Trois ans après son excellente première saison, la saga politique sur le monde des agriculteurs, du journalisme et des lobbys continue sur sa lancée avec six nouveaux épisodes d’une qualité bluffante. Voici 4 raisons de découvrir l’intégralité de Jeux d’Influence, sur Arte.

Sur le papier, ça ne vend pas du rêve, on vous l’accorde. Entre lobbys, agroalimentaire et écologie, vous êtes peut-être déjà perdus. Mais promis, Jeux d’Influence rendra toutes ces thématiques beaucoup plus claires et vous auriez vraiment tort de passer à côté de ces deux saisons, qui s’attaquent frontalement aux scandales agricoles. En 2019, la série mêlait déjà à la perfection les trajectoires intimes des agriculteurs, totalement laissés à l’abandon, et les grandes machinations politiques à l’œuvre au sommet de l’État pour tenter de contenir la crise autour des pesticides.

Les mêmes personnages reviennent dans une deuxième saison, sous-titrée Les Combattantes, qui met en lumière le travail de militantes écologistes sur le terrain et de journalistes tenaces, toutes bien décidées à faire éclater la vérité. Si vous n’êtes toujours pas convaincus, on vous donne 4 raisons de vous plonger dans cette production d’Arte qui vous prendra aux tripes à coup sûr.

Des enjeux écologiques proches de notre réalité

Des pesticides entraînant de graves maladies, des produits toxiques provoquant un impact sur des naissances, des mouvements jeunes citoyens mobilisés dans des ZAD, des agriculteurs au pied du mur, des politiques déconnectés, des enquêtes journalistiques déclenchant de véritables scandales grâce à des lanceurs d’alerte… Cela vous rappelle quelque chose ? Tant mieux, c’est l’atout principal de Jeux d’Influence : développer des thématiques largement proches de nous et de la situation écologique en France.

Le travail des agriculteurs et leur détresse sont parfaitement retranscrits dans Jeux d'influence // Source : Arte
Le travail des agriculteurs et leur détresse sont parfaitement retranscrits dans Jeux d’influence // Source : Arte

Dans la série, le groupe Vitalia, accusé de propager des produits toxiques dans la nature, n’est ainsi pas sans rappeler des scandales comme ceux de Bayer (ex-Monsanto) ou Triskalia. Mais les deux saisons n’oublient jamais de s’intéresser à des destins intimes. Les agriculteurs et leur détresse sont ainsi parfaitement retranscrites à l’écran, dans des séquences poignantes mais réalistes.

Jeux d’Influence met en lumière les luttes des femmes

La deuxième saison de la série n’est pas surnommée « Les Combattantes » pour rien : les femmes sont clairement à l’honneur, sur tous les fronts possibles. La série a l’intelligence de mettre dos à dos l’activisme de terrain et le travail des médias, comme deux faces d’une même pièce : complémentaires, mais aux enjeux éloignés. Ces deux façons de militer sont incarnées par deux comédiennes au sommet de leur art : Alix Poisson (Les Revenants) et Marilou Aussilloux (Germinal). Jeux d’Influence évite l’écueil trop évident d’opposer les générations et préfère plutôt exposer différentes manières de résister, chacune à son échelle.

Deux femmes, deux combats entre journalisme et militantisme écologique // Source : Arte
Deux femmes, deux combats entre journalisme et militantisme écologique // Source : Arte

La deuxième saison aborde également la question des « clusters », non pas de Covid comme on l’entend souvent dorénavant, mais d’enfants atteints de maladies graves, et dont l’origine est souvent enfouie sous le tapis par de grands groupes agroalimentaires ou médicamenteux. Le combat de ces mères pour obtenir justice et réparation, trop souvent oublié, est ainsi pour une fois rendu légitime à l’écran, dans toute sa complexité.

Une enquête journalistique au cœur de l’action

Forcément, dans cette deuxième saison, le traitement des enquêtes nous touche particulièrement et nous saute parfois aux yeux comme légèrement romancé. Mais globalement, Jeux d’Influence traite du milieu des médias et de la persévérance des journalistes d’investigation avec une grande justesse, rarement vue à l’écran. Il faut dire que l’un des créateurs de la série, Jean-Xavier de Lestrade (The Staircase, Laëtitia), est également un ancien journaliste.

La journaliste Claire Lancel enquête sur l'entreprise Vitalia // Source : Arte
La journaliste Claire Lancel enquête sur l’entreprise Vitalia // Source : Arte

Cela se sent dans l’écriture : les intrigues ne sont jamais exagérées, toujours au plus proche de leurs personnages et de leurs ressentis. À l’heure où la liberté de la presse est régulièrement remise en cause et où les journalistes manquent de crédibilité (un aspect très présent dans la série d’ailleurs), Jeux d’Influence remet de l’humain dans un domaine trop souvent caricaturé au lieu d’être écouté.

Jeux d’Influence, une exception dans le monde des séries françaises

Pouvez-vous citer des séries françaises qui osent s’emparer de sujets de sociétés actuels ? Nous, pas vraiment. Les quelques notables exceptions se comptent sur les doigts d’une main, avec la remarquable Baron Noir, sur Canal+, ou les plus récentes Oussekine sur Disney+ et En thérapie, également sur Arte. Il faut dire que les grandes arcanes de la politique ont plutôt été le terrain de jeu favori des séries américaines, de The West Wing à Scandal en passant par The Wire.

Jeux d'influence met en lumière les militants écologistes // Source : Arte
Jeux d’influence met en lumière les militants écologistes // Source : Arte

En 2019, Jeux d’Influence faisait donc figure d’anomalie dans le petit monde des séries françaises. Trois ans plus tard, alors que sort sa deuxième saison, elle reste toujours aussi pertinente et particulière, s’imposant doucement comme une référence. Pédagogique et ludique sans faire l’impasse sur de graves problèmes sociétaux, Jeux d’Influence est à l’image de ses héroïnes : elle n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat pour mieux dévoiler la vérité au grand jour. Les 12 épisodes de la série sont une leçon de fiction, qui intéresseront autant les militants écologistes convaincus que les plus réfractaires.

Les saisons 1 et 2 de Jeux d’influence sont disponibles gratuitement sur le site d’Arte.

Source : Montage Numerama

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