Alan Strauss est un psychologue de renom, qui multiplie les thérapies réussies et les publications de livres reconnus. Mais un matin, alors qu’il se réveille tranquillement, un problème attire son attention : son pied est attaché au lit. Comment est-il arrivé là ? Sam, l’un de ses récents patients, a la réponse. Lors des précédentes séances sur canapé, Sam avait oublié un léger détail : il se livre à des meurtres sur son temps libre. Et il compte bien sur le Dr Strauss pour l’aider à arrêter, quitte à l’enfermer dans son sous-sol jusqu’à obtenir des résultats.
Si ce pitch ne suffit pas à attiser votre intérêt, on vous rajoute la cerise sur le gâteau : le psychologue prend les traits de Steve Carell (The Office), tandis que Domhnall Gleeson (Star Wars) endosse le rôle du serial killer en quête de changement. De plus, la série The Patient a été imaginée par Joe Weisberg, le créateur de l’excellente saga d’espionnage The Americans. Rien que ça. Avec tous ces bons éléments, la série, disponible sur Disney+, ne pouvait donc qu’être une petite tuerie (c’est le cas de le dire). Et elle l’est… dans une certaine mesure.
Steve Carrell vs Domhnall Gleeson, le duel dont on avait besoin sans le savoir
Commençons par le plus évident : The Patient ne serait pas grand-chose sans son duo d’acteurs principaux, dont le talent n’est plus à prouver. Steve Carell, bien loin de ses rôles comiques habituels dans The Office ou Space Force, joue cette fois la carte dramatique. Plus de quinze ans après son premier virage émouvant dans Little Miss Sunshine, le comédien américain aux multiples facettes retrouve un jeu beaucoup plus sobre dans The Patient. Doté d’une barbe bien fournie et de petites lunettes rondes d’érudit, Steve Carell incarne un thérapeute solitaire aux émotions mises en pause suite à un décès tragique. Il est très touchant de redécouvrir ce grand acteur dans un rôle aussi charismatique et pourtant tout en retenue.
À l’inverse, Domhnall Gleeson trouve le personnage le plus implacable de sa carrière avec Sam, ce tueur en série en quête de réponses psychologiques. Le jeu de l’acteur d’Harry Potter, d’Ex-Machina ou de la comédie romantique Il était temps tranche largement avec l’empathie développée par Steve Carell tout au long des dix épisodes de la saison. Leur duel au sommet était totalement inattendu sur le papier mais offre finalement une tension étonnamment calme à la série. The Patient n’est pas une série bruyante, esthétiquement violente ou aux confrontations spectaculaires. Le face-à-face entre Steve Carell et Domhnall Gleeson se déploie plutôt avec une subtilité qui fait du bien pour une série du genre, tout en multipliant les sous-entendus et les sous-textes.
Michael Scott en thérapie
Majoritairement tournée en huis clos entre les quatre yeux de ses personnages principaux, The Patient multiplie les bonnes idées narratives au fil de la saison. Sa première originalité découle déjà de son format : oser les épisodes de 20 minutes, plutôt réservés aux registres comiques, pour un thriller de cette trempe, bouleverse ainsi complètement notre visionnage. La prise d’otage de Sam sur son psy prend une toute autre tournure avec des chapitres plus dynamiques, au rythme inhabituel. D’autant que The Patient a la bonne idée de rajouter un nouveau protagoniste ou une nouvelle variable à l’équation à chaque nouvel épisode. Dès que l’on croit anticiper la suite, la série prend un tournant toujours plus surprenant.
À mi-parcours, The Patient ose d’ailleurs inverser les rôles. La psychanalyse du serial killer se transforme alors rapidement en thérapie du thérapeute et de ses choix passés. On ne dévoilera pas trop l’histoire du Dr Strauss pour ne pas gâcher les moments les plus bouleversants de la série, mais son récit en pointillé contraste habilement avec les pensées noires du kidnappeur aux pulsions macabres.
This is Us rencontre Dahmer et Unorthodox
The Patient aurait donc pu être une réussite totale, un nouveau tour de force de la part de la chaîne américaine FX, habituée aux projets qui ne ressemblent à aucun autre, de Legion à Atlanta. Mais la série s’essouffle malheureusement rapidement, la faute à des épisodes de plus en plus longs, jusqu’à 40 minutes parfois, alors que leur force résidait plutôt dans leur rapidité d’exécution. The Patient aurait ainsi pu tenir en 8 épisodes plutôt que 10, pour se débarrasser des séquences superflues qui polluent l’ensemble (une sombre histoire de pipi vous intriguera d’ailleurs probablement).
La série développe pourtant un propos intéressant sur la psychologie humaine et ses recoins les plus sombres, mais se perd parfois dans une trop grande diversité de messages, pour former un tout un brin confus. Les dessous des tueurs en série façon Dahmer, le pouvoir de la psychologie façon En thérapie, l’héritage familial façon This is Us, les religions et ses extrêmes façon Unorthodox… The Patient puise dans tellement d’autres œuvres que l’on finit par ne plus savoir où donner de la tête. Le tout culmine dans une conclusion un brin hâtive, que l’on aurait aimée plus insolite. Sans être la révolution que l’on attendait, la série mérite tout de même le coup d’œil, rien que pour retrouver l’audace réconfortante de Steve Carell face à la désinvolture déconcertante de Domhnall Gleeson.
Le verdict
The Patient
Voir la ficheOn a aimé
- Steve Carell vs Domhnall Gleeson ❤️
- Des épisodes courts mais intenses
- Un concept original
On a moins aimé
- Un rythme inégal
- Une conclusion décevante
- Pourquoi cette fixette sur le pipi ?
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