivelle, qui se rétracte pour s’insérer astucieusement sur la tranche droite, n’a pas l’air fragile. Notre seule crainte pourrait finalement venir de la couleur jaune, laquelle sera peut-être salissante sur le long terme. En tout cas, le plastique est très agréable au toucher, les boutons répondent bien quand on clique dessus et l’écran, bien que non rétroéclairé, monochrome et petit, est lisible. L’unique haut-parleur, pour sa part, délivre un rendu assez puissant pour ne pas avoir à tendre l’oreille (au pire, il y a un port jack).
Il faudra bien évidemment s’accommoder d’une ergonomie un peu à l’ancienne (il y a si peu de boutons), jamais aidée par des mensurations d’un autre temps. Oui, la Playdate est destinée à se glisser facilement dans une poche, mais son étroitesse pourra poser un problème aux plus grandes mains sur de longues sessions. Excepté ce petit défaut, on prend un plaisir à naviguer dans la Playdate, capable d’offrir une autonomie de 14 jours en veille — veille qui affiche constamment l’heure et la date. Vous l’aurez compris, il y a beaucoup de bonnes petites idées dans cette Playdate.
La manivelle a-t-elle (toujours) un intérêt ?
Comme la distribution des premiers jeux de la Playdate s’étale sur plusieurs semaines (ils sont donnés sous forme de cadeaux, avec de belles animations quand on les déballe), nous n’avons pas pu tout tester. Mais, notre expérience nous permet quand même de se faire un avis sur la manivelle : hélas, elle n’est pas tout le temps utilisée comme on l’espérerait. Bien sûr, il ne faut pas s’attendre à des jeux très ambitieux sur la Playdate, plutôt à de petites expériences plus ou moins réussies. Elles misent un peu sur la nostalgie pour convaincre, avec un feeling global qui rappelle la première GameBoy.
La meilleure vitrine pour le gameplay à la manivelle est sans conteste Crankin’s Time Travel Adventure, dans lequel on incarne un personnage qui doit se rendre à l’heure à un rendez-vous amoureux. On le dirige uniquement en actionnant la manivelle, sachant que l’on agit en réalité sur le temps : en moulinant vers le haut, on l’avance, en moulinant vers le bas, on le recule. Le but ? Éviter des obstacles en maniant au mieux la manivelle, parfois avec une précision au millimètre. C’est vraiment brillant et, en prime, c’est très drôle.
On adore aussi la manière dont Casual Birder se sert du principal argument de la Playdate. Dans ce jeu d’aventure, on doit prendre des photos. Pour qu’elles soient nettes, il faut faire la mise au point à l’aide de la manivelle. Là encore, c’est une utilisation intelligente. Elle s’avère en revanche beaucoup moins convaincante dans Pick Pack Pup, un puzzle game finalement très classique dans le gameplay, où la manivelle ne sert qu’à faire avancer les dialogues. Dans le jeu de rythme Boogie Loops, elle n’est pas sollicitée du tout, ce qui est décevant. En somme, il faut comprendre que la manivelle n’est pas toujours au cœur du gameplay des différents jeux.
Il y a donc un peu de tout dans le catalogue de la Playdate, qui séduit un peu moins sur ses qualités purement ludiques. Il faut davantage y voir un portail vers des mini-jeux un peu bonbons, lesquels peuvent autant émerveiller que décevoir. Il y a un côté « pain surprise » qui fait partie intégrante de l’expérience Playdate. C’est saugrenu, très étonnant et profondément novateur.
C’est une autre façon de consommer du jeu vidéo qui plaira un peu plus aux personnes curieuses. Celles et ceux qui n’auront pas peur de passer par toutes les émotions et qui partiront en quête de toutes ces petites trouvailles imaginées par Panic (même l’introduction liée au premier allumage est bien travaillée). On ne sait pas de quoi sera fait l’avenir de la Playdate, mais le présent saura déjà satisfaire les amateurs d’objets un peu en marge. Ses arguments sont amplement suffisants pour la préférer à toutes les autres consoles mini qui se contentent un peu trop du strict minimum.
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