Des morceaux de musique bien énervés, hérités du métal, une violence exacerbée pleinement assumée, une pelletée de démons tous plus affreux les uns que les autres… Il ne s’agit pas d’un nouvel épisode de la saga culte Doom, mais d’un rejeton un tantinet arrogant baptisé Metal: Hellsinger et développé par le studio The Outsiders originaire de Suède. Là où sont justement nés des groupes de métal comme Soilwork, Marduk ou encore Dark Funeral.
Il est bien évidemment difficile de dissocier Metal: Hellsinger de sa bande son. Pour aimer le jeu, il faut apprécier les gros riffs de guitare électrique, les assauts des baguettes sur les caisses d’une batterie, façon mitrailleuse, et les chanteurs qui hurlent les pires insanités au micro (ne me jugez pas sur ces clichés, j’écoute du métal). Pire, il faut savoir tendre l’oreille pour bien jouer. Car Metal: Hellsinger transforme l’expérience du Doom-like en une expérience rythmique, avec un casting de stars qui parlera aux amatrices et aux amateurs : Serj Tankian de System of a Down, Alissa White-Gluz de Arch Enemy ou encore Björn Strid de Soilwork.
Il faut savoir jouer avec les oreilles
Jouez en mode performance
Sur console, Metal: Hellsinger offre deux modes d’affichage. Optez pour l’option axée sur la performance, la fluidité étant importante pour ce gameplay.
Il y a quelque chose de vraiment déroutant avec ce Metal: Hellsinger. Dans ce type de jeu de tir articulé autour d’une action frénétique, on a tendance à vouloir vider constamment son chargeur pour ne pas perdre le flow des affrontements. Ici, il y a la notion du tempo qui est primordiale. Il faut apprendre à dompter le rythme du morceau qui se joue dans le fond (que ce soit à l’oreille ou avec des indicateurs visuels), afin de faire monter une jauge qui rend les attaques plus puissantes et fait grimper le score beaucoup plus haut. Par conséquent, il est parfois nécessaire de retarder ses tirs, ce qui pourrait paraître contre-intuitif.
Le gameplay de Metal: Hellsinger est donc plutôt malin, en gardant en mémoire que tout est prétexte à jouer sur la rythmique. Il va falloir apprendre à placer les esquives au bon moment, à maintenir son multiplicateur en tirant sur un élément du décor destructible ou encore à exécuter les ennemis dans le bon timing (ce qui permet de se soigner, au passage). Metal: Hellsinger impose d’apprendre de nouveaux réflexes et de retravailler ses habitudes dans un genre que l’on croyait très balisé — mais qui continue d’être surprenant, à l’image du formidable Doom Eternal. La proposition de The Outsiders ne va pas aussi loin que son aîné dans ce caractère épique et grandiose de la violence, mais elle se rattrape par un pas de côté qui tombe sous le sens et s’apparente à une évidence.
En dehors de cette distinction susceptible de faire toute la différence, mais qui pourra tout autant rebuter, Metal: Hellsinger n’invente pas grand-chose. Son scénario — une ex-chanteuse démoniaque doit retrouver sa voix — est risible (quoiqu’un peu poétique). Sa galerie d’ennemis manque un peu d’épaisseur. Sa direction artistique est quelconque dans sa représentation des Enfers (c’est souvent très rouge et très sombre) et sa structure est rectiligne : on enchaîne les chapitres composés d’arènes nous emmenant à un boss (qui est toujours le même, avec une forme différente).
Éventuellement, on pourra terminer les quelques épreuves bonus pour débloquer des avantages statiques. Un exemple ? L’augmentation des dégâts quand on n’a plus beaucoup de santé. Celles et ceux qui essaient de battre des scores toujours plus hauts se donneront du mal pour réaliser la partition parfaite et obtenir le résultat le plus élevé.
On leur souhaite bon courage, tant Metal: Hellsinger peut s’avérer très punitif, que ce soit pendant la phase d’apprentissage ou après. Les démons adverses ont tendance à faire très mal, ce qui oblige à rester constamment sur le qui-vive. Sur ce point, on retrouve un feeling proche de celui offert par Doom Eternal : être immobile revient à être condamné au game over. Cette contrainte se transforme en sentiment grisant. D’autant que bien jouer permet de faire honneur à la bande son, qui se révèle à mesure que l’on augmente son multiplicateur (jusqu’à x16 pour entendre les paroles des chansons). Vous ne danserez pas devant votre écran en jouant à Metal: Hellsinger, mais peut-être aurez-vous envie de vous lancer dans un headbang jusqu’au torticolis.
Le verdict
Metal: Hellsinger
Voir la ficheOn a aimé
- Transformer Doom en jeu de rythme
- Le casting musical
- Techniquement solide
On a moins aimé
- Il faut aimer le métal
- Identité assez générique (hormis la bande son)
- Gameplay parfois très punitif
Metal: Hellsinger repose sur un concept aussi brillant qu’évident : faire de la bande son un élément de gameplay pour transformer un simple jeu de tir en épreuve rythmique. En résulte une expérience déroutante, qui force à revoir sa manière de jouer dans un genre à l’inventivité limitée.
En prime, Metal: Hellsinger risque de faire le bonheur des amateurs de riffs bien énervés, qui ont forgé leur adolescence et leur passage à l’âge adulte majoritairement en compagnie de groupes venus des contrées nordiques. Mais ce qui est un argument pour les uns sera un désavantage pour les autres.
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