À 80 ans, il était temps que l’iconique Harrison Ford mette enfin un pied dans le monde merveilleux des séries. C’est désormais chose faite avec la comédie solaire Shrinking, disponible sur Apple TV+. L’interprète d’Indiana Jones et d’Han Solo dans Star Wars a toujours la forme, et il le prouve brillamment avec ce rôle de thérapeute ronchon et solitaire, complètement à contre-emploi.
Dans Shrinking, il forme un duo improbable avec Jason Segel, inoubliable Marshall Eriksen dans How I Met Your Mother. Également psychologue, ce dernier tente de se remettre d’un deuil en… révélant leurs quatre vérités à ses patients. Sur le papier comme à l’écran, cela annonce forcément des catastrophes, mais évidemment, la série laisse aussi entrevoir le long chemin de la guérison intérieure.
Shrinking emprunte la bienveillance de Ted Lasso
Si vous avez vu (et forcément aimé) Ted Lasso, vous ne serez clairement pas dépaysés par cette comédie à la douceur d’un réglisse, très sucré, mais parfois amer. Les deux séries partagent des thématiques communes (la santé mentale, les masculinités…), mais aussi une bienveillance à toute épreuve qui réchauffe nos petits cœurs déprimés par la période hivernale (et les actualités désastreuses). Et ce n’est pas un hasard si le psy de Shrinking se rapproche de la force tranquille de l’entraîneur de foot américain : ces deux pépites d’Apple TV+ partagent les mêmes têtes pensantes. Cette fois, Brett Goldstein et Bill Lawrence (également derrière Scrubs) ont partagé leur talent d’écriture avec Jason Segel, également co-créateur.
Un trio de feu, au service d’une histoire banale au premier abord. Après des séries comme After Life de Ricky Gervais sur Netflix, la problématique du deuil semble ainsi vue et revue. Pourtant, Shrinking parvient à apporter un œil nouveau sur cet événement toujours aussi douloureux. Sans inventer l’eau chaude, la série met en scène des dialogues réparateurs, qui font du bien à l’âme. Le tout sur une bande originale folk aux petits oignons, qui nous accompagne encore sur Spotify après le visionnage.
Une bande aussi cool que Marshall, Lily, Ted, Robin et Barney
Mais comme How I Met Your Mother en son temps, Shrinking est aussi une comédie avant tout. Et on retrouve donc tout ce qui peut faire le sel de ce genre de séries : des blagues finement écrites, un timing comique qui fonctionne, une énergie communicative, mais surtout une bande de personnages aussi agaçants qu’attendrissants. Et sur ce point, Shrinking possède de sérieux arguments à mettre sur la table. Le duo Jason Segel – Harrison Ford fonctionne étonnement à merveille, permettant aux deux acteurs de montrer l’étendue de leur talent.
Si Jason Segel ne se renouvelle pas vraiment depuis son rôle dans How I Met, il propose tout de même une performance touchante, dans la peau de Jimmy, ce psy qui décide de miser sur l’honnêteté. Bourré de névrose et plombé par la tristesse, Jimmy est un personnage auquel on peut facilement s’identifier. De sa relation avec sa fille ado à sa lente descente aux enfers après la mort de sa femme en passant par son implication envahissante dans la vie de ses patients, le personnage sert de fil rouge à la série, permettant aux autres protagonistes de prendre parfois le devant de la scène.
Papy Ford fait de la résistance
Harrison Ford semble ainsi s’éclater en incarnant Paul, un thérapeute complètement antisocial et renfermé sur lui-même, dont la soirée de rêve consiste à boire du vin sous un plaid chez lui, dans sa « forteresse de solitude ». Atteint de la maladie de Parkinson, le mentor de Jimmy devra lui aussi faire face à ses propres douleurs passées, en renouant le contact avec sa fille. Mais au-delà de cette trame plutôt classique, Paul mène aussi une vie sexuelle épanouie, avec une femme de son âge. Faire son entrée fracassante dans le monde des séries en parlant de sexualité plutôt taboue à 80 ans, même brièvement, franchement, on adore. Bravo, Harrison.
Mais le cabinet de psy de Jimmy et Paul est aussi occupé par une troisième thérapeute : la géniale Gaby. Jessica Williams, qui l’interprète, est tout simplement la révélation de Shrinking. Déjà aperçue dans Love Life, l’actrice est au cœur des meilleurs gags de la série, grâce à son débit de mitraillette et ses injures à chaque phrase. On vous prévient : vous allez rêver de devenir sa meilleure amie à l’issue des dix épisodes, tant son personnage envahi l’écran pour notre plus grand plaisir.
Shrinking est la série doudou de l’hiver 2023
Avec ce trio de psys qui ont autant besoin de thérapie que leurs propres patients, Shrinking dresse un portrait plutôt terre à terre d’une profession souvent trop mise sur un piédestal. Dans la lignée d’En thérapie, mais en plus léger, cette comédie américaine montre les psychologues dans toute leur vulnérabilité. Chaque protagoniste se dévoile ainsi au fur et à mesure dans un ballet thérapeutique vraiment agréable. Plus lumineuse que d’autres fictions sur le deuil et les maux de l’âme, Shrinking parvient à développer sa narration réconfortante sur des épisodes courts de 30 minutes, parfaits pour un petit coup de boost sans prise de tête.
Bien plus pertinente que d’autres comédies d’Apple TV+ comme Loot ou Mythic Quest, la série parvient même à distiller de petites punchlines sur la sexualité féminine, les pères dysfonctionnels ou le racisme avec un naturel déconcertant. Alors, évidemment, Shrinking ne révolutionnera pas le monde des séries. Malgré sa délicatesse, certains cliffhangers sont un peu grossiers, tandis que certaines résolutions semblent faciles comme la fin de l’épisode 7, permettant à nos personnages de profiter d’un barbecue idéal sous un grand soleil, dans la joie la plus totale. Mais après tout : n’est-ce pas ce que l’on aime dans ce genre de séries doudou ?
Le verdict
Shrinking
Voir la ficheOn a aimé
- Harrison Ford et Jason Segel, on adore
- Gaby, deviens notre meilleure amie, please
- Une comédie aussi réconfortante qu’un réglisse
- Des épisodes sans prise de tête
On a moins aimé
- Des intrigues parfois banales
- Quelques blagues qui tombent à plat
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