Nous vous racontions le mois dernier les inquiétudes de la Sacem américaine, qui a décidé de s’attaquer à l’essor de la musique libre sur Internet. Les sociétés de gestion collective de droits d’auteur, qui ont monétisé l’exploitation de la musique pendant des décennies, voient de plus en plus d’artistes choisir une autre voie pour gérer la diffusion de leur musique. Nous rapportions à cette occasion qu’une Association de l’Indépendance Musicale Solidaire Autonome (AIMSA) s’était montée en France pour proposer aux diffuseurs publics un moyen de diffuser gratuitement de la musique libre dans leurs bars, restaurants, ou autres types de commerces.
Hasard du calendrier, c’est seulement quelques jours plus tard que Jamendo, le leader francophone de la diffusion de musique libre sur Internet, s’attaque à son tour au quasi-monopole de la Sacem.
Le site basé au Luxembourg propose plus de 180.000 morceaux de musique sous licence Creative Commons, qui peuvent être diffusés grauitement par les internautes, mais dont les droits d’exploitation commerciale restent la plupart du temps réservés par leurs auteurs. Désormais, les commerces et les professionnels qui désirent cependant exploiter la musique de Jamendo peuvent se rendre sur le site pro.jamendo.fr, et acquérir les droits d’exploitation commerciale du catalogue pour diffuser la musique du site dans leur magasin.
Environ 10 à 15 % des artistes du catalogue ont donné leur accord à Jamendo pour qu’il concède en leur nom des licences commerciales, nous explique la société. Concrètement, les commerçants qui veulent exploiter le catalogue dans leur lieu public doivent déclarer la surface commerciale à sonoriser, et payent alors un forfait mensuel, à partir de 8 euros par mois pour un local de 100 mâ², et jusqu’à 24 euros pour 2000 mâ².
« C’est beaucoup plus simple et transparent pour les commerçants qu’à la Sacem où le calcul est très compliqué, en fonction du chiffre d’affaires, du nombre de haut parleurs et d’autres paramètres« , nous assure Jean-Yves Lanneau-Saint-Léger, le directeur marketing de Jamendo. Il estime qu’en moyenne, la licence de Jamendo revient à quatre fois moins cher qu’une sonorisation par des chansons d’artistes inscrits à la Sacem.
« De plus le problème avec la Sacem c’est que les petits artistes ne touchent rien ou quasiment rien, parce que le système bénéficie aux artistes les plus diffusés en radio. Chez nous, tout est comptabilisé à l’écoute près et les artistes sont rémunérés dès la première diffusion », insiste-t-il.
Pour s’en assurer, le système fonctionne pour le moment exclusivement en streaming. Les professionnels sélectionnent le type d’ambiance musicale souhaité (jazz, pop, rock, classique, lounge, électro…), et les morceaux sont joués en continu sans publicité, dans des radios thématiques. Les artistes sont ensuite rémunérés au prorata du nombre de leur diffusion, par un virement Paypal. Jamendo se réserve 50 % des montants de licences.
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