Quand le public présent à notre projection de Black Panther : Wakanda Forever a entendu la durée exacte du film — 2h47 –, des cris de terreur et des lamentations de lassitude ont jailli de toutes parts. Un long film n’est pas un défaut intrinsèque — Dune dure 2h35, Avengers Endgame dure 3h02. Mais encore faut-il avoir quelque chose à raconter ou une atmosphère singulière à installer.
Wakanda Forever ne raconte rien et n’installe pas d’atmosphère cinématographique particulièrement relevée. Sans être totalement mauvais pour autant, grâce à son emballage esthétique et à quelques vagues sursauts dans les émotions, le film de Ryan Coogler n’est pas à la hauteur du Wakanda.
Rien de plus qu’un beau tableau
Tout commençait si bien, lors d’un sommet de l’ONU pendant lequel on assiste à la subtilisation d’une ressource du Wakanda. Le cadre était posé : l’arrivée de ce pays sur la scène internationale pose des enjeux diplomatiques de premier plan. Mais cette trame politique est bien vite abandonnée — voire complètement ratatinée — au profit d’une sorte de Mission Impossible superhéroïque.
Il ne faut que quelques minutes pour que Wakanda Forever se transforme en film d’action pur et simple. Correction : un film de baston, dont l’intrigue extrêmement simpliste n’est que le chemin de fer de cette fuite en avant où tout le monde se tape dessus à grand renfort d’onomatopées. Pour renforcer l’action, le film use et abuse des ralentissements. N’est pas Matrix qui veut : cette astuce cinématographique n’améliore pas plus que cela le plaisir et, au contraire, alourdi la mise en scène. S’ajoute un antagoniste, Namor, dont le manque de subtilité psychologique envoie valser plusieurs années d’amélioration de Marvel dans ce registre.
Le film de Ryan Coogler bénéficie cependant de son esthétique, qui vient contrebalancer les apories narratives. Les costumes et les décors, très beaux, livrent un vrai spectacle renforcé par une bande originale bien meilleure que pour le premier opus. Shuri, à elle seule, est un personnage excellemment stylisé. On aurait toutefois préféré que le Wakanda ne soit pas qu’un beau tableau qui, finalement, s’avère très froid.
Ironheart, un nouvel espoir
Dans ce chaos un peu trop bourrin, un personnage brille par son intelligence : Ironheart. Riri Williams est interprétée par Dominique Thorne, que l’on retrouvera d’ici à quelques mois dans une série entièrement dédiée à Ironheart. Sa fraîcheur, et son histoire, ne sont pourtant pas si prégnantes au cours du film. Mais cela suffit : ces apparitions apportent les meilleurs moments — de respiration et de chaleur — aux 2h47 de Wakanda Forever.
Le deuil au cœur de l’intrigue
S’il y a un arc narratif que Wakanda Forever n’a pas loupé, malgré ses nombreux défauts, il est à trouver dans l’hommage à Chadwick Boseman et à son personnage. Il était raisonnable de craindre ce soit pesant jusqu’à en être éventuellement gênant, mais l’écriture parvient à l’insérer au cœur même du récit.
Le long métrage tout entier est construit autour du deuil de la famille de Black Panther — mais plus encore sur la difficulté de Shuri à accepter cette perte et son héritage familial. Le poids de la transmission intergénérationnelle sert de clé de voute aux relations entre les personnages. C’est peut-être grâce à cela que Wakanda Forever parvient à raconter quelque chose. Malheureusement, en raison même de tous les autres défauts qui pèsent sur la mise en scène et le récit, le traitement ne reste là encore que trop en surface.
Le verdict
Black Panther 2 : Wakanda Forever
Voir la ficheOn a aimé
- Les costumes sont superbes
- Riri Williams / Ironheart est un personnage prometteur
- Un film sur le deuil
On a moins aimé
- Pan pan boum boum et hop un ralenti
- L’histoire générale est excessivement faiblarde
- Le méchant, Namor, est oubliable
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