La plupart des premières adaptations en jeux de société de l’œuvre de J.K. Rowling étaient ludiquement assez pauvres, et vite oubliables (des reprises d’Uno, Monopoly ou Cluedo). Comme beaucoup de jeux à licence, à vrai dire.
Mais, depuis quelques années, auteurs et éditeurs nous offrent de belles surprises, tant et si bien que les jeux à licences ne sont plus entachés de cette mauvaise réputation. On ne compte plus les excellents jeux Star Wars, Marvel… et Harry Potter.
Nous profitons ainsi de la sortie toute récente de Stupéfix, le 23 septembre 2022, pour vous proposer une sélection de nos jeux préférés dans cet univers. Rassurez-vous, ils ne sont pas réservés aux plus acharnés des potterheads. On peut les apprécier tout autant, même sans être fan de la licence (l’auteur de l’article en est la preuve vivante).
Tout comme Harry, soyez, vous aussi, des sorciers… le temps d’une partie !
Stupéfix
Vous incarnez chacune et chacun un élève d’une des quatre maisons de magie, et votre but est de lui faire gagner le plus de points.
Secrètement, tout le monde joue une carte de sa main, contenant cinq sorts ratés et seulement trois Stupéfix. On compte ensuite jusqu’à trois, et, simultanément, on pointe sa baguette vers un adversaire.
Après un petit temps d’observation, on compte à nouveau, et plusieurs possibilités s’offrent à vous. Si personne ne vous pointe, vous êtes tranquille, et vous maintenez votre baguette. Dans le cas contraire, soit vous prenez le risque de vous faire toucher et maintenez votre baguette, soit vous vous protégez en lançant un Protego, tout en plaçant la baguette devant votre visage. Vous sortez ainsi de la manche, mais sans prendre de pénalité.
Les joueurs encore en lice dévoilent alors leurs cartes. Si un seul Stupéfix vous touche, vous êtes éliminé de la manche, et écopez en plus d’un retard, synonyme de points en moins à la fin de la partie. Les survivants se répartissent ensuite équitablement les neuf cartes de récompense mises en jeu.
La plupart rapportent des points, et on les glisse dans l’urne de sa maison en annonçant à haute voix « Trente points pour Gryffondor ! ». Il faut essayer de se rappeler quelle maison a le plus de points. Les autres sont des cartes spéciales, comme les potions, qui rapportent des points au joueur qui en a le plus ; les faveurs des professeurs, qui valent de plus en plus de points à mesure qu’on les collectionne ; les cours particuliers, qui permettent de remplacer un de ses sorts ratés par un Stupéfix, etc.
On joue ainsi huit manches de suite, une carte de sa main à chaque fois (aussi bien les trois Stupéfix que les cinq sorts ratés), et la maison qui cumule le plus de points remporte le tournoi de magie.
Cela vous rappelle quelque chose ? C’est normal, Stupéfix est une réédition de Cash’n Guns, sorti en 2005. On y incarnait des truands se partageant leur magot, façon Reservoir Dogs de Tarantino. L’ambiance n’étant plus trop à se pointer des armes (même en mousse) les uns vers les autres, la thématisation dans l’univers de Harry Potter est judicieusement trouvée. Ajoutez à cela une simplification des règles et une plus grande fluidité des parties, et l’on obtient un jeu parfaitement grand public.
L’ambiance est toujours là, le jeu fonctionne toujours aussi bien. On bluffe, on tente de négocier une trêve temporaire d’un tour avec les autres, on essaye de les influencer, sans se faire manipuler soi-même. On jubile quand on ensorcelle quelqu’un, et encore plus quand on passe au travers des sortilèges des autres. Attendez-vous à entendre des noms d’oiseaux fuser lors de vos parties… et ce n’est pas d’Hedwige que l’on parle ici !
On peut y jouer à quatre, mais l’intérêt et la tension autour de la table augmentent évidemment en même temps que le nombre de joueurs. On vous conseille les configurations à six et surtout huit, le top. Si l’on est un peu déçu que les baguettes soient en plastique et pas en bois (mais, à l’usage, ce n’est aucunement gênant), on ne peut que louer la qualité du reste du matériel. Surtout les cartes, magnifiquement illustrées.
Stupéfix est un excellent jeu de bluff, de négociation, de prise de risque, avec une thématique qui colle parfaitement et qui parle à tout le monde, le tout servi par un matériel aux petits oignons.
- Stupéfix est un jeu de Ludovic Maublanc
- Édité par Repos Production
- Pour 4 à 8 joueurs à partir de 8 ans
- Pour des parties d’environ 30 minutes
- Au prix de 40,50 € chez Philibert
Le verdict
Stupéfix
Voir la ficheOn a aimé
- Du bluff, de la suspicion, des coups bas
- L’ambiance autour de la table
- Le matériel
On a moins aimé
- Des baguettes en bois auraient été plus stylées
- Des équipes déséquilibrées avec un nombre de joueurs impair
Combat contre les forces des ténèbres
Chaque joueur incarne un personnage tiré au hasard. Simple élève de Poudlard, sorcier ou sorcière avec des capacités spéciales… ou Mangemort. Les rôles sont nombreux, et l’on ne joue pas avec tous selon le nombre de participants. Les joueurs connaissent leurs propres personnages, mais pas ceux des autres.
La nuit tombe alors, tout le monde ferme les yeux, puis certains rôles se réveillent dans un ordre prédéterminé. Soit un des joueurs fait l’animateur, pour rythmer ces réveils, soit une application s’en charge. Quand on se réveille, on ouvre les yeux, puis on applique l’effet de son personnage.
Dumbledore peut, par exemple, échanger deux personnages. Harry peut regarder et dévoiler le personnage d’un autre joueur. Sirius peut échanger son propre rôle avec un autre, et regarder sa nouvelle affectation. Etc. Les Mangemorts se reconnaissent entre eux. Les simples élèves n’ont quant à eux aucun pouvoir particulier.
Puis le jour se lève, et tout le monde rouvre les yeux. On discute alors tous ensemble. Untel sait ça, un autre a vu ça. Lui avait ce rôle en début de partie, mais elle affirme que ce n’est pas vrai. Évidemment, bluff et mensonges sont autorisés… obligatoires même.
Après quelques minutes de discussions, on passe au vote, tout le monde pointe simultanément un autre joueur du doigt. Celui ou celle qui en recueille le plus est capturé. Les Mangemorts l’emportent si aucun d’eux n’est pris, sinon c’est Poudlard qui gagne.
Là encore, il ne s’agit pas stricto sensu d’un nouveau jeu. Il reprend en effet à l’identique les règles de Loup-garou pour une nuit, des mêmes auteurs et éditeur.
La punchline du jeu, « Une nuit. Un jour. Une décision », résume parfaitement son principe. Alors oui, les parties sont courtes, très courtes. Il n’empêche que l’on arrive tout de même à se mettre dans l’ambiance. Suspicions, mensonges, retournements de situation, tout y est.
Certains pourraient le trouver trop court, à ne jouer qu’une nuit. On ne peut alors s’empêcher de le comparer au jeu duquel il est directement inspiré : Les loups-garous de Thiercelieux. Même si tout le monde en a déjà fait des dizaines de parties, il faut tout de même avouer qu’il n’y a rien de plus frustrant que de se faire éliminer dès les premiers tours, quand il en reste encore dix ou plus derrière.
Loup-garou pour une nuit, ou dans le cas présent, Combat contre les forces des ténèbres, parviennent à éliminer cette frustration, tout en conservant la substantifique moelle de ce type de jeux, simplement en la condensant sur une unique manche.
Notons pour terminer la bonne idée de l’éditeur de proposer une application qui remplace avantageusement un joueur dans le rôle de l’animateur. Tout le monde peut se concentrer uniquement sur le jeu, sans avoir besoin de gérer la gestion des rôles, d’appeler tel ou tel personnage, etc.
- Combat contre les forces des ténèbres est un jeu de Ted Alspach et Akihisa Okui
- Illustré par Gus Batts
- Édité par Ravensburger
- Pour 3 à 10 joueurs à partir de 9 ans
- Pour des parties d’environ 10 minutes
- Au prix de 14,90 € chez Philibert
Le verdict
Combat contre les forces des ténèbres
Voir la ficheOn a aimé
- Pas de frustration de se faire éliminer
- Fonctionne dès trois joueurs, et se bonifie à plus nombreux
- L’application remplace avantageusement l’animateur
- Des parties très rapides…
On a moins aimé
- … trop rapides ?
Bataille à Poudlard
Bataille à Poudlard est un jeu coopératif, dans lequel chaque joueur incarne un héros de la saga (Hermione, Ron, Harry ou Neville), et dispose de son propre paquet de cartes. Le but du jeu est d’éliminer tous les méchants, avant que les forces du mal étendent leur influence sur l’ensemble des lieux.
À votre tour, vous jouez des cartes pour attaquer les ennemis, aider vos amis, ou en acquérir de nouvelles, et ainsi améliorer votre paquet. Et, dès que votre pioche personnelle est vide, vous en constituez une nouvelle en mélangeant les cartes utilisées précédemment.
Sa grosse originalité, par rapport aux autres jeux du genre, vient de son aspect évolutif. À chaque fois que vous remportez une partie, vous ouvrez une petite boîte contenant… à vous de le découvrir. Sachez simplement qu’il y en a sept en tout, représentant les années passées par Harry à Poudlard. Les personnages grandissent et acquièrent de nouvelles capacités au fil des ans/parties. En contrepartie, les forces obscures gagnent, elles aussi, en puissance.
Bataille à Poudlard est relativement facile d’accès. Les cartes et leurs effets sont nombreux, mais on apprend vite à les connaître et à bien les utiliser après quelques tours. Mais, attention, le challenge est corsé, d’autant que le hasard est très présent. Toutefois, l’envie d’aller au bout, de découvrir le contenu de toutes les boîtes ajoute au plaisir du jeu et permet d’y revenir sans se décourager.
On aurait pu espérer une plus grande adhérence au thème. Certaines incohérences feront sursauter les plus pointilleux des fans. Deux extensions viennent prolonger sa durée de vie, tout en corrigeant quelques petits soucis mécaniques… et en augmentant la difficulté.
Mais, ne boudons pas notre plaisir, Bataille à Poudlard est un excellent jeu. Son aspect évolutif vous fera voyager au travers de tous les épisodes de la saga. Et, à chaque ouverture d’une petite boîte, c’est un peu Noël !
- Bataille à Poudlard est un jeu de Forrest-Pruzan Creative, Kami Mandell et Andrew Wolf
- Illustré par Joe Van Wetering
- Édité par USAopoly
- Pour 2 à 4 joueurs à partir de 11 ans
- Pour des parties d’environ 30 à 60 minutes
- Au prix de 44,95 € chez Philibert
Le verdict
Bataille à Poudlard
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- Des parties tendues et prenantes
- Le très chouette matériel
- L’aspect évolutif qui permet de s’accrocher, malgré les défaites
On a moins aimé
- Un challenge corsé
- Encore davantage à cause de la grande part de hasard
Similo Harry Potter
Douze cartes personnages sont placées au centre de la table, parmi quarante proposées dans la boîte. Un des joueurs, le narrateur, doit faire deviner l’un d’eux à ses camarades, déterminé au hasard en début de partie. Pour cela, il dispose de cinq autres personnages en main pour leur donner des indices.
Selon le sens dans lequel le narrateur pose sa carte, horizontalement ou verticalement, elle a, ou non, un point commun avec le personnage secret. La maison de magie, la famille, le sexe, gentil ou méchant… tout dépend de ce qu’imagine le narrateur et ce que comprennent les autres. Évidemment, toute autre forme de communication est proscrite.
Une partie dure exactement cinq manches. À chacune d’elle, le narrateur pose une carte de sa main et en repioche une. Au premier tour, le groupe doit éliminer un personnage parmi les douze. Deux au second tour, etc. S’ils arrivent jusqu’au cinquième et dernier tour, ils doivent éliminer un des deux personnages restants. À la moindre erreur, la partie est perdue.
Similo est un petit jeu de déduction visuelle. Très rapide, très simple, mais plutôt malin. Et, surtout magnifiquement illustré. Il peut se jouer dès deux joueurs, mais devient nettement plus intéressant à partir de quatre, pour permettre des débats au sein du groupe.
Il en existe déjà plusieurs boîtes (Mythes, Histoire, Contes, Animaux sauvages, Monstres et Animaux), toutes ont les mêmes règles. Celle que nous vous présentons aujourd’hui est simplement thématisée dans l’univers de Harry Potter. Dans la même veine, un nouvel opus est déjà prévu : Les Animaux Fantastiques.
Simple et rapide, Similo plait à tous les publics. Ses superbes illustrations, et son mode coopératif permettent d’entrainer même des novices dans vos parties.
- Similo Harry Potter est un jeu de Hjalmar Hach, Pierluca Zizzi et Martino Chiacchiera
- Illustré par Naïade
- Édité par Gigamic
- Pour 2 à 8 joueurs à partir de 7 ans
- Pour des parties d’environ 10 minutes
- Au prix de 12,90 € chez Philibert
Le verdict
Similo Harry Potter
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- Très jolies illustrations
- Simple et accessible à tous…
On a moins aimé
- … mais tout de même moins que les autres opus de la gamme (Animaux, Contes, etc.)
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