Dans High On Life, mon pistolet ne ressemble pas à une arme de Call of Duty. Il a des yeux globuleux, une tête plutôt sympathique et le verbe bien placé. Oui, il parle beaucoup, beaucoup trop même. Mais, au fond, ce n’est pas un mauvais bougre. Il a des amis, qui sont aussi des armes animées. Il y a, par exemple, Sweezy, visiblement blasée de la vie à en juger par sa personnalité pince-sans-rire. Il y a aussi Créature, qui adore balancer ses petits sur les ennemis, ou encore Knifey, couteau très obsédé. Quant à Lezduit, il ne sait plus s’exprimer autrement qu’en beuglant bêtement son nom.
Avec cette bande de joyeux lurons, j’embarque pour une aventure bariolée. Alors que la Terre est menacée par un groupuscule extraterrestre désirant transformer les humains en drogue, je deviens un chasseur de prime chargé de démanteler, un à un, les pontes de cette mafia galactique. Pas une mince affaire, quand on doit se coltiner un arsenal qui partage constamment ses états d’âme, vociférant à l’envi, parfois sans aucune justification autre que le désir de meubler. High On Life est un jeu vidéo développé par Justin Roiland, l’un des créateurs de Rick and Morty, et on le sent tout au long de l’aventure.
High on Life est vraiment absurde
Disponibilité
High On Life est disponible depuis le 13 décembre sur PC, Xbox One, Xbox Series S et Xbox Series X. On le trouve aussi dans l’abonnement Xbox Game Pass.
Vous l’aurez compris, High On Life est un jeu vidéo complétement absurde. Dès les premières minutes, on comprend que le ton est volontairement débile. L’introduction empile les gags, souvent limites, à vitesse grand v. Elle s’amuse même des codes du gaming pour briser le quatrième mur : quand on doit choisir la tête de son héros en faisant défiler les choix possibles, notre chère sœur virtuelle confesse qu’elle a peut-être un peu trop abusé sur les substances illicites. Vous tuez maladroitement — ou volontairement ? — un enfant que regrettera à peine sa mère ? Vous entendrez alors que l’on a perdu la certification « tout public ».
Peut-être passerez-vous aussi à côté de cette femme qui se plaint de son mari italien, se défendant d’une quelconque forme de racisme parce qu’elle l’a « lu sur internet ». Ne soyez pas étonné de voir un autochtone affirmer à son ami que, pour lui, « tout doit être sexuel » au détour d’une conversation à première vue anodine. High On Life est un jeu vidéo qui célèbre les bavardages sans queue ni tête. Quelqu’un a toujours quelque chose à dire, ce qui pourrait en agacer plus d’un (note : les développeurs ont ajouté une option pour faire taire le jeu). En revanche, si vous adhérez à la proposition et à cet humour un tantinet gras, alors vous regrettez plutôt l’absence d’une traduction française et ces sous-titres beaucoup trop petits. Quand on doit se reconcentrer sur l’action, on peut moins apprécier les nombreuses phrases prononcées dans la langue de Shakespeare.
High On Life sait aussi jouer des références, obscures ou moins, pour nourrir son univers. Il citera Mario Land « ou un truc comme ça » quand vous vous apprêterez à commencer une séquence de plateforme. Il apostrophera la presse en se moquant de lui-même pour une section au « design paresseux ». Il n’hésitera pas, non plus, à rendre hommage à des nanars, dans le sillage de Tammy and the T-Rex, vieux film diffusé en boucle sur la télévision du salon — avec Denise Richards et feu Paul Walker au casting. High On Life est la définition du loufoque et étire ce qui marche dans Rick and Morty sur toute la durée d’un jeu vidéo (comptez une dizaine d’heures pour le terminer). Certains penseront que le format est moins adapté, quand d’autres crieront au génie.
Derrière son habillage délirant qui ne laissera personne indifférent, High On Life cache un jeu de tir qui se plaît à mélanger tout ce qui fonctionne. Si l’on peut déplorer le manque de variété dans les planètes traversées, il faut reconnaître que le studio Squanch Games a mis au point un gameplay intéressant. Au-delà de l’exotisme des armes (qui sont des bonhommes, rappelons-le), la manière dont sont agencés les niveaux incite à ruser pour s’en sortir. D’autant que les ennemis ont tendance à arriver par vague, encourageant alors à trouver des couvertures et à utiliser tout l’équipement à disposition. Dans l’approche, le feeling se rapproche volontiers des derniers Doom, en version éméchée, avec quelques pics de difficulté au programme (ne vous laissez pas surprendre).
High On Life se permet en prime d’accoucher de bonnes sensations de tir, en dépit d’armes loin d’être conventionnelles. Évidemment, les développeurs ont poussé l’imagination très loin en matière de possibilités. Ainsi, on pourra ralentir le temps avec Sweezy, contrôler un ennemi avec Créature ou encore faire valser les ennemis avec Kenny. Pour varier les plaisirs et terrasser les boss liés à des combats hyper longs, il est vivement recommandé de passer d’un compagnon à l’autre. Il faut accepter d’être sadique, surtout quand un adversaire nous montre fièrement ses fesses en guise de provocation (High On Life est vulgaire). Un tir bien placé dans le postérieur, et l’on n’en parle plus.
Entre deux missions dont l’objectif est toujours le même (tuer une cible désignée), on nous autorise à explorer un peu les lieux en quête de coffres et de quelques secrets disséminés par Squanch Games (par exemple, il y a une salle de cinéma). Il sera par ailleurs nécessaire de gérer la collocation compliquée entre notre chère sœur virtuelle, partie avec nous sauver le monde pour mieux fricoter avec un extraterrestre et notre mentor cul-de-jatte. Ces quelques moments très comiques permettent de souffler un peu entre deux joutes bien senties. Oui, High On Life oppose une barrière à l’entrée. Mais, quand elle est franchie, on n’a plus envie de lâcher le jeu, tant on se prend d’affection et d’empathie pour les personnages que l’on croise. Même les plus insupportables, surtout les plus insupportables.
Le verdict
High On Life
Voir la ficheOn a aimé
- Franchement drôle
- L’arsenal vraiment exotique
- L’absurdité assumée
On a moins aimé
- Trop bavard pour certains
- Attention, ce n’est pas un jeu pour les enfants
- Des boss trop longs
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