Jamais l’industrie musicale ne s’est sentie plus forte voire invincible que dans les années 1980 où, portée par les années disco, les tubes s’enchaînaient dans une insouciance ambiante. Les disques se vendaient très bien grâce à une mécanique parfaitement huilée entre les producteurs et les grands médias, et les quelques rares groupes et artistes qui avaient la chance d’être signés comme combustibles du moteur imaginaient mériter pleinement les fortunes qu’ils recevaient en échange. Les producteurs et les stars de ces années Fan Club regardent encore avec nostalgie cette époque, et voudraient la faire revenir aujourd’hui à grand coup de procès ou de riposte graduée, sans se rendre compte qu’elle est bien morte et enterrée.
Mais tous n’ont pas la même réaction. Parmi les groupes qui animaient les soirées dansantes et inondaient les radios dans les années 1980 figuraient les Tears For Fears, un groupe new wave avec lequel Curt Smith a interprété certains des plus grands tubes de l’époque. Mad World, Shout ou Sowing the seeds of love raisonnent encore régulièrement dans les haut parleurs. Mais malgré ces succès qui auraient pu le conduire à croire en une gloire et une fortune éternelles, Smith a tourné la page, et vit avec son temps et les outils d’aujourd’hui.
Le chanteur a entamé une carrière solo dans les années 1990, et possède désormais les droits de ses derniers enregistrements. Il a donc décidé de placer son dernier album Halfway, pleased, sous une licence Creative Commons by-nc-sa, qui autorise quiconque à copier son œuvre et à la distribuer librement, aux seules conditions de ne pas en faire d’exploitation commerciale et de le créditer comme il se doit. Pour Curt Smith, c’est à la fois un choix qu’il trouve naturel par rapport aux maisons de disques qui surprotègent les œuvres, et un choix qui doit l’aider à retrouver une certaine notoriété. Si son album est distribué gratuitement sur The Pirate Bay ou Mininova, les internautes seront tentés de le faire connaître à leur tour et de venir à ses concerts… voire même d’acheter le CD sur Amazon.
« Il serait bon qu’un grand nombre d’artistes passent leurs œuvres sous Creative Commons« , prêche ainsi Curt Smith dans une interview dont nos confrères de Framasoft ont sous-titré le passage où il explique son choix pour la licence libre :
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