Square Enix a jugé bon de relancer Crisis Core: Final Fantasy VII, vieux prologue sorti en 2007 sur PSP. Il faut vraiment être fan de la franchise pour lui pardonner cette structure poussiéreuse.

Beaucoup de joueuses et de joueurs ont tant rêvé grâce à Final Fantasy VII — j’en fais partie –, un RPG culte rendu célèbre par son méchant charismatique (Sephiroth), ses scènes marquantes et sa structure révolutionnaire pour l’époque. Conscient de l’impact de son joyau, Square Enix a pris la décision de lui redonner ses lettres de noblesse avec un remake éclaté en trois jeux. Le premier opus, sorti en 2020, est une totale réinvention. Sa suite, baptisée Final Fantasy VII Rebirth, est prévue pour l’hiver 2023.

En attendant, Square Enix s’est aussi dit qu’il était nécessaire de proposer une remise au goût du jour de Crisis Core: Final Fantasy VII, un prologue sorti en 2007 sur PSP (la première console portable de Sony). Autant être transparent tout de suite, celui qu’on appelle désormais Crisis Core – Final Fantasy VII – Reunion (oui, c’est compliqué) ne bénéficie pas du tout du même soin que Final Fantasy VII Remake. Derrière une refonte graphique nécessaire, cette renaissance conserve des bâtisses datées qui nécessitent beaucoup d’indulgence en 2022.

Crisis Core - Final Fantasy VII - Reunion // Source : Capture PS5
Crisis Core – Final Fantasy VII – Reunion // Source : Capture PS5

Crisis Core, ou l’ode aux héros têtes à claques

Disponibilité

Crisis Core – Final Fantasy VII – Reunion est disponible à compter du 13 décembre sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series S, Xbox Series X, Nintendo Switch et PC.

Crisis Core – Final Fantasy VII – Reunion se déroule donc avant Final Fantasy VII. Il est articulé autour du premier vrai héros de l’univers, d’aucuns diraient le seul : Zack Fair, un soldat un peu tête à claques qui aspire à devenir le meilleur et se montre beaucoup trop impatient dans sa quête personnelle. On l’entendra dire des phrases comme « Enfin un peu d’action ! », « J’aurais pu y arriver les yeux bandés » ou encore « Les doigts dans le nez ». Et quand il ne parle pas, il fait des… squats. Bref, c’est un personnage vite agaçant. Mais c’est aussi un ami de Sephiroth avant que ce dernier ne devienne LE Sephiroth. Pour les fans, c’est précieux.

Les amoureux de Final Fantasy VII seront de toute façon ravis de recroiser certaines têtes connues (y compris Cloud) et de traverser à nouveau certains lieux familiers (l’église d’Aerith). Pour Square Enix, Crisis Core – Final Fantasy VII – Reunion est un moyen d’approfondir un univers déjà complexe à la base. En rajoutant d’autres personnages et, forcément, d’autres histoires, l’héritage de Final Fantasy VII est encore plus dense — jusqu’à tomber dans l’invraisemblable. On conserve autrement ce ton qui ne fait qu’hésiter entre le niais de certaines phrases et le grave des événements qu’elles racontent. On se laisse malgré tout porter par les bons sentiments qui en découlent.

Crisis Core – Final Fantasy VII – Reunion est un moyen d’approfondir un univers déjà complexe à la base

Visuellement, Crisis Core: Final Fantasy VII était une vraie vitrine sur la PSP de Sony, un maître-étalon de la console portable. On n’en dira pas autant de cette remasterisation, tant elle souffle le chaud et le froid. C’est un grand oui pour la modélisation des personnages et la finesse qui se dégage de certains éléments du décor. C’est un petit non, en revanche, pour certaines cinématiques qui viennent trahir l’âge du jeu original. Elles étaient époustouflantes sur le petit écran de la PSP. Elles deviennent ridicules sur un écran de télévision HD voire 4K UHD. Ce Crisis Core – Final Fantasy VII – Reunion manque d’ambitions graphiques.

Crisis Core - Final Fantasy VII - Reunion // Source : Capture PS5
La compression de certaines cinématiques : c’est compliqué // Source : Capture PS5

Une histoire de machine à sous

Dans Crisis Core – Final Fantasy VII – Reunion, on incarne un seul protagoniste : ce bougre de Zack, capable de donner des coups d’épées, d’esquiver, d’utiliser des objets et de faire appel à la magie (les fameuses Materia). Les combats sont plutôt dynamiques, même s’ils reposent sur la manipulation de nombreuses touches (il y a beaucoup de raccourcis). Au début, on s’y perd. Puis, petit à petit, on découvre un gameplay plein de subtilités, sachant que l’on peut personnaliser l’équipement de Zack pour qu’il se spécialise. En se remettant dans le contexte d’un jeu sorti en 2007, c’est brillant.

L’autre particularité de Crisis Core tient dans l’intégration d’une mécanique de machine à sous. Pendant les affrontements, vous verrez des chiffres et des visages défiler en haut à gauche de votre écran. Comme au casino, si vous obtenez les bonnes combinaisons, vous obtiendrez des bonus non négligeables. Ils vont d’attaques surpuissantes à des boosts de statistiques, en passant par des invocations. Ce système est à double tranchant : le caractère aléatoire peut transformer des combats en simples formalités. Mais, parfois, dans la difficulté, on aimerait bien que le hasard soit vraiment de notre côté. Il est en outre dommage d’indexer la progression de Zack sur ces machines à sous. C’est à la fois une bonne et une mauvaise idée.

Crisis Core - Final Fantasy VII - Reunion // Source : Capture PS5
T’es qui ? // Source : Capture PS5

Le principal défaut de Crisis Core – Final Fantasy VII – Reunion tient dans sa structure d’un autre temps. On sent constamment qu’on joue à un jeu PSP, en témoignent le rythme haché, les environnements étriqués, l’absence quasi totale d’exploration et le contenu annexe répétitif (accessible depuis les points de sauvegarde). Grosso modo, on ne fait qu’avancer dans des petites zones, sans cesse interrompu au choix par une cinématique plus ou moins utile ou un combat vite expédié. Ce format est acceptable sur une console portable, moins sur une console de salon.

Comme tout bon soldat qui se respecte, Zack peut par ailleurs remplir des missions secondaires dont l’objectif est constamment le même (spoiler : tuer des ennemis à la puissance crescendo). Inintéressantes, elles s’avèrent nécessaires pour surmonter les quelques pics de difficulté. Comptez une bonne dizaine d’heures pour achever les dix chapitres qui composent l’aventure principale, le double, voire le triple pour être le meilleur employé de la Shinra — société tentaculaire et antagoniste dans Final Fantasy VII.

Crisis Core - Final Fantasy VII - Reunion // Source : Capture PS5
Le grand, l’immense : Sephiroth // Source : Capture PS5

Le verdict

Crisis Core - Final Fantasy VII - Reunion // Source : Capture PS5
6/10

Crisis Core – Final Fantasy VII – Reunion

Voir la fiche

Avait-on vraiment besoin d’une remasterisation de Crisis Core: Final Fantasy VII ? Certainement pas sous cette forme poussiéreuse, paralysée par une structure d’un autre temps. Les quelques efforts de remise au goût du jour peinent à masquer le fait que Crisis Core – Final Fantasy VII – Reunion reste avant tout un jeu PSP.

Au mieux, Crisis Core – Final Fantasy VII – Reunion est un formidable objet de fans, qui doit autant à son système de combat brillant (pour de la PSP) qu’à son univers toujours captivant, sans oublier l’argument de nostalgie. Bref, vivement Final Fantasy VII: Rebirth.

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