Où voir Andor ?
Andor est diffusée en France exclusivement sur Disney+. Vous pouvez vous abonner directement sur la plateforme de SVOD à partir de 8,99 € par mois ou 89,99 € par an ou bien avec les offres Canal+, à partir de 34,99 € par mois.
Andor est une série géniale. Qui aurait pu croire qu’une série sur un personnage dont le destin était déjà scellé dans le film Rogue One s’avérerait être non seulement une belle œuvre de science-fiction, mais aussi et surtout la meilleure série sur Star Wars à ce jour en prises de vues réelles ? Qu’elle surclasserait des productions largement plus attendues et marketées, comme Obi-Wan Kenobi et The Mandalorian ?
C’est pourtant l’exploit que vient d’atteindre Andor. En une saison, elle a réussi à mettre tout le monde d’accord — en tout cas, tout le monde parmi celles et ceux qui ont pris la peine de la regarder. Même les indécis qui se moquaient gentiment de ce projet — après tout, Cassian Andor est un personnage lambda face aux autres héros de Star Wars — ont convenu de la qualité de l’œuvre.
Bien entendu, le succès d’Andor tient largement au fait que cette excellente série sur Star Wars est avant tout une excellente série, tout court. Tout cela a déjà été dit et fort bien dit ailleurs : la pertinence des dialogues, la complexité des personnages, la représentation du mal froid incarné par l’Empire, la cinématographie, la musique, le casting. Tout participe à cette réussite.
Une excellente série Star Wars qui n’en fait pas des caisses sur Star Wars
Mais au-delà de la production en elle-même, il y a aussi la façon dont l’univers de Star Wars a été dépeint ici, qui permet de dire qu’Andor est la meilleure série en live action à ce jour pour cette licence. Elles ne sont certes pas nombreuses : hormis The Mandalorian (2 saisons) et Obi-Wan Kenobi (mini-série), il y a Le Livre de Boba Fett (1 saison). D’autres arrivent.
Vous voulez une seule et unique raison qui explique pourquoi Andor remporte à ce point tous les suffrages ?
Elle ne repose pas sur ce fichu fan service qui est vomi à longueur de films et de séries, quelle que soit la licence d’ailleurs. Ici, pas de « re-match » entre Obi-Wan Kenobi et Dark Vador, même si c’est évidemment un plaisir coupable. Ici, pas de petite monstruosité verte comme Grogu, calquée sur la figure de Yoda, et qui transpire le merchandising à plein nez.
La série est bonne parce qu’elle a quelque chose à dire, et n’est pas là pour « montrer du Star Wars ». Ses personnages ont une vie, une trajectoire et n’ont pas l’air de débarquer dans le récit par hasard. On a l’impression de voir de vrais gens, vivant dans une dictature, arrachés à leur quotidien. Et c’est tout. D’ailleurs, cela s’est ressenti, y compris dans les communautés de fans : les clins d’œil, les références, les caméos étaient assez rares, parfois inexistants.
La rédaction de Numerama compte plusieurs aficionados de cette licence. Pourtant, au fil des semaines, on tombait rarement sur quelque chose qui aurait mérité une explication — là où une série comme Obi-Wan Kenobi ne semblait faire que cela : le mème du chevalier Jedi, l’écho à une scène d’un dessin animé, la mention d’un personnage de renom, et ainsi de suite.
Andor ne perd pas son temps à essayer de faire des vannes avec un side-kick rigolo — comme Grogu. Elle a aussi la chance de s’épargner des scènes ou des dialogues invraisemblables, pour ne pas dire honteuses. Vous vous souvenez de la scène dans laquelle la jeune princesse Leia se fait poursuivre par des vilains ? C’est peut-être l’un des passages les plus gênants à ce jour.
L’Empire est terriblement effrayant
La représentation de l’Empire est également saisissante dans Andor. On découvre une immense machinerie froide et tentaculaire, dont les ramifications s’étendent dans toute la galaxie. On nous épargne des stormtroopers idiots qui se prennent le casque dans un montant de porte. À la place, on voit toute la bureaucratie et les services de renseignement en mouvement.
Bien sûr, l’Empire a aussi son lot d’idiots, d’incapables, de fainéants et de petits chefaillons. Mais ils ne sont pas là pour amuser la galerie — même s’il faut admettre qu’Alex Ferns, dans son rôle de sergent zélé et incompétent, est savoureux. Ils servent un propos politique, en montrant que l’Empire s’est construit sur des masses aveugles. Ce n’est pas une scène gratuite.
L’Empire montre d’ailleurs un aspect d’autant plus terrifiant que, d’une part, tout le monde n’est pas nul — pensez au redoutable Bureau de la Sécurité Impériale — et, d’autre part, on voit au plus près des individus à quel point il s’agit d’une machine à broyer. La torture de Bix Caleen, la justice arbitraire et expéditive sur une planète lambda, l’emprisonnement sans fin de pauvres malheureux…
La brutalité n’est cependant pas l’apanage de l’Empire. La violence s’exprime aussi de l’autre côté, celui des « gentils », qui sont conduits à de pareilles extrémités parce qu’ils ont subi des années de répression et d’humiliation. Les gens luttent pour leur survie et se salissent les mains. Pour un personnage tel que Luthen Rael, incarné par Stellan Skarsgård, qui est très loin d’être un saint dans la série, la fin justifie les moyens. Quitte à sacrifier amis et alliés.
Andor est une excellente série, parce qu’elle ramène tout à hauteur d’homme. On n’est pas sur des batailles rangées dans l’espace entre deux armées, ni sur une petite bande de rebelles capables de faire exploser une super-arme spatiale. On est dans le quotidien sale d’une galaxie sous le joug d’un régime oppresseur. La vraie menace, c’est celle d’une détention arbitraire, du passage à tabac dans une ruelle, de la perte d’un proche.
C’est parce que cette série ramène tout à une échelle individuelle, ou presque, que les petites victoires apparaissent encore plus éclatantes que la destruction, par exemple, d’une Étoile noire, ou d’un mandalorien casqué se débarrassant de ses adversaires. L’émeute dans la prison est à ce titre un cas d’école : c’est juste une émeute, dans une prison impériale, une parmi des milliers dans la galaxie. Très peu s’en sortiront. Cela ne fera même pas vaciller l’Empire sur ses fondations. Et malgré tout, en les voyant tous se lever, on n’avait envie que d’une chose : prendre aussi les armes pour répondre à l’appel de Kino Loy.
L’enjeu n’est pas de sauver toute la galaxie, mais pour Cassian Andor, de juste s’en sortir. Certes, le récit va ultérieurement l’amener à prendre un rôle beaucoup plus décisif sur le cours des évènements — ce que l’on verra dans la saison 2 et ce que l’on sait déjà grâce à Rogue One. Mais cela fonctionne parce que c’est d’abord une question d’humanité. Comment avoir de l’empathie pour un personnage comme le Mandalorien, qui est toujours casqué et que rien ne semble effleurer ?
Andor est super… mais qui le sait ?
Paradoxalement, pourtant, Andor est pour le moment la série en live action sur Star Wars qui semble avoir le plus de mal à démarrer. Ses audiences sont en retrait par rapport aux autres, alors que la série, par ses qualités intrinsèques, mais aussi pour la façon de dépeindre Star Wars, et pour les thèmes fort de sacrifice, de domination, d’engagement et de justice, cochent toutes les cases pour plaire aux fans, et par ailleurs à un plus large public.
Et puis, Andor reste malgré tout une œuvre dérivée d’une autre œuvre dérivée. La lisibilité des évènements n’est peut-être pas si simple à suivre pour qui n’est pas à jour, car d’une œuvre à l’autre, on change d’époque très rapidement. Rogue One se passe ainsi avec l’épisode IV, tandis qu’Andor est une préquelle au film. À cela s’ajoute aussi une réalité : on sait déjà ce qui va se passer pour certains héros. Et on se doute que les autres personnages n’auront pas une destinée formidable, car on ne les connaissait pas auparavant.
Andor est-elle en train de payer les errements récents de Star Wars, que ce soit la postlogie, relativement décriée, ou les séries en live action, de qualité variable ? Souffre-t-elle de l’impression d’une série secondaire, parce que son héros est secondaire ? Ou bien est-elle arrivée à un moment critique, entre les deux titans que sont Les Anneaux de pouvoir et House of the Dragon ? Peut-être est-ce un peu tout cela à la fois. La lenteur de la mise en place de l’action (beaucoup ont lâché après un ou deux épisodes), son ton plus « adulte » dans la narration, ont pu peser aussi.
La saison 2 d’Andor devrait être l’occasion d’apporter des ajustements au rythme, qui va nécessairement connaître une accélération avec l’ascension de Cassian Andor dans les rangs de l’Alliance rebelle. On peut toutefois avoir bon espoir pour la suite. D’abord, parce que la série sera peut-être davantage reconnue avec le temps — à l’image d’autres œuvres, comme Blade Runner, qui a mis du temps avant de devenir culte. Ensuite, parce que cela nourrira peut-être Disney sur la manière de proposer du Star Wars à l’avenir. C’est aussi dans son intérêt.
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