Est-il vraiment si urgent de voter la loi Création et Internet ? Au niveau mondial, le chiffre d’affaires numérique de l’industrie musicale a progressé de 20 % en 2008. En France, alors que la riposte graduée n’est pas encore mise en place, le marché a progressé de près de 50 %.

Le marché de la musique en ligne au niveau mondial enregistre sa sixième année consécutive de hausse. Selon la Fédération Internationale de l’Industrie Phonographique (IFPI), qui représente les grandes maisons de disques dans le monde, le marché représente désormais 3,7 milliards de dollars et 20 % du chiffre d’affaires de l’industrie, contre 15 % en 2007.

L’IFPI met ce succès sur le compte d’une demande toujours plus importante d’écoute de musique de la part des consommateurs. Elle cite notamment une étude du NPD Group, qui montre que la consommation de musique légale ou illégale a augmenté d’un tiers entre 2003 et 2007. Les services de vente et de location de musique en ligne, mais également les services gratuits rémunérés par la publicité, bénéficient logiquement d’un effet d’entraînement du marché. La Fédération note l’effet positif de la montée en puissance de nouveaux modèles économiques comme le lancement de MySpace Music, ou la croissance attendue en 2009 grâce à l’abandon des DRM par l’ensemble des majors. Un retournement de veste impressionnant de la part du lobby qui a milité depuis la fin des années 1990 pour imposer des DRM à tous les consommateurs.

1,4 milliards de titres ont été achetés en ligne en 2008 (+ 24 %). En France, le marché du numérique qui avait du retard sur les Américains a progressé de 49 %, avec 14,5 millions de titres achetés sur Internet (+ 20 %), et 1,4 millions d’albums vendus sous forme numérique (+ 27 %). Bien qu’il soit toujours loin des 39 % de parts de marché du numérique aux Etats-Unis, la France se classe 4ème meilleur élève mondial, avec 12 % de chiffre d’affaires réalisé en ligne ou sur les mobiles, derrière le Japon (19 %) et la Grande-Bretagne (16 %).

Un appel à la riposte graduée au niveau mondial

Selon l’IFPI qui constate les forts progrès de la France, « le pays montre la voie au monde entier en terme d’action gouvernementale destinée à faire plier le piratage sur Internet« .

Peut-être que le SNEP, qui est membre de l’IFPI, n’a pas dit à sa fédération que le projet de loi de Christine Albanel n’a pourtant toujours pas été adopté par le Parlement.

Malgré un bilan positif, l’IFPI n’oublie pas ainsi d’enfoncer le clou sur la riposte graduée et le filtrage. « La réinvention de la musique par le numérique se passe dans un environnement où la vaste majorité des morceaux sont téléchargés sans paiement aux ayants droit« , regrette ainsi l’IFPI, qui estime que 95 % des titres sont téléchargés illégalement.

« Le piratage en ligne envahie les services de musique légitimes, porte atteinte aux ventes, à l’innovation, aux carrières des artistes et à l’investissement dans le répertoire« . La Fédération demande donc à nouveau l’intervention des FAI et des gouvernements.

L’IFPI loue l’exemple de la France, qui a « montré la voie au niveau international avec un projet de loi qui demande aux FAI d’être de réels partenaires dans la lutte contre le vol massif de droits d’auteur sur leurs réseaux« . Les chiffres ne sont pas toujours d’accord avec la politique.

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