An de grâce 1764, des attaques d’une effroyable atrocité sont relatées au Gévaudan. Le roi y dépêche ses meilleurs enquêteurs. En vain : trois années durant, la bête frappe sans relâche. Saurez-vous mettre fin à cette terreur ?
La Bête est un jeu asymétrique, à la fois dans les rôles attribués aux joueurs, que dans la manière de jouer. L’un d’eux y endosse celui de la terrible créature, tandis que les autres, quatre au maximum, incarnent les enquêteurs dépêchés par le roi.
Ils n’ont pas la même finalité. Pour l’emporter, la bête doit faire au moins 25 victimes avant la fin du jeu. Les enquêteurs, quant à eux, gagnent s’ils empêchent la bête d’atteindre son objectif, ou s’ils parviennent à percer le mystère de son identité, choisie parmi cinq possibles en début de partie.
La traque s’étale sur trois années, découpées en saisons. Ces dernières viennent avec des effets, tantôt à l’avantage des enquêteurs (au printemps et à l’été), tantôt à celui de la bête (en automne et en hiver).
À chaque tour, elle se déplace, secrètement, de village en village. Éventuellement en laissant des traces. C’est plus risqué, les enquêteurs ont plus d’indices, mais elle bénéficie alors d’un pouvoir particulièrement avantageux.
Les envoyés du roi se déplacent aussi. Ils sont moins rapides, mais plus nombreux. Ils bénéficient également de l’aide d’un garde royal ou d’un simple villageois à chaque tour.
Si la bête n’est pas dérangée, elle fait des victimes dans le village où elle s’arrête, plus ou moins selon le nombre de lieues parcourues. Mais si un enquêteur ou un garde royal s’y trouve au même moment, elle est obligée de se cacher.
Chaque enquêteur est spécialisé dans la traque d’une des identités potentielles de la bête. L’évêque de Mende, par exemple, sait comment venir à bout du diable en personne, le garde-chasse sait comment combattre une meute de loups, etc. Si un enquêteur termine son tour dans le village où s’est trouvé la bête, à cette saison ou la précédente, il peut mener une enquête. Si l’identité choisie correspond à sa spécialité, il la capture, restreignant ainsi les possibilités offertes à la créature.
La partie s’arrête immédiatement si les enquêteurs découvrent la véritable identité de la bête (ou éliment les quatre autres), ou, dans le pire des cas, à la fin de la troisième année. Si la bête est parvenue à faire au moins 25 victimes, elle l’emporte, sinon la victoire revient aux enquêteurs.
Pourquoi jouer à La Bête ?
Peut-être vous souvenez-vous de vos parties endiablées de Scotland Yard, quand vous étiez petit. L’un de vous y incarnait le mystérieux Mister X, affublé d’une casquette pour couvrir son regard, quand il tentait de semer la police à bord de différents moyens de locomotion.
La Bête, c’est grossièrement la même chose, avec le thème et l’ambiance en plus (mais la casquette en moins…). Et ça change tout.
Cette ambiance, lourde, mystérieuse, simplement amenée par tout le folklore qui entoure la légende du Gévaudan, est enrichie par des références historiques dans le livret de règles ou le matériel. On sent que les deux auteurs connaissent leur sujet.
Ce n’est pas le premier jeu asymétrique basé sur la mécanique de la traque. Outre le vénérable Scotland Yard cité plus haut, on pense évidemment à La Fureur de Dracula (plus complexe) ou Lettres de Whitechapel (plus long). Même s’ils partagent tous une thématique sombre et angoissante, l’avantage de La Bête sur ces deux illustres prédécesseurs est une durée de partie contenue, et des règles accessibles. Une ou deux saisons sont nécessaires pour bien en comprendre les rouages, mais au bout d’une année tout au plus, tout est fluide et tout le monde peut alors se concentrer sur la partie.
Le jeu fonctionne dans toutes les configurations, mais on le préfère à partir de trois. Il est plus intéressant quand plusieurs joueurs incarnent les enquêteurs, ce qui amène des discussions, des hypothèses, des supputations, sur l’identité de la bête ou ses déplacements.
Enfin, le matériel n’est pas en reste, notamment les très jolis pions à la silhouette différente pour chaque personnage et ajoute encore au plaisir de jeu.
Baissez un peu la lumière, allumez quelques bougies, et jouez-y le soir, de préférence quand le vent ou la pluie tapent contre les volets… ambiance garantie. C’est cette dernière, amenée par le thème, et portée par des règles relativement simples (mais pas simplistes), et complètes, qui donne sa saveur au jeu.
Nous n’y avions pas encore joué lors de la rédaction de notre sélection des meilleurs jeux de société pour Halloween, mais La Bête y aurait eu parfaitement sa place.
- La Bête est un jeu de Charlec Couronnaud
- Illustré par Ann & Seb
- Édité par Multivers
- Pour 2 à 5 joueurs à partir de 12 ans
- Pour des parties d’environ 45 minutes
- Au prix de 39,90 € chez Philibert
Le verdict
La Bête
Voir la ficheOn a aimé
- Le thème immersif
- La tension qui monte graduellement
- Des parties serrées
- L’asymétrie entre les deux camps
On a moins aimé
- L’absence de coopération, de discussions, à deux joueurs
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