L’an dernier, l’Association américaine des compositeurs, des auteurs et des éditeurs (ASCAP) avait publié des résultats records, qui devraient se confirmer encore sur l’année 2008. Mais la Sacem américaine n’est pas pour autant optimiste sur son avenir. La société de gestion collective a identifié un nouveau danger à éliminer, au delà du piratage : la musique libre.
L’ASCAP a discrètement envoyé des invitations à quelques uns de ses membres et cadres du personnel, pour venir discuter le 3 février prochain de quelques sujets d’inquiétude. Elle veut notamment que soient évoqués des moyens de « travailler ensemble pour lutter contre la prévalence croissante des pontifes du « copyleft » ou « de la culture libre » dans le discours public sur les droits des créateurs ».
La société de gestion craint que les licences libres de type Creative Commons, qui autorisent les internautes à s’échanger librement des œuvres sans avoir à payer de droits, ne soient néfastes aux créateurs qu’elle est censée protéger. En fait, elles sont surtout néfastes aux 12 % de droits de gestion qu’elle ponctionne sur les collectes de droits. Les créateurs qui utilisent les licences libres, eux, semblent très heureux de le faire. Dans l’univers numérique où le nombre d’artistes en concurrence est beaucoup plus élevé qu’auparavant, les licences libres permettent aux auteurs de faciliter la diffusion de leurs œuvres, et donc de gagner plus rapidement en notoriété.
En France, la Sacem a toujours refusé de permettre à ses membres de placer une partie de leurs œuvres sous licence libre. En favorisant ainsi les conditions d’une opposition frontale entre les artistes « libres » qui veulent embrasser un nouveau modèle économique et les artistes « Sacem », elle encourage l’émergence de sa propre concurrence. L’Association de l’Indépendance Musicale Solidaire Autonome (AIMSA), qui propose à des diffuseurs d’exploiter des catalogues 100 % libres et gratuits pour ne plus avoir à payer la Sacem, enregistre ainsi près d’une dizaine de nouveaux diffuseurs chaque jour. Plus d’une centaine de lieux publics (restaurants, bars, commerces…) diffusent aujourd’hui de la musique libre fournie par l’AIMSA.
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