Vous avez fort à faire pour vous occuper des animaux de votre parc. Entre les rassembler en troupeaux, les protéger des feux de brousse, et leur donner accès aux points d’eau, chaque choix est un petit casse-tête. D’autant que chaque animal ne peut être déplacé qu’une seule fois… et ce n’est pas forcément vous qui décidez à quel moment.
Les joueurs disposent de leur plateau personnel, représentant leur propre parc, divisé en une quarantaine de cases hexagonales. En début de partie, chacun recouvre ces cases avec son jeu de tuiles. Ces tuiles représentent un ou plusieurs animaux de la savane (éléphants, zèbres, girafes, etc.), de la même espèce ou non, avec éventuellement un point d’eau. Tout le monde a les mêmes, mais le placement aléatoire rend chaque disposition sur les plateaux unique.
À son tour, on choisit une tuile, on la retourne, puis on la replace sur une autre case de son choix. Les adversaires font de même avec l’exacte même tuile. Quelques restrictions s’appliquent sur la case d’arrivée : elle doit être différente de celle de départ, elle ne doit pas déjà accueillir une tuile, et il est interdit de recouvrir le gros rocher au centre du plateau ou les trois feux de brousse.
Le verso des tuiles représente exactement la même illustration, les mêmes animaux, mais avec un fond de couleur différente. On sait ainsi quelles tuiles ont déjà été retournées. Ces dernières ne bougent plus jusqu’à la fin de la partie. Les tours se suivent de la sorte, et la partie s’arrête quand toutes les tuiles ont été déplacées.
Le but de ces manipulations est de marquer un maximum de points, essentiellement en rassemblant nos animaux en troupeaux, des regroupements de tuiles contiguës d’une même espèce. Mais, seul le plus gros troupeau de chaque animal rapporte des points, à condition qu’il ait accès au moins à un point d’eau. Ainsi, pour chaque troupeau, on multiplie le nombre d’animaux par le nombre de points d’eau. Un troupeau, aussi gros soit-il, ne vaut rien sans accès à l’eau. S’ajoutent à cela quelques points bonus pour les cases de végétation non recouvertes.
Mais avant de compter les points, on retire du plateau les tuiles autour des trois cases de feu de brousse, selon le nombre d’animaux qui y sont représentés. Le petit feu de brousse, avec une seule flamme, élimine les tuiles autour de lui avec un seul animal. Celui avec deux flammes, les tuiles avec deux animaux. Et trois animaux pour le plus grand feu.
Quelques variantes viennent renouveler les parties. Elles permettent de jouer en solo, de personnaliser son plateau, de jouer avec des enfants plus jeunes grâce à des règles simplifiées, ou de corser le challenge avec l’ajout d’un pion lion.
Pourquoi jouer à Savannah Park ?
Petit avertissement avant de continuer votre lecture : comme c’était déjà le cas avec Les Gardiens de Havresac, Savannah Park est un jeu de société qui se joue à plusieurs… mais chacun dans son coin. Il n’y a strictement aucune interaction entre les joueurs. On peut éventuellement jeter un œil aux parcs des autres, quand on hésite entre deux tuiles. Cependant, on a déjà assez à faire à optimiser ses placements, sans arriver à tenir compte de ce qui pourrait le plus embêter nos adversaires.
Si l’interaction est un critère essentiel dans vos parties, passez donc votre chemin. Pour les autres, Savannah Park propose un challenge cérébral plutôt stimulant.
Comme chaque tuile n’est déplacée qu’une seule fois, il faut soupeser chaque décision, réfléchir plusieurs coups à l’avance, afin d’optimiser nos troupeaux, de placer les tuiles avec des points d’eau de manière optimale, et surtout ne pas se retrouver bloqué quelques tours plus tard à cause d’une décision malheureuse. Et, évidemment, vos adversaires, même sans le faire exprès, réussissent toujours à choisir LA seule tuile qui ne nous arrange pas.
Pour ceux qui le désirent, on peut pousser loin la réflexion, et l’on est ravi, en fin de partie, d’avoir réussi à faire un joli score. Il n’empêche, le jeu fonctionne tout aussi bien en totale dilettante. On se prend moins la tête, on joue à l’instinct et même si notre résultat final est moins impressionnant, on aura passé un très bon moment.
Car Savannah Park a ceci de particulier qu’il fleure bon… la nostalgie. Il rappelle ainsi les après-midi pluvieux d’automne, quand, enfant, on se retrouvait avec ses grands-parents, à jouer à un jeu de société, autour d’un bon chocolat chaud. Les illustrations, certes très lisibles, mais surtout très désuètes, ne sont pas étrangères à cette sensation.
Notons également une très bonne idée, dont plus d’éditeurs devraient s’inspirer : tous les éléments d’un joueur sont rangés dans une petite boîte en carton illustré. C’est nettement plus pratique et agréable qu’un vilain sac en plastique.
Alors certes, ce n’est sans doute pas le jeu de l’année, mais Savannah Park propose tout autant un challenge cérébral à ceux qui le souhaitent, que des parties plus détendues pour les autres. Et, quel que soit son score final, il nous aura permis de passer un bon moment. Si le manque d’interaction est un frein clair et net pour ceux pour qui ce critère est primordial, il permet dans le même temps d’y jouer avec des enfants ou des personnes moins habituées aux jeux de société. Ils peuvent se concentrer sur leur partie, sans avoir besoin de prendre garde à ce que font les autres.
Une suite, Caldera Park, est d’ores et déjà prévue pour le début de l’année prochaine. Direction cette fois l’Amérique du Nord, avec des règles légèrement plus complexes.
- Savannah Park est un jeu de Michael Kiesling et Wolfgang Kramer
- Illustré par Annika Heller, Andreas Resch et Fabrice Weiss
- Édité par Super Meeple
- Pour 1 à 4 joueurs à partir de 8 ans
- Pour des parties d’environ 20 à 40 minutes
- Au prix de 32,90 € chez Philibert
Le verdict
Savannah Park
Voir la ficheOn a aimé
- Des règles très simples
- Le challenge cérébral, même si le jeu en dilettante fonctionne aussi
- On joue dans son coin, on n’embête pas ses camarades 👍
On a moins aimé
- On joue dans son coin, on n’embête pas ses camarades 👎
- Des illustrations lisibles, mais au style suranné
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